Week-end cauchemardesque pour les responsables du collectif « Sauvons le Togo »


Deux jours de garde à vue pour Zeus Ajavon, Kpandé-Adzaré et Jil-Benoit Afangbédji, 

les domiciles de Fabre et Gogué assiégés

 

La gigantesque foule drainée mardi dernier par le Collectif « Sauvons le Togo » continue de donner du vertige au pouvoir répresseur UNIR-RPT. Pour casser la dynamique de ce mouvement composé de partis politiques et des organisations de la société civile qui œuvrent pour la protection des droits de l’homme et l’organisation d’élections  transparentes au Togo, Faure Gnassingbé et son gouvernement ont décidé d’user de la force brute.  Ainsi, en dehors de la brutalité policière commise sur les manifestants  à Déckon le mercredi dernier, des arrestations en cascade sont perpétrées dans les rangs du Collectif « Sauvons le Togo » depuis le week-end dernier. Au total, 56 personnes ont été arrêtées dont trois responsables du Collectif : le Coordinateur Général Me Zeus Ajavon, le Rapporteur Me Jil-Benoît Afangbédji et le porte-parole et président de la LTDH, Me Raphaël Kpandé-Adzaré. Selon nos informations, les trois responsables du Collectif « Sauvons le Togo » ont été convoqués le samedi matin à la Gendarmerie Nationale  par téléphone. Mais une fois arrivés,  ils ont été informés d’une information judiciaire qui serait ouverte contre eux. Un  communiqué rendu public le soir de ces arrestations et signé du Premier substitut du Procureur Komlan Dodzro, le pouvoir a tenté de justifier ces cas d’arrestations.  « Des violences volontaires, des destructions et dégradations ont été perpétrées contre les personnes, les biens publics et privés, suite aux manifestations organisées le 27 avril, puis les 12, 13 et 14 juin par le groupe d’Associations et de partis politiques dénommé « Collectif Sauvons le Togo », précise le communiqué qui ajoute que « les enquêtes ouvertes ont permis de procéder à des interpellations. La Gendarmerie a ainsi appréhendé 25 personnes dont 3 parmi les organisateurs. Pour sa part, la police a interpellé 37 personnes … La procédure suit son cours dans le strict respect des dispositions relatives à la garde vue ».

De sources bien informées, les auditions des trois responsables du Collectif ont pris fin le samedi aux environs  de 19 heures et  aucune charge ne leur a été signifiée. Pourtant, les trois responsables du CST ont été retenus  à la Gendarmerie pendant deux jours et n’ont été libérés qu’hier en début de soirée.

Dans la foulée de l’arrestation des trois avocats qui dirigent le Collectif qui a appelé à la manifestation les 12, 13 et 14 juin, une autre manifestation,  la marche hebdomadaire que le FRAC organise depuis deux ans, a été empêchée. Tôt dans la matinée de samedi, les domiciles des  leaders du FRAC ont été assiégés par la Police et la Gendarmerie. Les maisons de Jean-Pierre Fabre, leader de l’ANC et d’Aimé Gogué, président de ADDI  ont été encerclées pour empêcher ces derniers de  rallier le lieu de départ de la marche, Tokoin Trésor qui est également quadrillé par un important dispositif policier. La Police a empêché  les jeunes de s’approcher du domicile de Jean-Pierre Fabre.

Des échauffourées ont lieu dans certains quartiers de Lomé entre les manifestants très déterminés et la Gendarmerie qui empêchait systématiquement tous rassemblements.

Le  Collectif « Sauvons le Togo » monte le ton

La machine de répression et d’intimidation mise en marche depuis mercredi par le pouvoir n’a en rien entamé le moral des responsables des partis politiques membres du Collectif » Sauvons le Togo ». Toujours déterminés à poursuivre la lutte pour l’instauration effective d’un Etat de droit au Togo,  des responsables politiques ont annoncé le week-end, la poursuite des manifestations malgré l’arrestation des responsables du Collectif « Sauvons le Togo ». Agbéyomé Kodjo, président de OBUTS a au nom du Collectif  lancé un appel à la résistance du peuple dans la foulée de l’arrestation des trois premiers responsables du Collectif. « Aujourd’hui plus que jamais, ici et maintenant, chacune et chacun doit courageusement se lever pour défendre la constitution,  les lois de la République, et notre droit inaliénable à la liberté, la justice sociale et la prospérité partagée. C’est pourquoi au nom du Collectif Sauvons le Togo (CST) et conformément à l’article 150 de notre Constitution, je lance un appel solennel à toutes les filles et à tous les fils du Togo tout entier, dans toutes nos villes et nos campagnes, de se lever comme un seul homme pour mettre fin au règne de l’arbitraire et de l’impunité sur la Terre de nos Aïeux »,  a indiqué Agbéyomé Kodjo  dans une adresse à la nation.

Patrick Lawson, premier vice président de l’ANC également membre du collectif  promet pour sa part un durcissement du mouvement si le pouvoir n’arrête pas sa machine à répression.  « Nous maintenons les manifestations prévues pour la semaine prochaine ; nous allons même les durcir », a indiqué Patrick Lawson de l’ANC qui  poursuit : « les trois avocats n’ont jamais eu de convocation. Ils ont juste été appelés au téléphone par le capitaine Akakpo et s’y sont rendus par courtoisie. Alors, de quoi s’agit-il ? S’il s’agit juste de recueillir des informations, on doit les libérer une fois le PV signé. Ce que fait le pouvoir est risqué parce qu’il va contraindre tous les responsables des organisations de la société civile et des partis politiques à aller se constituer prisonniers politiques ».

Comme on peut le constater, la situation politique togolaise est très tendue  ces dernières semaines. La brutalité dont fait preuve le pouvoir est-elle la solution idéale pour la normalisation de la situation au Togo ?

 

Olivier GLAKPE

Le Correcteur N° 352 du 18 juin 2012