Manifestations pour la vérité des urnes et l’Etat de droit au Togo
Un meeting du Collectif « Sauvons le Togo » interdit à Kara par les milices du pouvoir
Le meeting programmé par le Collectif « Sauvons le Togo » (CST) samedi dernier à Kara n’a pu avoir lieu. Des milices du pouvoir RPT-UNIR ont à travers des menaces proférées sur les responsables du CST interdits cette manifestation malgré les démarches administratives accomplies. Elles ont refusé l’accès aux deux terrains réservés pour le meeting. L’argument tout trouvé était que les terrains étaient réservés pour le tournoi Maman N’Danida. C’est donc la méthode forte qui a été utilisée : « Je ne veux voir personne ici. C’est à Lomé que vous pouvez vous livrer à ces genres de choses. On ne peut tolérer de casse à Kara », aurait menacé un milicien puissamment armé. Des menaces confirmées par Me Raphaël Kpandé-Adzaré, rapporteur du CST : « Des miliciens très agressifs ont menacé de détruire nos voitures. Nous nous sommes retirés sur Sokodé », a-t-il confié à la presse avant de poursuivre « « Ils nous ont dit que c’est à Lomé qu’on peut faire cela ».
Selon les témoignages, ce sont d’abord des militaires qui ont tenté d’interdire le meeting. Mais ils se sont retirés suite à la présentation par les responsables du CST, de la lettre d’information adressée à l’autorité. C’est après qu’ont débarqué des miliciens en question. Face à ces débordements et pour éviter le pire, les responsables du Collectif (Zeus Ajavon, Raphaël Kpandé-Adzraré, Claude Améganvi, Agbéyomé Kodjo) qui ont presque fait le déplacement de la ville se sont rapidement repliés sur Sokodé. Mais on signale des blessés dont un professeur d’Université blessé à la main et à la tête et un observateur de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme, un expatrié. Ces agitations confirment la thèse du Collectif qui avait annoncé que le pouvoir réactivait ses miliciens pour empêcher leur meeting. En tout cas, des faits qui confirment la duplicité du gouvernement Ahoomey-Zunu. Le jeudi 02 août dernier, devant l’Assemblée Nationale, le nouveau Premier ministre a affirmé l’engagement de son gouvernement en faveur du respect du droit à la liberté de manifestation. Vu les évènements de Kara, quel Togolais peut alors prendre au sérieux la politique de gouvernement exposée par le Premier ministre Ahoomey-Zunu jeudi ?
De la même manière, le pire a été de justesse évité lors de la marche de FRAC samedi dernier à Lomé. En effet, Jean-Pierre Fabre et la grande foule de militants et sympathisants du FRAC ont bien démarré leur manifestation ce samedi à Kondjindji mais seront arrêtés au niveau de la Place Anani Santos (ex- Fréau Jardin) par un cordon de la police pour des motifs inavoués. Il a fallu plus d’une demi-heure de discussion pour qu’enfin les policiers en question ne décident de laisser poursuivre la marche. Toujours déterminés à vaincre la peur pour mettre fin à 50 ans de forfaiture, d’imposture et de mal gouvernance au Togo, Jean-Pierre Fabre et les siens ont continué leur manifestation jusqu’à la « Plage du Changement » où les responsables du FRAC ont tenu un grand meeting.
Occasion pour les quatre intervenants dont Jean-Pierre Fabre de dénoncer l’arrogance et le mépris affichés par le régime RPT vis-à-vis des populations togolaises qui n’aspirent qu’à des élections transparentes, à l’Etat de droit, à la démocratie et à la bonne gouvernance. Ils ont également fustigé le refus de l’Etat togolais d’accéder au retour des neuf députés ANC à l’Assemblée Nationale, en dépit des décisions pertinentes de l’Union Interparlementaire (UIP) et des arrêts de la Cour de Justice de la CEDEAO, de même que le manque de volonté des autorités togolaises de satisfaire les revendications légitimes des étudiants, du corps médical et des enseignants.
D’autre part, les meetings du CST prévus à Sokodé et à Atakpamé hier dimanche se sont déroulés sans heurts. « La mobilisation est très bonne à Sokodé et à Atakpamé», s’est réjoui Me Kpandé-Adzaré. Il a estimé le nombre de participants au meeting du CST à Sokodé entre 2000 à 3000 personnes alors que celui d’Atakpamé tounerait autour de 2000.
Warren W.
Le Correcteur N° 365 du 06 août 2012