Tortures et traitements inhumains à l’ANR

Tortures et traitements inhumains à l’ANR

Alioun Tine de la RADHO menace les auteurs d’interdiction de voyage et de poursuites judiciaires

L’Agence nationale de renseignement (Anr), placée sous l’autorité directe de Faure Gnassingbé, est en train de taper dans l’œil des recruteurs du Tribunal pénal international (Tpi) par ses méthodes peu recommandables. A l’occasion d’une visite qu’il a effectuée hier au Togo, le président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), le Sénégalais Alioun Tine s’est prononcé sur les allégations de tortures et de traitements inhumains et dégradants qui ont cours à l’Anr. Selon lui, si ces allégations sont avérées, les auteurs peuvent s’attendre à être inquiétés par la Justice internationale. Cette déclaration a été faite en marge de la conférence de presse des Oddh organisée hier.  Mais il se fait que le premier responsable de cette agence, celui à qui elle rend compte, est Faure Gnassingbé.

Les Organisations de défense des droits de l’homme (Oddh) du Togo ont animé hier à Brother-home à Lomé, une conférence de presse sur le cas de l’Agence nationale de renseignements (Anr), qu’on accuse de tortures etde traitements inhumains et dégradants sur les personnes détenues dans ses locaux. L’objectif, selon les organisateurs, c’est de mettre à la portée du public, les détails sur les démarches entreprises en vue d’exiger l’arrêt de ces traitements d’un autre âge.

On se rappelle que ces pratiques qui ont cours à l’Anr ont été mises  sur la place publique par  l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat impliquant Kpatcha Gnassingbé, demi-frère de Faure  et l’affaire Bertin Agba, un homme qui a été torturé jusque sur son lit d’hôpital. « Il faut mettre un terme à ces pratiques et si possible, poursuivre les auteurs », recommandent les Oddh du Togo.

Après avoir présenté à l’assistance, les accusations d’actes de tortures qui pèsent sur l’Anr, les responsables du Cacit, de l’Acat, de la Ctddh, du Ndh et de Amnesty international ont fait état de leur surprise devant le silence gardé par les autorités togolaises sur la question. Mieux, pendant qu’elles dénonçaient à cor et à cri les pratiques qui avaient cours dans les locaux de l’Anr, le chef de l’Etat décorait tout bonnement l’auteur présumé de ces faits. « Pourquoi avoir pris une telle décision ? », se demandent ces organisations.

La présence à cette rencontre d’Alioun Tine de la Rencontre africaine de défense des droits de l’homme (Raddho) n’est pas passée inaperçue. Le Sénégalais, fidèle à ses habitudes, n’a pas pris de gant pour dire tout haut, ce que les organisations de défense des droits de l’homme disaient tout bas : « Si nous nous documentons clairement et que nous nous rendons compte effectivement des actes de torture allégués et nous situons les responsabilités, nous ferons en sorte que les auteurs ne puissent plus voyager en Occident ou ailleurs. On peut les faire arrêter.

Je pense que le Togo a des obligations internationales. Il faut saisir le Comité des Nations Unies contre la torture ainsi que le Rapporteur spécial contre la torture et l’inviter à se rendre au Togo et interpeller les autorités sur la question. Je sais qu’il y a une possibilité de saisine de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. C’est déjà fait pour la première fois avec la FIDH dans le dossier libyen », a laissé entendre Alioun Tine qui s’étonne que cette agence soit placée sous l’autorité directe du premier défenseur de la Constitution togolaise. « Si on est gardien de la constitution, on ne peut pas avoir sous ses ordres, un service qui pratique la torture », a-t-il dit.

Olivier A.

Liberté N° 971 du jeudi 19 mai 2011