Togo: Le pouvoir refuse toute réforme

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Le pouvoir refuse toute réforme

« Mon père m’a dit qu’il ne faut jamais perdre le pouvoir… » (Faure Gnassingbé)

 

Le pouvoir qui considère le Togo comme une propriété privée, est décidé à tout faire sans l’avis de ses adversaires politiques. Malgré les changements qui s’opèrent autour de nous, Faure Gnassingbé et les siens ne sont visiblement pas prêts à lâcher du lest. C’est dans cette logique que s’enferme le régime à propos du processus de décentralisation. A en croire Faure Gnassingbé, la décentralisation est irréversible. C’est ce qu’il a lancé à l’endroit des chefs traditionnels le 29 mars dernier lorsqu’il les a reçus. « Il est hors de question que le Togo reste en marge alors que la plupart des pays de la région ont déjà adopté une politique de décentralisation », a-t-il assuré. Dans la foulée, le gouvernement a annoncé la communalisation du pays et quatre nouvelles préfectures ont été créées en prélude à l’organisation des élections locales.

Après la rencontre avec les têtes couronnées, c’est directement à Paris que le pouvoir porte le processus de décentralisation. Un débat est organisé demain dans la « Maison de l’Afrique » par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi sur « le développement local et la décentralisation au Togo ». A quoi les Français où la diaspora togolaise qui ne dispose même pas du droit de vote sont-ils plus concernés par cette affaire de décentralisation ? Le gouvernement a annoncé une communalisation du pays et crée quatre nouvelles préfectures, prélude à l’organisation d’élections locales.

Ce qui est curieux, c’est que l’opposition qui est un acteur majeur et concernée au premier chef par le processus, est marginalisée. Pourtant, c’est depuis des années que l’opposition n’a de cesse de réclamer la décentralisation de nos institutions locales. Les appels et demandes incessants ne semblent pas trouver d’écho favorable auprès du régime. Comme quoi le chien aboie, la caravane passe.

Manifestement, on se dirige une fois encore vers des élections locales sans les réformes politiques et électorales prescrites dans l’Accord Politique Global (APG) de 2006. Justement, on se rappelle des propos tenus par Faure Gnassingbé quand les responsables de CAP 2015 l’avaient rencontré en novembre 2014 pour exiger la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles. « Vous voulez toujours imposer votre point de vue sans en avoir les moyens », leur avait-il lancé. En clair, sans une résistance farouche, Faure Gnassingbé ne bougera pas son petit doigt pour agir dans l’intérêt du pays et des Togolais. La preuve, les deux projets de loi portant réformes initiés d’abord par le gouvernement, ensuite par l’opposition ont été rejetés en bloc par les députés RPT/UNIR.

Un autre exemple qui nous conforte dans le sentiment que le pouvoir de Faure Gnassingbé ne fera jamais de concession, a trait à la configuration des candidats sur le bulletin de vote lors de la présidentielle du 25 avril 2015. Un tirage au sort avait effectué devant un huissier de justice. Mais le régime avait décidé de passer outre les règles du jeu en changeant la position des candidats sur le spécimen du bulletin de vote de sorte que le dernier selon l’ordre du tirage qui était en fait Faure Gnassingbé s’est retrouvé au premier rang. Les protestations des autres candidats ont été vaines.

Il est évident que sans un rapport de force capable d’inverser la tendance, Faure Gnassingbé ne bougera pas et mourra au pouvoir comme son père. D’ailleurs, il aurait confié à certains que lui, il est venu au pouvoir pour y rester…

Médard AMETEPE

Liberté N° 2171 du Lundi 11 Avril 2016