Depuis la publication du rapport de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) le 20 Février dernier, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger la mise en œuvre des recommandations contenues dans ce rapport. Les chefs de file étaient les défenseurs des droits humains qui ont félicités la CNDH et réclamé du gouvernement la mise en exécution de ces recommandations. Dans la foulée, le gouvernement s’est réuni en conseil des ministres le mercredi 29 Février et a laissé croire à l’opinion sa bonne volonté de se conformer aux recommandations à lui adressées par la CNDH. Mais force est de constater qu’il se livre plutôt à des manœuvres de diversion pour flouer le peuple.
Selon un communiqué officiel relayant le Conseil des ministres du mercredi dernier, le gouvernement « avait pris 13 mesures concrètes après la publication du rapport de la CNDH. Ces mesures sont entre autres la réorganisation de l’Agence nationale de renseignement (ANR) et des sanctions disciplinaires de la hiérarchie militaire à l’endroit de ceux qui ont été cités dans le rapport de la CNDH.
C’est dans cette attente que le peuple se trouvait quand l’information a surgi l’on ne sait d’où que le Directeur Général de l’ANR, le Colonel Yotroféï Massina, est « mis aux arrêts le jeudi 1er Mars 2012 et placé sur la bonne garde des para-commandos de la CETAP . Certaines indiscrétions susurrent qu’il était arrêté par la gendarmerie. De même le Commandant Kuloh Kodzo, les capitaines Kadanga N’Guwaki, Pali Yao, le sergent Addi Kpatcha et les MDL-Chef Essobiyou Béténa et Bobozi Kobi cités dans ce rapport sont actuellement, selon les mêmes rumeurs, sous le coup de sanctions disciplinaires. Toutefois, les recoupements que nous avions faits au niveau de l’Etat major des FAT et au niveau de la gendarmerie font état de ce que cette information n’est pas vérifiée. Le commandant de la Gendarmerie nationale, interrogé sur le sujet de l’arrestation de Massina, nous a tout simplement répondu : «Massina arrêté? Vous m’informez. En tout cas, même s’il est arrêté, il n’est pas à notre niveau ».
Voilà qui prouve que le Colonel Massina n’est pas en détention comme le font croire certaines informations. Ces genres de diversion sont monnaie courante dans les actes que posent le gouvernement togolais. Cette information concernant l’incarcération de Massina a été jetée dans l’opinion pour faire croire que le gouvernement est de bonne foi et est en train de mettre à exécution les recommandations du rapport de la CNDH. L’interpellation du Col. Massina ne devrait pas se faire en catimini, sans que le gouvernement ne fasse un communiqué officiel. Mieux, si Massina devrait être interpellé, il faudrait qu’il soit d’abord démis de ses fonctions par le Chef de l’Etat. Rien de tout cela n’a été fait.
D’après nos investigations, il transparait qu’il s’agit d’une intoxication pour distraire l’opinion nationale et internationale et persuader les organisations de défense des droits humains de l’engagement de Faure Gnassingbé à sévir contre ceux qui s’érigent en ennemis aux droits de l’homme. Mais, en définitive, il s’agit tout simplement d’une diversion organisée par ceux-là même qui sont concernés par la question. Objectif, couvrir et faire perpétuer l’impunité au Togo qui a encore de longs jours devant elle. Les autorités togolaises devraient prendre leur responsabilité et obéir aux lois qu’elles se sont prescrites.
Jean-Baptiste ATTISSO
L’Indépendant express N°200 du 06 mars 2012