CONFERENCE DE PRESSE DU 27 AVRIL 2012
DECLARATION LIMINAIRE
A l’occasion de la commémoration du 52ème anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale, le Collectif « sauvons le Togo » a organisé à une cérémonie symbolique de profession de foi à la place du Monument de l’Indépendance le vendredi 27 avril à 11 heures. L’objet de cette célébration est de d’inviter le peuple togolais à prendre un engagement patriotique et citoyen dans la lutte pour l’alternance et l’avènement d’un Etat de droit au Togo.
Les populations ont répondu massivement à cet appel, en se rendant dès 10 heures à la place de l’indépendance sur laquelle un important dispositif répressif a été déployé. Les discussions entre les responsables du Collectif et ceux des forces de sécurité déployées n’ont pas permis de trouver un consensus en vue du déroulement pacifique de la manifestation, car ces derniers ont fait comprendre qu’ils ont reçu des ordres précis quant à l’interdiction de la cérémonie.
A peine les manifestants ont pu accéder au pied du monument de l’indépendance que les forces de sécurité les ont chargés en tirant des grenades lacrymogènes dans tous les sens, créant une panique généralisée.
On dénombre plusieurs blessés, des arrestations, plus d’un cinquantaine de motos et de vélos saisis. Le correspondant de la Télévision Reuters, M. Noël Koko TADEGNON a été sérieusement molesté et touché à la tête, aux abords du Ministère de la Santé, sur ordre du Commissaire SAMA. Il est actuellement admis à la Clinique BIASA où il reçoit des soins intensifs et doit effectuer impérativement un scanner. Les caméras de Reuters télévision et de la TV7 sont actuellement confisquées par les forces de répression.
Pour échapper à cette répression barbare, les manifestants se sont retirés sur la plage. Ils ont été poursuivis par les forces de l’ordre qui se sont postés au niveau l’Agence de la compagnie Royal Air Maroc pour continuer à leur lancer des grenades lacrymogènes. Atteints dans leur dernier retranchement, les manifestants ont réagi par des jets de pierres occasionnant des dégâts matériels.
Le Collectif tient à rappeler qu’en vue de se conformer aux dispositions relatives à la loi N°2011-10 du 16 mai 2011 fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunion et de manifestations pacifiques publiques, il a adressé le 20 avril 2012, un courrier au Président de la Délégation Spéciale de la commune de Lomé.
Répondant à ce courrier le 23 avril 2012, le Président de la Délégation Spéciale prétexte que la place de l’indépendance est le lieu officiel de la commémoration de la fête de l’indépendance de notre pays et qu’elle n’est pas disponible le même jour pour la cérémonie projetée par le Collectif. Il conclut que l’Administration municipale ne peut accéder à la requête du Collectif et lui demande de se rapprocher du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, ce, en violation des dispositions des articles 12, 13 et 14 de la loi N°2011-10 du 16 mai 2011.
Le 24 avril 2012, le Collectif adresse un nouveau courrier pour notifier le maintient de la cérémonie de profession de foi conformément à loi qui prévoit que l’interlocuteur habilité à statuer est l’administration municipale, quitte à elle de se référer à sa hiérarchie.
Par ailleurs, le Collectif a démontré que le motif tiré de l’indisponibilité de la place de l’indépendance dont se prévalait la municipalité ne saurait être valable car le programme officiel du gouvernement ne coïncide en rien avec ladite manifestation.
Le 25 avril 2012, à la grande surprise du Collectif, le Président de la Délégation Spéciale adresse à nouveau un courrier pour réitérer le refus de la municipalité de permettre la tenue de la cérémonie de profession de foi, non plus pour cause d’indisponibilité de la place de l’indépendance, mais pour des raisons sécuritaires.
Suite à ce courrier et à la demande du Coordinateur du Collectif, une rencontre a eu lieu le 26 avril 2012 de 17h25 à 17h40 avec le Président de Délégation Spéciale.
A cette rencontre, l’objet de la manifestation lui a été rappelé tout en insistant sur son caractère pacifique. Le Président de la Délégation Spéciale a cru devoir maintenir son refus et demande que la manifestation ait lieu à un autre endroit, en violation des dispositions de la loi sur les manifestations publique dont il avoue ne pas connaître le contenu.
Au vue de tout ce qui précède, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » condamne vigoureusement cette répression barbare et d’une autre époque qui se déroule le jour de la commémoration de l’accession du Togo à la souveraineté internationale.
Le Collectif dénonce cette profanation de la place de l’indépendance, au mépris total de la mémoire de ceux qui sont tombés pour que naisse la nation togolaise.
Le Collectif proteste contre ce comportement des forces de l’ordre et de sécurité qui constitue à n’en point douter un véritable sacrilège de ce lieu hautement symbolique.
Il demande aux autorités en charge de la sécurité de restituer sans délais les biens saisis, de procéder à la libération des personnes interpellées, et de prendre en charge les soins des blessés occasionnés par cette répression.
Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » rend le gouvernement entièrement responsable des dégâts occasionnés dans la mesure où la multitude d’agents de sécurité dépêchés sur les lieux n’avaient qu’à assurer la sécurité des manifestants.
Le Collectif appelle à nouveau les populations à prendre massivement part, le samedi 05 mai 2012, à une marche de protestation qui sera suivie de la cérémonie de profession de foi à la place de l’indépendance.
Pour le Collectif,
Le Coordinateur
SIGNE
Me Ata Messan Zeus AJAVON