A l’appel du Collectif “Sauvons le Togo” pour la célébration du 52ème anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale et ceci au pied du monument de l’indépendance pour une profession de foi, la population qui a répondu, s’est vue refuser l’accès par les forces de l’ordre et de sécurité. Devant l’insistance de celle-ci a accédé au lieu, il s’en suit alors des tirs de grenades lacrymogènes contre des jets de pierre.
C’est aux encablures de onze heures que la population s’est convergée ce vendredi 27 avril 2012 vers la place de l’indépendance, dont l’entrée a été étonnamment fermée au public alors qu’elle était encore ouverte depuis la veille. Déjà, avant l’arrivée des manifestants, aux abords du monument, de l’entrée nord venant du cours primaire de Nyékonakpoè ou de la mairie centrale, du sud en arrivant du Casef, ou encore du couloir de l’hôtel du 2 février débouchant sur la place de l’indépendance, un détachement assez impressionnant de policiers et gendarmes, qui dans leurs véhicules ou débout, était visible. La zone est quasiment quadrillée.
Alors, de la volonté des jeunes présents d’accéder au pied du monument pour une profession de foi, un refus catégorique leur a été opposé à travers un cordon de forces de sécurité déployé tout autour de la grille qui entoure la place de l’indépendance. Les responsables du Collectif “Sauvons le Togo” ont tenté en vain de convaincre les forces de sécurité. Certains manifestants, ne voulant pas l’entendre de cette oreille, du moment où ils ont déjà eu vent de ce que les militants de l’Union des forces de changement (Ufc) de Gilchrist Olympio viennent eux de quitter le monument, ont donc décidé un passage en force en poussant la grille d’entrée. Quelques uns y sont rentrés, criant victoire. Peu de temps après, ils sont rejoints à l’intérieur par des forces de sécurité qui, subitement ont commencé à lancer les grenades lacrymogènes. Des jeunes répondent avec des jets de pierre. Ceux qui se trouvaient dans l’enceinte de la place de l’indépendance ont été pris à partie, objets de coups de matraque. Dans les environs de la place de l’indépendance, c’est la débandade totale. Aux jets des gaz lacrymogènes, répondent des jets de pierre.
Ce qui est encore plus surprenant, c’est bien cette attitude de va-t-en guerre de certains policiers et gendarmes présents sur les lieux. Dans leur nervosité démesurée, ils ont chargé sans coup férir les manifestants comme si la place ou le monument de l’indépendance était interdite à la population en ce jour solennel. « Nous, on va les blesser et partir. Aucun d’eux ne pourra se plaindre chez qui que ce soit », a pesté étrangement un jeune policier assis devant l’étalage des bonnes dames qui vendent sur l’esplanade du palais des congrès de Lomé. C’était aux environs de treize heures après que les manifestants ont été tous repoussés loin de la zone. Cette attitude conforte la thèse de ce qu’un corps habillé sans formation civique, est un danger constant pour la République.
Dans la foulée, la caméra du confrère Noel Tadégnon, correspondant de l’Agence Reuters, a été saisie par la police et le lui-même grièvement blessé au crâne. La caméra des confrères de la chaîne de télévision TV7 a été également saisie. Le calme n’est revenu qu’aux environs de quatorze heures avec l’arrivée du Ministre de la Sécurité, Colonel Dokisssime Gnama-Latta qui intimé l’ordre aux forces de sécurité de ne plus agresser la population. Il a négocié avec les organisateurs en l’occurrence Me Zeus Ajavon à qui il a demandé de différer la manifestation à la plage.
Lors d’une conférence de presse tenue quelques heures plus tard au siège du Cacit, le Collectif « Sauvons le Togo » a rendue publique une déclaration dénonçant l’agression dont il a été victime de la part des forces de l’ordre et de sécurité. Il a aussi condamné les violences faites aux journalistes et appelle le peuple à une grande marche de protestation qui va aboutir au pied du monument de l’indépendance le samedi 5 mai prochain (lire la déclaration liminaire).
L’unité que prône Faure Gnassingbé avec la création de son nouveau parti Unir, vient de faire les frais des zèles à outrance de ses piteux policiers et gendarmes du moment où le ministre de la Sécurité aurait affirmé n’avoir pas donné l’ordre de charger les manifestants.
En rappel, un scanner a été fait au confrère Noel Tadégnon le même vendredi à la clinique Biassa. Pour l’instant l’on ignore les résultats de ce scanner. Pendant que nous sommes sous presse, les caméras saisies des confrères sont toujours avec les forces de l’ordre et de sécurité. Gnama-Latta aurait quant à lui, promis de recevoir dans la semaine Noel Tadégnon pour mieux comprendre les circonstances dans lesquelles il a été pris à partie par les forces de l’ordre. « S’il y a eu du zèle de la part des forces de l’ordre, les responsables seront sanctionnés. Des mesures disciplinaires seront prises à l’encontre de ceux qui l’ont agressé, si les faits sont avérés », a-t-il déclaré à un média de la place. Les jours à venir nous édifieront. Ceci pose encore le récurrent problème de la sécurité des journalistes sur les lieux de reportage.
Sylvestre Beni
Actu Express N° 192 du 30 avril 2012