Dialogue politique: Après la sortie de Tchassona-Traoré
Patrick Lawson réagit: «Nous ne quémandons pas le dialogue à un régime qui a failli»
Le pouvoir et l’opposition après quelques mois de radicalisation semblent marquer une pause en vue de l’ouverture d’un énième dialogue. C’est une volonté exprimée par les deux parties sous le prisme d’un dilatoire d’un côté, de la détermination d’arracher les réformes utiles, de l’autre. Le pouvoir dynastique des Gnassingbé a habitué le peuple à sa mauvaise foi permanente. Aujourd’hui, le coup d’arrêt marqué par le gouvernement après avoir tenté un nouveau de coup de force dans la bataille du contrôle dela Commission ElectoraleNationale Indépendante (CENI) est un paramètre qui nécessite une analyse approfondie des forces démocratiques.
Le CST et Arc-en-ciel face au dialogue
Le Collectif Sauvons le Togo (CST) etla Coalition Arc-en-ciel ont établi une dynamique unitaire depuis quelque temps dans l’organisation des manifestations. Une position, a priori, déterminante dans la lutte pour l’alternance démocratique au Togo.
Les deux regroupements au sortir d’un meeting le 27 octobre ont exigé la tenue d’un dialogue franc et sincère en présence d’un médiateur international. Bien évidemment, les choses se précisent dans le camp du pouvoir pour l’ouverture d’un tel dialogue.
A ce sujet, le Président du Mouvement Citoyen pourla Démocratieet le Développement (MCD), membre dela Coalition Arc-en-ciel, Me Mohamed Tchassona-Traoré dans un entretien accordé au confrère « Le Rendez-vous » en date du 02 novembre, indique qu’il n’y a plus de préalables pour aller au dialogue : « Depuis que nous travaillons, nous avons vu que, de plus en plus, le CST ne met plus en avant certains préalables. De toutes les façons, certains ont été satisfaits. Par exemple, la libération des gens qui étaient arrêtés à l’époque, on a restitué le matériel saisi au CST. Et la question de leurs députés, à en croire certains responsables du CST, ce n’est plus d’actualité puisque le mandat des députés est arrivé à terme. Donc, tout cela, aujourd’hui, ne constitue plus des préalables. De toutes les façons, c’est ensemble que le CST etla Coalition Arc-en-ciel demandent qu’il ait un dialogue. Et dans la déclaration que nous avons rendue publique, nous n’avons rien énuméré comme préalable pour la tenue d’un tel dialogue. Donc, on ne peut plus nous opposer les préalables posés par le CST pour refuser la main tendue de l’opposition », a-t-il déclaré. Pour Tchassona-Traoré, le gouvernement a fait un pas pour la limitation de mandat présidentiel.
Patrick Lawson, premier vice-président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), membre du CST, estime que les exigences et les préalables notamment la réintégration des neuf (9) députés exclus du Parlement, la restitution du matériel saisi les 12 et 13 juin 2012 entre autres sont toujours d’actualité. « Doit-on laisser la mauvaise jurisprudence qui consiste à renvoyer neuf députés alors quela Constitutionl’interdit ? J’entends des gens dire que le Parlement n’existe plus, maisla Constitutionne disparaît pas avec le Parlement. En plus de cela, le Parlement a ouvert une session ordinaire et travaille normalement » a-t-il déclaré sur « Légende Fm » en début de semaine. « Nous ne quémandons pas le dialogue à un régime qui a failli, nous exigerons le dialogue, parce que nous ne voudrions plus que le sang des Togolais coule surla Terredes aïeux. Ceux qui veulent aller dialoguer dans n’importe quelles conditions, peuvent aller. Mais, nous autres disons que si les choses ne sont pas claires, le peuple est là pour nous donner raison à terme. Des gens sont en train de rechercher – comme d’habitude – des subterfuges pour courir et aller au dialogue dans n’importe quelles conditions. Nous voulons aller au dialogue, puis aux élections. Mais, nous ne voudrions pas d’un dialogue au rabais. Et ça donne maintenant l’impression aux populations que nous sommes en train de quémander le dialogue », a-t-il souligné.
Plus loin, M. Lawson a pointé du doigt certaines rivalités malsaines au sein du CST. « Vous pouvez imaginer que des décisions sont prises aujourd’hui au sein de nos organisations respectives par les partis politiques, je parle du CST et de Arc-en-ciel sans qu’un parti comme le nôtre ne soit au courant? C’est un problème de cohésion, c’est un problème de rivalités malsaines. Nous voudrions que les méthodes de travail s’améliorent, nous voudrions que tout le monde soit associé aux décisions fondamentales, pour que demain, on ne dise pas que l’ANC a quitté le CST etc. Nous voulons que les choses aillent mieux. Nous avons des relations avec Arc-en-ciel. Le CST doit distinguer et voir dans quel sens il veut aller et ensuite discuter avec Arc-en-ciel. C’est une question de méthode, jusqu’au jour où on va se fondre. Et quand on va se fondre, il faut que les déterminants soient là pour parler et prendre des décisions. Nous, nous avons voulu qu’il n’y ait pas de conférences des présidents pour qu’on ne dise pas après que c’est nous qui, imposons des choses aux autres. Nous n’imposons rien aux autres et nous ne voudrions pas que les autres nous en impose », a averti Patrick Lawson.
En clair, chacun des partis politiques expriment presque les mêmes choses. Ce ne sont que les approches qui diffèrent d’un camp à un autre. Ce qui importe est que les deux regroupements notamment le CST et l’Arc-en-ciel puissent harmoniser leurs positions en toute sincérité pour sortir le peuple togolais de la misère ambiante du long et élastique règne dévastateur des Gnassingbé.
Kokou AGBEMEBIO
Le Correcteur N° 390 du 08 novembre 2012