Mobilisation massive des populations pour la manifestation de CAP 2015
A l’appel de CAP 2015, les populations de Lomé ont répondu massivement à la grande marche suivie de meeting de ce samedi 21 mai 2016, pour exiger les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales telles que prévues par l’Accord Politique Global (APG).
Banderoles et pancartes affichent résolument l’objet de la manifestation : la mise en œuvre consensuelle des réformes politiques conformément à l’APG et l’organisation rapide, transparente, participative et consensuelle de la décentralisation, nécessaires à l’édification de l’Etat de droit, à la démocratie à la base et à la bonne gouvernance dans notre pays. Tout au long du trajet menant de Bè-Kondjindji à la plage du changement, c’est toute Lomé qui a soutenu et salué les Togolaises et Togolais qui ont choisi de consacrer ce samedi 21 mai à leur pays.
Arrivée vers 13h à la plage du changement, l’immense foule a écouté pendant plus de trois heures les organisateurs de cette manifestation.
Après Eric DUPUY, responsable de la communication de CAP 2015, qui a donné lecture de la déclaration formelle de la manifestation, c’est aux députés Isabelle Manavi AMEGANVI, Présidente du groupe parlementaire ANC et Severin Kossi DRA, qu’il revenait de faire le point sur l’actualité parlementaire.
Après avoir rappelé qu’aujourd’hui, l’opposition n’est représentée dans aucune institution de la République, Isabelle Manavi AMEGANVI a fustigé l’attitude des députés RPT/UNIR qui ont volontairement violé le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale ainsi que l’article 17 de la loi portant statut de l’opposition, lors de la désignation des membres de la HAAC. Elle s’est également insurgée contre l’érection, à visée électoraliste, partisane et à relent communautariste, de quatre nouvelles préfectures.
Severin Kossi DRA, pour sa part, a dénoncé et condamné, en ces termes l’instrumentalisation ethnique à travers l’érection d’Agoé-Nyivé en préfecture : « La création dans la région maritime, d’une préfecture spécialement destinée aux compatriotes venus du nord est tout simplement inacceptable. Cela s’appelle du Tribalisme et cela viole la Constitution. »
Puis, tour à tour, les leaders des partis politiques membres de CAP 2015 ont pris la parole.
Pour commencer son intervention, le Professeur Komi WOLOU, Secrétaire Général du PSR, a tenu a exprimer, en ces termes, à l’adresse du Chef de l’Etat, son indignation et sa colère : « Je suis en colère parce que le Chef de l’Etat ne respecte pas notre pays. Je suis en colère parce qu’il ne respecte personne. Il ne respecte pas ses propres engagements. Je suis en colère parce qu’il ne respecte rien, ni la constitution, ni les lois de la République. ». Estimant qu’aucun Togolais ne peut accepter de vivre sous une gouvernance qui ne respecte pas la constitution, le Professeur WOLOU a poursuivi : « Il n’y a que les Togolais pour changer la situation du Togo…Si nous ne sommes pas prêts pour mourir dans la dignité, nous ne vivrons jamais dans cette dignité … Ceux qui sont là à ne rien faire sont coupables devant l’histoire. L’alternance en soi est une valeur. Je dis à nos amis d’UNIR que nous ne voulons pas du mal pour notre pays. Nous battons pour le bien commun. »
Pour la Secrétaire Générale de la CDPA, Présidente de CAP 2015, Mme Brigitte Kafui ADJAMAGBO-JOHNSON, la lettre pastorale de la conférence des évêques du Togo invite le peuple togolais à se réveiller, à sortir de sa « léthargie ». Puis, elle a longuement détaillé le contenu de cette lettre qui s’adresse à tous les Togolais au-delà des considérations religieuses ou politiques.
« Nous sommes ici pour réclamer les réformes politiques prescrites par l’APG. Accord que nous avons signé il y a dix ans. Il faut rappeler au RPT/UNIR qui régente ce pays qu’il faut respecter les engagements pris et honorer sa signature. L’APG précise que le consensus doit présider à l’organisation de toutes les consultations électorales dans notre pays. Or, nous assistons aujourd’hui, à la préparation unilatérale et en toute opacité de la décentralisation qui va déboucher sur des élections locales. Nous exigeons donc une préparation transparente, participative et consensuelle de la décentralisation ainsi que des élections locales. Le Togo demeure obstinément le mauvais exemple dans la sous-région. Il est donc nécessaire que les Togolais prennent conscience de cette situation qui retarde le développement de notre pays. Il est donc temps que le Peuple togolais prenne son destin en main. Il est donc temps de se mobiliser pour exiger les réformes politiques ainsi qu’une décentralisation dans la transparence. », a confié Jean-Pierre FABRE, Président National de l’ANC, Chef de file de l’opposition, avant de revenir longuement sur l’ordonnance relative aux incendies marchés de Kara et de Lomé ainsi que sur la minorité qui accapare les riches du pays en donnant comme exemple les actionnaires de SERVAIR-TOGO qui sont certainement les mêmes dans toutes les sociétés de la place. « Quand on est Chef d’Etat, on ne se sert pas, on sert l’Etat. Quand on est ministre, on ne se sert pas, on sert l’Etat. Quand on est directeur de sociétés d’Etat, on ne se sert pas, on sert l’Etat », a-t-il précisé.
Rendez-vous est pris pour le samedi 04 Juin 2016, pour la prochaine manifestation républicaine à Lomé.