L’opposition frappée par le syndrome de la malédiction…
Les combats politiques, s’ils n’aboutissent pas aux résultats escomptés pour porter les fruits du sacrifice et de la conviction ne rentrent jamais dans l’histoire et servent tout simplement de pilule amère constamment jetée dehors. L’histoire de l’opposition togolaise qui se traduit par des dérives et des dissensions à la veille de l’élection présidentielle étonne les observateurs qui sans ambages concluent qu’il y a pire qu’un mal qui gangrène cette opposition. Elle semble plutôt frappée par une malédiction qui ne dit pas son nom et qui la ronge jusqu’à la défaite. Le pouvoir s’en frotte naturellement les mains et rigole d’ores et déjà au nez de cette opposition qui n’est jamais arrivée à prendre ses responsabilités face au changement.
Analystes politiques, diplomates, journalistes, militants et sympathisants de l’opposition et même les acteurs du pouvoir n’en croient à leurs yeux de voir la candidature unique de l’opposition crainte comme un vieux coryza par le parti au pouvoir partir en fumée.
Jamais on n’aurait cru, surtout que les conclusions du conclave qui annonçaient l’entente pour le choix d’un candidat unique de l’opposition avaient ramené la confiance au sein de la population.
Mais de fil en aiguille, les nœuds qui lient les accords se dénouent au point de se délier complètement. La dernière sortie est celle de l’association ADDI, ce petit parti politique qui annonçait les couleurs de la velléité et de la résistance face au front commun et qui vient de tomber le masque. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont et la réalité est flagrante : les intérêts personnels ont pris le pas sur ceux de la nation, de la conviction. On devrait s’y attendre et on ne devrait pas s’en étonner ; Le deal datait de très longtemps et les accords pour fragiliser Jean Pierre Fabre sont au point ; Il faut passer à l’acte.
Les signes avant-coureurs
Etant éminemment membre du CST pendant les périodes où les manifestations étaient encore menaçantes pour le pouvoir, le Président de l’OBUTS, Messan Agbéyomé Kodjo se refugiait sporadiquement derrière un silence et tentait d’amener le groupe vers des solutions modérées. Beaucoup pensaient à une stratégie politique visant à faire du repli pour réfléchir, mais le plan était détenu par l’ancien Premier ministre. Il avait promis de ne plus vociférer et de suspendre sa participation à l’organisation des manifestations de l’opposition. Contre partie rétablissement de ses droits, petits honoraires de subsistance pour Agbéyomé Kodjo que la posture d’opposant radical a réduit à une vie minimale dénoncée par sa famille naturelle et politique. Il fallait sortir de ce rouleau compresseur imposé par le pouvoir en place, une stratégie que le pouvoir sait appliquer à ces anciens du régime qui ont fait la pluie et le beau temps avant de se retourner contre le pouvoir dans une attitude de frustration. Promesses tenues aux deux niveaux, Agbéyomé est rétabli dans ses droits, il s’est déconnecté du CST désormais amputé d’un de ses membres. Il se la coule douce aujourd’hui sans vergogne, rigolant d’avoir réussi à tirer son épingle du jeu. L’opposition démocratique a sans doute pris un coup.
La formule Agbéyomé ayant bien fonctionné, c’est le professeur Gogué qui a aussi mordu à l’appât. Pour avoir accepté le deal d’échanger l’électrification de son village avec d’autres avantages dus à sa collaboration, il est tombé dans le piège infernal de ne plus faire avec son partenaire parlementaire. Il a tenté de résister en faisant le faux fuyant, mais l’hypocrisie ne dure pas longtemps. L’histoire de la non-attribution par l’ANC d’un membre à la CENI pris au sein de ADDI a été l’occasion en or pour dévoiler son plan. Aujourd’hui, c’est sont retrait de la logique de la candidature unique, qui ne va guère étonner ; Nous devons nous y attendre.
La nébuleuse coalition Arc en ciel, c’est notoire, n’a jamais été dans la logique d’une véritable alternance. Elle a brillé par une composition cosmopolitique qui n’autorisait pas une unité d’action favorable à une quelconque candidature unique, les uns et les autres sachant pertinemment qu’ils ne font pas le poids devant le candidat du pouvoir en place pour se gloser de se faire positionner. Une élimination naturelle qui leur refusait également de comprendre que le leader des l’ANC, 16 députés à l’assemblée réunissait les conditions pour cet objectif national. Tous les crocs en jambes en ont été dressés pour saboter la question de la candidature unique.
Plus étonnant, alors que l’opinion et la diaspora invitaient l’opposition a se mettre ensemble pour choisir un candidat unique qui puisse faire l’affaire face au pouvoir et qu’elle est arrivée à tirer une conclusion dans ce sens, ce sont des loosers politiques qui sont sortis de l’ombre pour rentrer dans une contradiction immonde en critiquant cette union annoncée. C’est le cas de ce truc nommé « appel des patriotes », un instrument qui se résume à une personne qui aussi n’a pas réussi sa mutation dans une errance désinvolte.
Elle est frappée, cette opposition d’une malédiction qui ne lui permettait jamais de se mettre ensemble pour assurer l’alternance. Malade de ses propres contradictions, de son hypocrisie, de sa corruption, de ses envies et de ses jalousies, de son incapacité, et de son manque de maturité, l’opposition togolaise a renvoyé l’alternance aux calendes grecques. On attend alors tout simplement l’ANC qui reste à présent la seule force démocratique qui puisse se faire valoir et se mesurer en définissant de nouvelles stratégies pour combler d’ores et déjà le vide que les traîtres tentent de laisser. Elle en est capable, si on sait qu’on ne crée pas un partie pour s’associer aux autres avant d’aller aux élections, mais plutôt de mobiliser ses forces pour remporter la victoire.
Le parti de Jean Pierre Fabre est désormais obligé de peur de se faire frapper lui aussi par le syndrome de la malédiction.
Carlos KETOHOU