Les victimes pointent d’un doigt accusateur les FAT

La phase des audiences publiques et privées qui a démarré le jeudi 22 septembre 2011 à Dapaong a connu son épilogue le samedi 24 septembre dernier. Initiées par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), les auditions ont permis aux populations de la région des Savanes de faire des témoignages poignants et pleins d’émotion sur les événements de 1958 à 2005. Les victimes ont fait des révélations sur les événements de 2005 avant de s’attarder beaucoup plus sur les exactions commises par les Forces Armées Togolaises (FAT) dans l’affaire de la faune en 1992.

A en croire le communiqué de la CVJR qui a sanctionné le point de presse des audiences de jeudi, « les riverains de la faune, qu’ils soient de la fosse aux lions dans le Tône ou de Mango, ont livré au public des témoignages poignants et pleins d’émotion sur les traitements inhumains et dégradants subis par les populations ».

Par ailleurs, le communiqué de la Commission Barrigah a fait cas de certaines exactions commises à savoir déplacements forcés, cheptels confisqués, cases et villages entiers brûlés, arrestations et détentions abusives, pêches à l’épervier, tortures et bien d’autres formes de violences et de violations des Droits de l’Homme exercés par les responsables de l’Administration et les agents des forces de l’ordre (militaires, agents des eaux et forêts, etc.).

Pour se décharger des accusations, les FAT ont encore apporté leur droit de réponse par rapport à cette période. « En tant qu’institution, elles (les FAT) ont déploré les exactions parfois disproportionnées par rapport aux erreurs commises, et présenté leur compassion aux victimes d’exaction. Il faut reconnaître aussi que certains éléments des FAT, investis de pouvoir administratifs ou réquisitionnés pour délimiter et veiller au respect des aires protégées, étaient allés au-delà de ce qu’on pouvait attendre d’eux, en posant des actes dommageables qui entachent malheureusement les FAT », lit-on dans le droit de réponse des FAT.

Au terme de leur déclaration, « les FAT ont fait des recommandations dans le sens d’éventuelles réparations par l’Etat de même que pour une meilleure gestion des aires protégées ».

De ce qui précède, doit-on croire à la sincérité de la déclaration des FAT ? Non, estime Ngandi, paysan et l’une des victimes. « Les déclarations des FAT lors des audiences ne suffisent pas», a-t-il martelé avant d’ajouter « moi, j’aurais souhaité que les premiers responsables des forces armées se présentent devant la CVJR et présentent au nom de leur institution leurs excuses à toute la population ».

Un avis largement partagé vu que durant la période des abus atroces dans l’affaire de la faune, il est clairement établi que certains éléments zélés des FAT ont agi comme si la vie des animaux était plus importante que celle de leurs concitoyens. En outre, les populations prendraient au sérieux les déclarations de l’Armée si ce sont les premiers responsables, le Général Mohamed Atcha Titikpina notamment qui les avait faites. Mais comme ce n’est pas le cas, rien ne prouve aujourd’hui que si les mêmes faits se produisaient l’Armée ne se comporterait pas de la même façon.

Pour que les Togolais accordent plus de crédibilité au processus de réconciliation, il y a lieu que Mgr Nicodème Barrigah soit beaucoup moins complaisant et veille à ce que la vie humaine soit au dessus de tout intérêt partisan.

Godwin A.

Le Correcteur N°287 du 26 septembre 2011