Les pratiques occultes et sataniques qui entourent le 13 janvier

 

De tout temps, le pouvoir politique est associé aux pratiques occultes voire maléfiques. Que ce soit en Europe où en Afrique, des rois, des chefs, des présidents recourent souvent  aux pratiques obscures pour  conserver le plus longtemps possible le pouvoir, dominer leurs adversaires ou leurs peuples. La Grèce et la Rome antique regorgent de ces légendes attribuées aux rois ou aux chefs militaires. L’Afrique aussi bruisse de ces histoires d’occultisme liées à ses rois d’antan et aux dirigeants d’aujourd’hui.  Et le clan Gnassingbé qui a fait un bail à durée indéterminée sur le Togo depuis le coup d’Etat sanglant de 1963 ne déroge pas à la règle.

Dans son célèbre roman de satire politique  En attendant le vote des bêtes sauvages,  Ahmadou Kourouma qui semble avoir bien connu les arcanes du pouvoir togolais pour avoir vécu et travaillé dans notre pays pendant des années, met en exergue les pratiques occultes et sorcières du Président de la République du Golfe.  « Jouant sur les traditions, les mythes et les peurs ancestrales liées à la magie, le Général Koyaga (l’homme au totem faucon) a assis son pouvoir sur l’ensemble du pays et a bâti sa propre légende, mais avec les mains couvertes de sang », c’est ainsi que se résume cette satire politique qui ressemble étrangement à ce qui se fait au Togo depuis plus de 40 ans.

Feu Eyadéma s’est bâti une légende, celle de l’homme du 13 janvier et qui a marqué les pages sombres de l’histoire du Togo en lettres de sang. Aujourd’hui avec la désagrégation du régime et sa putréfaction, les langues se délient de l’intérieur pour porter à la connaissance des citoyens les pratiques mystiques qui permettent encore au système d’asseoir sa domination sur le peuple.

Les sacrifices de 12 janvier derrière le camp RIT

                A vue d’œil, c’est une simple garnison, le camp RIT qui porte désormais le nom du général Eyadema. Mais à y voir de près, c’est un sanctuaire, un haut lieu de pratiques occultes et mystiques avec des fétiches disséminés un peu partout. Un seul endroit de ce camp nous intéresse pour  cette première partie. Il s’agit du côté sud qui jouxte le bassin de la lagune, comme le montre cette photo. De loin, on peut identifier une porte de sortie du camp qui débouche sur une paillotte dont certains endroits sont souvent peints en blanc.

                Selon les informations des sources proches du pouvoir, c’est à cet endroit que s’était réuni le 12 janvier 1963, le commando  qui est allé assassiner le Président Sylvanus Olympio. Avant de prendre d’assaut le domicile du Père de l’Indépendance, ce commando a fait en ce lieu des sacrifices pour le succès de l’opération. Et depuis qu’il a accédé au pouvoir, cet endroit est devenu un sanctuaire pour feu Eyadéma où les pratiques en question sont renouvelées le 12 janvier de chaque année, à zéro heure. En quoi consistent ces pratiques ?

 A la veille de la célébration du 13 janvier, il est organisé dans la nuit profonde, derrière ce camp à l’endroit que nous venons de préciser, des cérémonies diaboliques qui n’ont rien à envier à celles que nous entendons souvent dans l’aventure mystérieuse de Patrick Nguéma Dong sur Africa n°1. C’est une cérémonie qui est observée dans la discrétion totale, les rares officiers de confiance qui y ont accès sont triés sur le volet. Ils sont d’abord de la même ethnie, mais exclusivement de Pya, village natal du Feu président Général Eyadéma. Ce sont eux qui sont chargés de creuser à côté d’une stèle du Togo érigée sur les lieux, un grand trou dans lequel on place un bœuf vivant. La cérémonie commence par une série d’incantations. On remercie l’esprit qui a permis de prendre le pouvoir et on l’invoque pour qu’il aide à garder ce pouvoir le plus longtemps possible. On l’invite aussi à semer la division dans les rangs de l’adversaire et à faire en sorte que le peuple reste toujours docile. Et lorsqu’il sonne minuit, le chef lui-même abat de trois coups de feu le bœuf qui est placé dans le trou, avec un fusil d’assaut israélien du nom d’USI, pour la simple raison que cette arme redoutable fait moins de bruits. On recouvre de terre le bœuf à côté de la stèle du Togo et ensuite on sacrifie deux autres bœufs au même endroit sans les enterrer.

Même au sein de cette caserne, rares sont ceux qui savent que cette cérémonie se déroule le 12 janvier à minuit.  Selon nos sources, le fils continue de perpétuer la tradition et c’est la raison pour laquelle malgré les discours sur la réconciliation, malgré le fait que le 13 janvier soit un jour d’assassinat, on continue de le célébrer d’une manière ou d’une autre au camp en procédant à une prise d’arme suivie de défilé militaire. On comprend facilement que le problème togolais est avant tout spirituel et surtout démoniaque au vu des pratiques de ceux qui tiennent le pouvoir.

La suite de ce dossier dans les prochaines parutions.

Mensah K.

L’Alternative N° 110 du 10 janvier 2012