Les populations togolaises toujours mobilisées derrière les responsables du FRAC et du CST
Conjointement organisée par les responsables du Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) et ceux du Collectif « Sauvons le Togo » (CST), la traditionnelle manifestation : marche de protestation suivie de meeting a encore rassemblé des milliers de loméens autour des responsables de ces deux regroupements citoyens, ce samedi 02 février 2013 à Lomé. Il était surtout question à travers cette manifestation de dénoncer les manigances d’un pouvoir décadent qui cherche à imputer la responsabilité des incendies des grands marchés de Kara et de Lomé aux responsables de l’opposition, en l’occurrence ceux du CST et pour sensibiliser l’opinion publique sur les derniers développements dans ladite affaire. Presque tous les responsables des deux regroupements citoyens étaient présents à cette manifestation et comme chef de fil, le leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Jean-Pierre FABRE.
Comme les fois passées, la manifestation conjointe FRAC-CST a connu la même ambiance et a débuté au rond point de la station d’essence Sun Agip de Bè-Kpota. L’élément nouveau qui vaut la peine d’être souligné au regard des derniers développements dans l’affaire des incendies des marchés du Togo où le pouvoir tente d’imputer la responsabilité aux opposants, se résume à trois pancartes sur lesquelles il est mentionné : « Exigeons l’arrestation des miliciens RPT-UNIR », « Non au régime d’exception RPT-UNIR », « Yark faussaire. Arrêtez la chasse aux sorcières ». A travers ces trois pancartes les responsables du FRAC-CST veulent ainsi dire aux autorités togolaises qu’ils ne sont ni les tenants ni les aboutissants de cette sordide affaire d’incendies des marchés comme elles tentent de le faire croire au monde.
Et pour la circonstance, les chants patriotiques et révolutionnaires ont meublé la marche depuis son point de départ jusqu’à la plage en face de l’hôtel de paix où un meeting a rassemblé plus de monde.
Le meeting des révélations et de la colère des responsables
Le meeting de ce jour a été celui des révélations et de colère. Les différents orateurs qui se sont succédés au podium ont enthousiasmé le public par la rigueur et la fermeté de leur propos truffés de révélations. Prenant la parole en premier, le représentant de la jeunesse de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Rufin Aziamoe a demandé à la jeunesse de l’opposition de se remobiliser car, estime-t-il, celle-ci se démobilise à cause des arrestations en cascades opérées par les agents du Service de Renseignement et d’Investigation (SRI). « Ils peuvent nous arrêter tous comme ils le veulent mais il y aura toujours d’autres pour continuer la lutte », a-t-il rassuré.
La première révélation, celle qui a le plus surpris le public vient du gendarme adjoint Kao Atcholi, Secrétaire général de l’Association des Victimes de la Torture au Togo (Asvito) qui a estimé que les responsables du CST ne sont pas responsables des incendies comme l’affirment les autorités togolaises. Il fait remarquer en soutenant sa thèse le silence du directeur général de la gendarmerie le Commandant Akpovi : « Vous avez vu. Le Dg de la gendarmerie est carrément à l’écart », a-t-il renseigné avant d’ajouter qu’actuellement, les autorités en charge de la sécurité connaissent les auteurs de ces incendies qui, somme toute ne sont pas les responsables et militants de l’opposition qui ont été arrêtés. « Ils savent eux-mêmes que ces choses viennent du pouvoir et c’est parce que le ministre de la sécurité se trouve dans une situation impossible qu’il fait tout ça. », a-t-il renchéri. Kao Atcholi a par ailleurs déclaré, parlant d’un charlatan que les gendarmes manipulent pour accuser les responsables du CST : « La famille de Koffi Sika VONDJOGBE m’a appelé et m’a fait savoir que ce dernier a été arrêté et on l’a obligé à avouer que c’est lui qui a préparé spirituellement les jeunes pour qu’ils aillent brûler le grand marché de Lomé ». Kao Atcholi précise également que certains jeunes arrêtés sont conduits à la réserve d’Agoè où ils subissent des séances de torture. Or, rappelle-t-il ce lieu n’est ni une brigade ni garnison mais un lieu de torture à l’instar de l’ANR dirigée par à l’époque par le tristement célèbre Alex Yotroféi Massina. En conclusion, le Secrétaire général de l’Asvito rassure en ces termes :« La victoire du peuple a fait apparaître déjà ses symptômes et il faut être spirituel pour déterminer ces symptômes ».
L’autre révélation est venue du Secrétaire national à la coordination du Parti des Travailleurs, Claude Améganvi qui a révélé que feu Etienne Eyadema GNASSINGBE n’est pas mort le 05 février 2005 comme cela avait annoncé par les autorités togolaise de l’époque, mais plutôt le 02 février. « Il y a 8 ans jour pour jour qu’Eyadéma décédait. Sa mort annoncé le 05 février 2005 est un pur mensonge. Moi, je vous dis aujourd’hui qu’il est mort le 02 février 2005. Et c’est après les tractations à Paris chez Chirac que le décès a été annoncé, c’est-à-dire trois jours après », a-t-il déclaré. Abordant l’affaire des incendies, il a indiqué que le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé a 16 jours pour se prononcer publiquement et révéler au peuple les vrais responsables des incendies puisqu’il « connait les auteurs des incendies ».
Madame Dovi Amouzou n’a pas mâché ses mots non plus. Elle a révélé que c’est une femme qui a demandé au chef de l’Etat de faire mettre le feu aux marchés. Sans se soucier des conséquences dramatiques que cela allait entrainer, le chef de l’Etat a laissé faire aussi. Rappelant l’incendie du grand marché de Lomé en 1981, la responsable de l’Obuts a fait savoir que ce denier est un de trop. Elle a dénoncé le comportement de la directrice du marché qui s’est enfermé dans un silence complice. « On sait maintenant l’origine de l’incendie. On a dit qu’il doit provenir d’une bougie allumée ou de la cigarette », a-t-elle précisé.
Maître Tchessa Abi a dénoncé les manigances et les manipulations dont sont victimes certains jeunes de la part des autorités togolaises. Il a dit avoir été personnellement victime de ces manigances. Les méthodes du système RPT-UNIR, « On ne le découvre pas. On le connait. On le connait si bien », a-t-il précisé. Le premier responsable du PSR dévoilant les méthodes et manigances du système RPT-UNIR a indiqué : «Il y a quelques temps, j’ai des amis qui me disaient. Mais, Me Abi vous avez beaucoup de chance. Aujourd’hui au moins, vous pouvez dormir tranquillement. Si c’était sous Eyadema, nous allons former des garçons. Nous allons monter vos propres parents, ils vont venir enterrer chez vous des bombes. On va dire que vous voulez casser les stations, les commissariats et les gendarmeries. On vous prend, on vous enferme et puis c’est fini ». Très remonté, Me Abi a laissé entendre que c’est la misère entretenue par les autorités qui poussent les jeunes à s’adonner à ces genres de choses, parlant des montages grossiers et des accusations mensongères. « Combattons la misère mes amis pour que demain, aucun de nos concitoyens ne soit dans cette situation qui peut être exploitée pour porter une accusation injuste, grave contre un autre Togolais. Ça, c’est l’effet de la misère. Et cette misère, elle a été voulue pour ce peuple togolais. C’est pourquoi, nous nous battons », a-t-il conclu.
Le Coordonnateur national du CST, Me Zeus Ajavon à son tour a révélé qu’il y a beaucoup de mouchards parmi l’assistance et peut-être même en leur sein, mais cela ne les empêchera de continuer la lutte jusqu’à la victoire. A cet effet, il a demandé aux uns et autres de se rappeler le serment fait devant le monument de l’Indépendance le 16 novembre 2012. « C’est vrai, ils sont nombreux parmi nous mais je veux bien leur rappeler qu’on a fait une cérémonie à la place de l’Indépendance, devant notre monument de la liberté. Qu’ils ne pensent pas que cet acte n’a rien de significatif. Ce jour-là, il y a trois grandes choses qui se sont produites. Alors si ceux-là sont parmi nous ici et qu’ils soient partis nous trahir, maudits soient-ils », a-t-il dit. Puis a-t-il demandé à l’assistance de les maudire « Helu nawo loo ». « Ils verront les conséquences une à une », a-t-il martelé. Parlant des incendies, le Coordonnateur national a révélé que c’est un complot qui a été minutieusement concocté par les autorités pour les arrêter un à un, faisant allusion à la convocation qui leur a été adressée par les responsables du SRI. Cette audition à la gendarmerie annulée au dernier moment, les trois avocats Raphaël Kpandé-Adjarè, Jil-Benoit Afangbédji et Zeus Ajavon sont priés de se présenter devant le procureur de la République qui leur signifie que leur convocation fait suite aux propos tenus par le Coordonnateur lors de l’une des conférences de presse tenues par le CST où il a traité d’« idiots et d’inintelligents » ceux qui imputent la responsabilité des incendies aux responsables du CST. « Oui, j’ai dit des choses », a-t-il reconnu. Ne se reprochant absolument rien, Me Ajavon affirme : « Je le dis et je le répète que celui qui a dit que c’est nous qui sommes les commanditaires des marchés, est idiot, bête et inintelligent. Et je l’ai répété en français en disant : ce sont des idioties. Ce sont des conneries. Je le répète encore.» Très remonté, Me Ajavon martèle en français : « Ceux qui pensent. Ceux qui disent que le CST est responsable des incendies, ce sont des idiots. »
Le leader de l’ANC, Jean-Pierre FABRE, prenant en dernier la parole n’a plus voulu faire attendre les populations qui, après la longue marche de protestation, doivent être fatigués. Il sera bref dans son allocution. Situant l’assistance par rapport à son intervention du samedi dernier au sujet de l’existence de Dieu, Jean-Pierre FABRE a fait savoir qu’au lendemain de la manifestation, c’est-à-dire le dimanche, en surfant sur le net, notamment sur le site web du gouvernement togolais republicoftogo.com, il a été caricaturé avec des propos suivant : « Jean-Pierre FABRE croit en Dieu ». Ce qui donne l’idée d’une moquerie, a-t-il expliqué et de répliquer en disant : « Je m’en fous. Je crois en Dieu, j’en suis fier. C’est parce que je crois en Dieu que je suis sûr qu’on les arrêtera tous dans cette affaire d’incendies.» Ne voulant pas faire les choses à moitié, surtout quand il s’agit de l’existence de Dieu, il rappelle le témoignage de Me Tchessa Abi à propos d’une convocation devant le premier ministre d’alors Koffi Sama : « Me Abi et moi n’avons jamais discuté de cette affaire. J’ai même oublié qu’il était à cette convocation. Nous y étions tous les deux avec d’autres responsables politiques et il vient de vous relater tout cela avec précisons.». Jean-Pierre Fabre a ensuite fait savoir que ce pouvoir se nourrit de mensonges et de montages grotesques. Le leader de l’ANC a également abordé, en ces termes, la perquisition qui a été faite au siège de son parti le samedi dernier : « Quand les gendarmes ont fini de faire leur travail, j’ai remarqué que partir leur était difficile plutôt parce que la rue sentais mauvais. Ça chauffait !!». « C’est Dieu punit et c’est à lui qu’appartient la vengeance », a-t-il poursuivi avant d’ajouter : « Nous qui sommes ici, nous aimons l’être humain quand bien même nous faisons la politique. S’il y a des gens qui nous font du mal, c’est Dieu qui le leur rendra. C’est dans esprit que j’ai tenu à ce que nos frères gendarmes qui sont venus faire la perquisition puissent procéder tranquillement à leurs enquêtes afin que lors des confrontations nous puissions situer les responsabilités dans l’affaire des incendies. C’est pourquoi, j’ai souhaité qu’il ne leur arrive rien. Si j’étais aussi bandit qu’eux, aujourd’hui, je suis sûr qu’ils ne seront plus là pour parler comme ils le font. Si j’étais un incendiaire de marché comme ils le prétendent, aujourd’hui ils ne seront plus là entrain de raconter des conneries. Je veux qu’ils comprennent que c’est parce que nous aimons l’être humain que nous avons choisi de faire de la politique »
Jean-Pierre FABRE pour clôturer son intervention a demandé aux militants et sympathisants de l’opposition où qu’ils se trouvent de ne pas se décourager « Seule la lutte peut nous offrir la victoire. Alors, ne vous décourager pas, n’ayez pas peur. Les difficultés qui annoncent la victoire d’une lutte, sont celles qui se font voir depuis un certain temps. La victoire est à nos portes », a-t-il martelé avant d’appeler les populations togolaises à la mobilisation, au calme et à la sérénité pour répondre massivement aux appels des responsables des deux regroupements citoyens le FRAC et le CST dans les jours à venir.