LES ORGANISATIONS DE DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME
ACAT-TOGO, CTDDH, JDHO, LTDH
DECLARATION DES ODDH SUITE AUX RAFLES RECURRENTES DES FORCES DE L’ORDRE ET DE SECURITE
Le samedi, 22 octobre 2011, les forces de sécurité ont effectué une descente au quartier Akodesséwa de Lomé aux fins d’assurer la sécurité des lieux.
Cette descente, aux allures d’une expédition punitive, s’est accompagnée d’une rafle systématique des pauvres populations résidant autour et dans le marché d’Akodesséwa.
Mineurs, jeunes, femmes enceintes, adultes ; bref tous ceux qui avaient le malheur de se trouver auxdits lieux, ont été manu militari interpellés puis conduits au Capitole, où sur plus de Cent Quarante (140) personnes arrêtées au départ, Dix Neuf (19) ont été maintenues.
Ces derniers infortunés ont été conduits dans un premier temps au Commissariat Central de la Ville de Lomé où ils passèrent deux (02) jours de garde-à-vue.
Transférés à la Sûreté Nationale, ils vécurent les tristes moments de leur vie avec des traitements inhumains et dégradants durant deux (02) jours.
En effet, il leur a été demandé de tournoyer en vue d’attraper un rat qui passerait.
De la sûreté nationale, ces pauvres personnes ont continué leur triste randonnée à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) où elles passèrent Six (06) jours de détention arbitraire, et de surcroît sans charges retenues contre elles.
Le lundi, 31 octobre 2011, sans autre forme de procès, et sans avoir signé les procès verbaux, ces malheureuses personnes parmi lesquelles se trouve un mineur de Dix Sept (17) ans, orphelin de père et de mère, ont été conduites par-devant le Deuxième Substitut du Procureur de la République.
Ce dernier, loin de rappeler aux personnes en cause les faits qui leurs sont reprochés en vue de leur notifier les charges qui pèsent sur elles, s’est purement et simplement livré à un dépôt systématique.
Devant cette situation caractéristique d’un déni de justice avéré, l’une des personnes ainsi injustement interpellées, le nommé AKANI Loukmane, en désespoir de cause, a tenté de ses suicider en cognant violemment sa tête contre un pilier au Palais de Justice de Lomé. Aux dernières nouvelles, M. AKANI Loukmane, actuellement admis au cabanon, est entre la vie et la mort.
Les ODDH restent fortement préoccupées par la résurgence et l’exacerbation d’un Etat policier dans notre pays et s’insurgent contre l’attitude des forces de sécurité, tout en condamnant les multiples distorsions procédurales enregistrées lors de ces rafles.
Elles interpellent les Ministres de la Sécurité et de la Protection Civile, des Droits de l’Homme et de la Justice à user de tous leurs pouvoirs, chacun en ce qui le concerne, pour faire libérer immédiatement ces pauvres citoyens qui croupissent arbitrairement à la prison civile de Lomé.
Les ODDH lancent un appel pressant à l’endroit desdites autorités à prendre leurs responsabilités afin d’éviter à nos populations ces comportements d’une autre époque, qui sont de nature à envenimer les relations entre les forces de l’ordre et de sécurité et la population civile.
Les ODDH font endosser aux autorités en cause toute la responsabilité en ce qui concerne la santé et la vie de M. AKANI Loukmane.
Fait à Lomé, 02 novembre 2011
ACAT-TOGO, Me Jil-Benoît K. AFANGBEDJI
CTDDH, M. Carlos Komlanvi KETOHOU
JDHO, M. Bonaventure N. MAWUVI
LTDH, Me Raphaël N. KPANDE-ADZARE