Grande réussite du sit-in de vendredi
Les Organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH) ont exigé vendredi dernier, la démission du gouvernement. C’est à travers une marche pacifique suivie d’un sit-in au carrefour Dékon à Lomé. Une manifestation organisée avec un grand succès suite à la récente polémique autour de la publication d’un rapport de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) sur des allégations de torture lors du procès Kpatcha Gnassingbé. Pour nombre d’observateurs, c’est la première fois qu’une manifestation organisée par des organisations de la société civile a mobilisé un nombre aussi important de participants. En tout cas, au moins 20 mille Togolais ont pris part à cette marche.
Partis de Bè Château, la foule de manifestants a parcouru certaines artères de Lomé avant de chuter à Déckon pour un sit-in. Sur les pancartes et banderoles brandies tout au long de ce trajet, on pouvait lire : « Nous exigeons la mise en application des recommandations de la CNDH sans délai », « Nous exigeons la ratification du traité de Rome », « Gouvernement Houngbo, démission », « Plus d’impunité au Togo », « ensemble contre le silence coupable du gouvernement face aux violations des droits de l’Homme et des libertés »…
Au point de chute de la marche, un podium était installé au grand carrefour Dékon sur le boulevard. Les magasins, boutiques et services situés le long de ce boulevard ont baissé leur rideau laissant ainsi la place au sit-in. Un grand meeting a marqué l’évènement. Tour à tour, les responsables des Organisations de Défense des Droits de l’Homme ainsi que les dirigeants des partis politiques se sont succédés au podium pour présenter leur message à l’assistance. « Nous exigeons des mesures idoines et urgentes pour la mise en œuvre des recommandations de la CNDH. Les mesures prises par le gouvernement lors de son Conseil des ministres la dernière fois, ne sont que des mesures disciplinaires. Ce n’est pas normal, surtout pour des gens rendus coupables de tortures. Nous allons poursuivre nos manifestations, jusqu’à satisfaction de nos revendications. Car falsifier un rapport d’une institution constitutionnelle, c’est vraiment trop grave », a déclaré Me Raphaël Kpandé-Adzaré, président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme.
Me Claude Amegan a, pour sa part, présenté à l’assistance le message de circonstance des ODDH et des partis politiques. Il a dénoncé la terreur et le gangstérisme d’Etat qui a consisté à travestir le rapport de la CNDH et rappelé au gouvernement que la pratique de la torture et de tout autre traitement cruel, inhumain et dégradant est interdite et réprimée par la Convention des Nations unies, ratifiée par le Togo.
« Il est inadmissible que par ces pratiques, le gouvernement continue par protéger les tortionnaires en se rendant coupable de faux et usage de faux et de menaces de mort. Nous demandons au gouvernement togolais de tirer dès lors toutes les conséquences des témoignages ayant pu être obtenus par la torture dans le cadre de la procédure judiciaire de l’affaire de complot contre la sûreté de l’Etat », poursuit la déclaration. Outre la démission du gouvernement, les organisateurs de la manifestation de vendredi ont exigé : l’identification et la sanction de tous ceux qui ont participé à la falsification du rapport de la CNDH, la mise en œuvre effective et dans les meilleurs délais des recommandations formulées par la CNDH dans son rapport authentique, l’annulation de toutes les procédures et de tous les procès ayant conduit à l’arrestation et à la condamnation des personnes accusées dans l’affaire d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. A propos justement de cette affaire, le gendarme Atcholi condamné dans ce procès a annoncé lors du meeting, la création dans un futur proche d’une association des familles victimes des tortures au Togo. «Aujourd’hui nous sommes dehors, il nous appartient de prendre la relève de la lutte. Le gouvernement ne nous a pas entendus quand nous disions que nous avons été torturés à l’ANR, au contraire il a décoré nos tortionnaires. Nous allons tenter des actions en justice contre l’Etat togolais sur le plan national et si possible nous irons au TPI », a martelé M. Atcholi sous l’acclamation nourrie de la foule.
Plusieurs responsables de partis politiques de l’opposition étaient présents à cette manifestation: Jean Pierre Fabre de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Jean Kissi du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), Agbéyomé Kodjo de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) et Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA).
Olivier GLAKPE
Le Correcteur N° 326 du lundi 05 février 2012