Les armes utilisées par Faure pour imposer la loi du silence aux «has been» de l’opposition

Ruse, hypocrisie, roublardise, duplicité

Les armes utilisées par  Faure pour imposer la loi du silence aux «has been» de l’opposition

De la nécessité pour la nouvelle classe politique de s’éveiller pour libérer le peuple

A la mort de l’impénitent dictateur Eyadéma Gnassingbé, son fils Essozimna Faure lui a succédé. Conscient des exactions et des malheurs du peuple togolais dont son désormais regretté père s’était rendu coupable Essozimna a vite fait de récuser les pratiques de son père. « Lui, c’est lui, moi, c’est moi », avait-il déclaré après avoir capté le fauteuil de son père dans le sang de près de 500 Togolais selon les rapports de l’ONU. Les propos de Essozimna Faure ont fait l’objet de vive polémique. La plupart des Togolais avaient conclu qu’il n’est en rien différent de son père. En clair,  de Eyadéma à son enfant, le système reste le même et qu’il n’y a que la tête qui a changé.

Aujourd’hui, six (06) ans après son arrivée dramatique au pouvoir, on est tenté de donner  raison à M. Essozimna Faure Gnassingbé qu’il a dit vrai. En d’autre terme, « Eyadéma, c’est Eyadéma, Essozimna, c’est Essozimna » pour paraphraser le chef de l’Etat togolais.  Gnassingbé Essozimna Faure est vraiment différent de Gnassingbé Eyadéma.

En six (6) ans de règne, le fils a gravement fait pire que les 38 ans réunis du père.

Faure, pire cauchemar du peuple

Les massacres, les exactions, les répressions sauvages, les hold-up électoraux, caractéristiques de la dictature tropicale implacable du régime Eyadèma sont connus de tous. L’avènement de la démocratie a bien bousculé les habitudes et l’ancien soldat de la guerre d’Algérie a dû faire beaucoup de concessions. Peu avant sa mort, les contestations internes au sein de son parti le RPT ont ajouté un semblant d’assouplissement de la méthode de gestion du pays même si son pouvoir a dangereusement affamé le peuple.

Sous son fils, c’est le comble. La gestion ethnico-clanique s’est accentuée. En six (6) ans, M. Gnassingbé Faure a fabriqué près de treize (13) milliardaires dont la plupart sont kabyè comme lui. Le recrutement dans la fonction publique se mesure à l’aune du militantisme aveugle.

Si Eyadèma évitait soigneusement de mélanger le sexe et le pouvoir, c’est tout le contraire chez son enfant. Des scandales de sexe dans lesquels on cite l’actuel chef de l’Etat sont legion. M. Gnassingbé Faure a eu le toupet et le front d’ériger son intime Ingrid Awadé, Directrice des Impôts en un véritablele socle de son pouvoir. Toutes les grandes décisions du pays doivent passer par cette femme officieusement présentée comme première dame du Togo.

Autre élément important, sous Eyadèma, on forçait les députés à changer de camp à coup d’argent et de promesses mirobolantes au sein de l’Assemblée nationale en cas de besoin. Allagbé Kokou et consorts sont des exemples vivants.

Mais avec Gnassingbé Essozimna Faure, on n’a pas sourcillé avant de chasser neuf (9) députés de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de l’Assemblée Nationale. Ce qui ne s’est jamais produit nulle part dans le monde. De la pure méchanceté !

L’enfant de Eyadèma se révèle aussi par la ruse, la roublardise et l’hypocrisie qui lui ont permis de neutraliser tous les leaders qui tenaient tête à son défunt père. De Me Yawovi Agboyibo à Gilchrist Olympio en passant par Edem Kodjo, Léopold Gnininvi, Gnassingbé Faure a rendu aphones tous ces pionniers de la lutte démocratique.

Le plus décapant est la situation de l’ancien opposant Olympio qui a même détruit son propre parti UFC pour faire plaisir au fils de l’assassin de son père. Après avoir utilisé ces anciennes figures de proue, le président du RPT fait en sorte pour garder de bonnes relations avec ses dernières. A preuve, si Gilchrist est vomi aujourd’hui par le peuple et que les côtes de Gnininvi et Agboyibo sont au plus bas pour avoir collaboré avec le RPT, ce n’est pas pour autant qu’ils se sont brouillés avec Faure. En face d’un chef d’Etat de cette stature, la nouvelle génération de l’opposition incarnée par Jean-Pierre Fabre est appelée à plus de vigilance.

Défi d’unicité de la nouvelle classe politique de l’opposition

Bien que les revendications du départ ne soient pas satisfaites, il est étonnant de constater aujourd’hui que la plupart des partis de l’opposition traditionnelle ont dû lâcher la proie pour l’ombre. Sinon, vu l’extrême gravité des actes que pose M. Faure Gnassingbé, on ne peut pas comprendre le silence des Agboyibo, Gnininvi ou Olympio dans leur contemplation passive. L’Accord Politique Global (APG) du 20 août 2006 n’a connu qu’une application partielle. L’essentiel des réformes préconisées à savoir la limitation du mandat présidentiel et l’élection présidentielle à deux tours sont toujours à l’étape des rêves. Au lieu des actions d’envergure, le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) actif dans la conclusion de cet accord dont il réclame la paternité se contente des communiqués laconiques pour exiger du pouvoir lesdites réformes.

Aujourd’hui, il n’y a que le FRAC et l’ANC qui fustigent ouvertement et dénoncent les exactions du pouvoir quarantenaire. Au-delà du de la vigilance, de la pertinence et de la lucidité, de la nouvelle classe politique, il y a urgence que ces jeunes qui maintiennent le flambeau de la lutte unissent leur force pour échapper au piège de Gnassingbé Faure. Cela leur permettra, à coup sûr, de délivrer le peuple du joug des Gnassingbé.

 

Kokou AGBEMEBIO

Le Correcteur N° 249 du 06 mai 2011