Le zèle stérile d’un président illégitime à la tête des musulmans

La mauvaise passe de l’Union Musulmane du Togo au CST

Le zèle stérile d’un président illégitime à la tête des musulmans 

Le 10 octobre dernier, le Collectif Sauvons le Togo (CST) et la coalition Arc-en-ciel ont envoyé conjointement une lettre au bureau national de l’Union Musulmane du Togo. L’objectif était de  demander une prière musulmane à la mosquée centrale de Lomé après la grande prière du vendredi 12 octobre. La prière devait être faite dans le cadre de la commémoration du 22ème  anniversaire du mouvement du 05 octobre.  Le 11 octobre, une lettre réponse envoyée par l’éternel  président intérimaire de l’UMT renvoyait une réponse défavorable aux demandeurs dans un cafouillage que nous vous laissons apprécier de vous-même à travers ses documents :

 

 

 

A la lecture de ces deux lettres, on peut être tenté par plusieurs questions. Est-ce la première fois que pour plusieurs  événements différents, on fait une prière le même jour à la mosquée centrale ? Si le président Inoussa Bouraïma oublie, qu’il nous le dise, nous allons lui rafraîchir la mémoire. Que de fois les fidèles musulmans de cette mosquée n’ont pas été retenus pour telle et telle prière commandées par le système en place, des ONG ou associations ? A supposer que l’argument que brandit l’UMT pour décliner la demande du CST soit défendable, est-ce qu’il est possible que les demandeurs de la prière viennent le vendredi suivant c’est-à-dire demain le 19 octobre 2012? Dans quelle écriture sainte monsieur le président de l’UMT, chercheur de son état, a découvert que ”le Dieu des musulmans”  est incapable de supporter plusieurs  prières simultanées ? Est-ce que monsieur le président se fait une idée du nombre de prières différentes qui sont adressées à Allah chaque jour ? Cet argument, tiré par les chevets, est une preuve que Inoussa Bouraïma n’a aucune notion de ce qu’on appelle Dieu. Et pourtant, il se targue d’étayer ses longs discours, aux emblèmes du système en  place, par des versets coraniques et des hadiths. Nous comprenons désormais le pourquoi il cite les écritures saintes à tort et à travers, dans des contenus touffus qui ne reflètent ni les réalités de l’islam moins encore les réelles préoccupations de la communauté musulmane du Togo.

Nous aurions pu accorder à l’UMT la faveur du doute si s’était la première fois qu’elle rejette les demandes de prière de l’opposition dans cette mosquée.

Nous voudrions dire au CST que cette mosquée est d’ailleurs une mosquée tellement politisée par le système en place au point où nous nous demandions si elle conserve encore sa dimension spirituelle. Si tant est vrai que l’opposition sent un réel besoin de recueillement devant ”le Dieu des musulmans”, Lomé compte au moins une centaine de mosquée où on prie les vendredis. Tout ce qui ce passe à la mosquée centrale de Lomé ressemble beaucoup plus à des mises en scène. Quand le système en place demande des prières, les demandes arrivent souvent accompagnées d’enveloppes à L’UMT. Le président prend soins de se tailler la part du lion avant de laisser des miettes aux imams qui, pourtant, sont les vrais concernés dans ces circonstances. Connaissant les habitudes de la boîte, de peur d’être étiquetés d’opposants, les imams sont obligés de se prêter au rituel qu’on prend soin de téléviser pour la bonne cause. Tout ce qui se passe s’approche plus de la comédie que de toute autre considération. Alors, si le besoin se fait sentir désormais, Lomé grouille de mosquées. Il ne faut plus continuer par croire que le Dieu des musulmans du Togo ne loge que dans la mosquée centrale de Lomé. N’importe quel imam, accepterait volontier vous faire la prière, et nous sommes convaincus que vous ne pouvez pas commander une prière publique si ce n’est pour une bonne cause. En tout cas, si la cause est vile, tout imam refuserait car, en islam, nous prenons soins de laisser le sort de nos adversaires quels qu’ils soient à Allah. Et si elle est noble, tout imam, de quelque conviction qu’il soit, accepterait. Vous êtes des Togolais, votre mouvement regorge de Togolais et partout sur le territoire, vous pouvez vous adressez à Allah, si Inoussa B. l’ignore, vous devez le savoir. Nous avions assez vécu ce méli- mélo entre vous et l’UMT au sujet de demandes de prières toujours rejetées. Si les communautés étrangères au Togo, majoritairement musulmanes, préfèrent une certaine neutralité vis-à-vis de la politique pour protéger leurs affaires, la grande majorité des musulmans du Togo viennent de Bafilo, Sokodé, Bassar, Tchamba, Mango et autres.  A quelques exceptions près, ces villes sont des bastions de l’opposition. Et ce sont les ressortissants de toutes ces localités qui forment la grande partie de la  communauté musulmane de la capitale. De ce fait, que personne dans un certain zèle à défendre une maison en ruine, ne vous laisse croire que les musulmans de Lomé sont du RPT-Unir. Loin de là, quand bien même les élections fraudées et les recensements faits sur mesure ne permettent pas d’évaluer objectivement tous ces paramètres, certaines réalités parlent d’elles-mêmes. De grâce, Inoussa Bouraïma est assez instruit pour savoir qu’un chef d’un regroupement religieux ne doit rien faire qui  identifie sa communauté religieuse à une classe politique et cet effort, les chefs traditionnels le font déjà. S’il y en a qui restent arcboutés au régime parce qu’ils y trouvent leur pitance, la plupart des musulmans de Lomé ne sont pas forcement acquis au système en place. Qu’on ne tente pas de nous distraire en se comportant comme si les musulmans du Togo ne supporteraient pas l’opposition dans leurs mosquées. Les Associations et ONG musulmanes crédibles sont prêtes à se charger de ce volet prière du CST à chaque fois que le besoin se fait sentir. On se rappelle que la dernière fois ce debat s’est invité lors d’une rencontre à HADITH, une Association islamique estudientine.

D’ailleurs, à l’allure où cette récupération politique de l’instance musulmane évolue, on risque de se retrouver un jour ou l’autre, en face de deux unions musulmanes ; car la première ne fait rien pour se défaire des considérations politiques qui pourrissent la république et agacent une communauté dont les vraies préoccupations sont ailleurs. Si Monsieur Inoussa Bouraïma fait ce zèle pour s’attirer l’estime du système en place, il se trompe. Depuis qu’il a été forclos par Eyadema pour les tristes raisons que nous ne voudrions pas évoquer, tout ce qu’il fait pour s’approcher des dirigeants en place est peine perdue. A moins d’avoir une lecture sectaire des réalités de sa communauté, il devait savoir que c’est pour sa tête que jusqu’ici le congrès de l’UMT n’a pas lieu. On se rappelle qu’il a nourri des intentions devant feu Eyadema par rapport à la présidence de l’UMT. Ce dernier l’a mis à côté au profit de feu Têtou Ahmed (paix à son âme). Depuis que ce dernier a quitté ce monde, l’ancien ministre de la Défense se contente d’un intérim qui ne finit jamais. Il se montre jusqu’ici incapable de réunir les fonds pour organiser le congrès électif de l’UMT. Toutes les tractations qui se font à la tête de cette institution avec des reports à répétions et la formation d’organes parallèles, sont assez éloquentes et doivent laisser voir que le vrai problème de l’éternel report des congrès, ce n’est pas une certaine absence de fonds. Tout se résume au fait que l’autorité en place ne veut pas de Bouraïma Inoussa comme président de l’UMT. Ceci malgré son zèle dans la récupération des évènements islamiques à des fins politiques pour se faire valoir. De grâce, on peut servir Allah sans être un président de l’UMT. Si celui que les fans appellent affectueusement Inoussa ”Savant” pouvait arrêter les dégâts pour convertir son énergie au profit de ses étudiants à l’Université, Dieu même sera fier de lui. À vouloir vaille que vaille s’accrocher à une présidence qui a besoin de tout le monde sauf lui, le président intérimaire risque de donner du grain à moudre à ceux qui pensent qu’après avoir fait une piètre prestation sur le terrain politique, l’homme cherche désespérément à faire de l’UMT  une maison de retraite. Monsieur le président, contrairement à ce qu’on voit chez les autres, votre zèle  vous est improductif, sans quoi, on aurait déjà trouvé une passerelle pour vous imposer comme président de l’UMT. Les gens que vous pensez défendre ne sont pas sur la mêmes longueur d’onde que vous. Nous faisons économie de ce que la communauté musulmane pense de votre éternel intérim. Alors, éviter de provoquer Dieu en estimant qu’Il est trop petit pour supporter plusieurs demandes, fussent-elles simultanées.   Si jamais, un groupe  indésirable vous adresse de telles demande, dans le cadre de ”votre mosquée politique” de Zongo, trouver un argument un peu plus réfléchi, SVP.

Alfa

Le Rendez-vous N° 176 du 18 Octobre 2012