Si le cycle des répressions policières sur les populations semble en net recul à Lomé, où il est désormais possible de manifester en semaine, cela n’est pas le cas à l’intérieur du pays qui demeure encore sous la chape de plomb du parti au pouvoir. Mercredi dernier, alors qu’une immense foule avait pris d’assaut les rues de Lomé pour dénoncer l’exclusion arbitraire et scélérate des députés Anc du Parlement et les propos injurieux tenus par l’eurodéputé Louis Michel à l’égard du peuple togolais, les populations de Sokodé se faisaient matraquer par les forces de l’ordre envoyées, selon les informations, par le Préfet de Thaoudjo, Tchimi Tchimbi. Leur seul tort, avoir tenté de manifester dans les rues de la ville de Sokodé pour soutenir les élus de l’Anc.
Le mercredi 23 novembre dernier, alors qu’à Lomé, les populations étaient dans la rue pour faire entendre leur voix dans le différend qui oppose le gouvernement togolais aux neuf députés proches de l’Alliance nationale de changement (Anc) abusivement exclus du Parlement, d’autres manifestants tout aussi nombreux, se faisaient matraquer à l’intérieur du pays, tout précisément dans la Préfecture de Tchaoudjo pour les mêmes raisons : exiger le retour sans délai des députés Anc au Parlement. Cette agression contre les manifestants, aurait fait, selon nos sources, plusieurs blessés dont un cas grave.
Dans une correspondance adressée au Préfet de Tchaoudjo, Tchimi Tchimbi, suite à cette violence gratuite exercée sur les populations par les personnes qui étaient censées les protéger de ces genres d’agression, le président du bureau fédéral de l’Anc, section Tchaoudjo, Mama-Séidi Mourtala a vigoureusement dénoncé la hargne avec laquelle les forces de l’ordre envoyées par le préfet ont opéré dans leur tentative d’étouffer la manifestation malgré le respect de toutes les procédures relatives à l’organisation de ces genres de manifestations. « Malgré les copies des lettres adressées au ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales et au ministère de la Sécurité concernant les marches de protestation prévues pour les 19 et 23 novembre 2011, vous nous avez demandé de surseoir à celle de samedi 19 novembre et de ne retenir que celle de mercredi 23 novembre », écrit le président de l’Anc, section Tchaoudjo dans sa lettre. Dans la répression qui s’est abattue de façon subite et inattendue sur les manifestants de Sokodé, Mama-Séidi Mourtala signale qu’il y a eu des blessés dont un cas grave, « celui de M. Sama Agoro qui est blessé à l’œil gauche ». Et Mama-Séidi Mourtala de s’interroger sur la place réelle de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) dans la société togolaise si au moment où elle prône la réconciliation et l’apaisement, des forces de l’ordre continuent de violenter les populations. « Nous estimons que la plaie des fils de Tchaoudjo au lieu d’être pansée, s’élargit de plus », déplore le président de l’Anc section Tchaoudjo. « C’est dire, poursuit-il à l’adresse du Préfet de Tchaoudjo, que nous ne pouvons plus compter sur votre collaboration ». Tout est dit.
O. A.
Liberté N° 1103 du mardi 29 novembre 2011