Jeudi dernier, une scène pour le moins insolite a été observée presque sur tous les grands axes routiers. Les grandes affiches à l’effigie du Fils de la Nation étaient en train d’être arrachées. De Djidjolé à Adidogomé, ou que ce soit sur l’avenue des hydrocarbures ou sur le boulevard Eyadéma, plus une affiche visible du jeune monarque. Les trompettes apocalyptiques auraient-elles sonné pour l’UNIR ?
Jamais création d’une formation politique n’aura suscité autant de bruits et de commentaires sur la Terre de nos Aïeux. Pourtant, en dépit de tous les moyens astronomiques déboursés, l’UNIR, ce parti qui devrait redonner à Faure Gnassingbé la virginité politique dont il a tant besoin, se trouve dans la peine. Le RPT quant à lui, s’en est allé et ironie du sort, c’est le fils de son fondateur qui lui a administré la dose létale. Il incarnait trop de mauvaises pratiques et cristallisait la haine de la plupart des Togolais. Entre le congrès de Blitta qui a acté sa « fusion-dissolution », comme ils l’ont appelée, masquant ainsi le terme de dissolution, et celui d’Atakpamé qui a accueilli la naissance par césarienne du nouveau bébé, beaucoup de choses se sont passées. Faure Gnassingbé a beau multiplier les consultations, l’aile dure du RPT est restée implacable, impassible.
Mais UNIR a été créée tout de même, non sans peine. UNIR, contraste saisissant, naissait dans la discorde la plus totale. Et plus de trois mois après sa création, ce sont les affiches du parti que l’on arrache. Et la scène n’a rien d’un acte de « badauds », pour emprunter le terme à l’irrévérencieux et arrogant Gilbert Bawara, ou encore de personnes aigries contre Faure Gnassingbé. L’opération a bien été ordonnée depuis le sommet de l’Etat. Alors pourquoi ? Il y a là une énigme difficile à percer. Et toutes les investigations pour connaitre les réelles motivations de cet acte inhabituel semblent se heurter à un véritable mur. Personne au sein de l’entourage de Faure Gnassingbé n’ose aborder le sujet. L’affaire serait classée « Secret d’Etat ». Un silence devenu assourdissant qui dope les conjectures et supputations de certains analystes.
Selon certaines explications obtenues, cette situation s’expliquerait par la pression médiatique hostile à la campagne politique avant l’heure que mène en toute illégalité Faure Gnassingbé. Vrai ou faux ? Faure Gnassingbé est connu pour être un vrai dur à cuire, quelqu’un qui ne fait que ce qu’il veut, quitte à foncer droit au mur. Mais aurait-il accepté, à retardement de se mettre sous la coupe de la légalité ? Difficile à dire.
D’après d’autres indiscrétions, l’UNIR serait au bord de la tourmente. Car depuis sa création à coup de grand renfort médiatique et de campagnes déguisées y compris sur les médias publics sous le regard complaisant de Tozoun et ses collabos.de la HAAC, le parti ne semblerait pas en bonne posture. En effet, depuis l’ouverture des adhésions à ce parti, l’UNIR ne déchaine pas les passions. Ce n’est pas non plus la bousculade à son siège à Agbalépédogan ou encore les longues files d’attente. Le siège est clairsemé.
Il est donc évident que ce parti peine à rassembler les Togolais, n’en déplaise aux promoteurs du spectacle d’humour dénommé: «s’unir pour rire». Cette analyse est d’autant plus pertinente que Faure Gnassingbé n’a pas réussi à aplanir les résistances au sein du défunt RPT. Ceux qui soutiennent cette thèse ironisent d’ailleurs qu’il ne serait pas surprenant, mais alors pas du tout, de voir Faure Gnassingbé ravaler ce qu’il a vomi et de dissoudre son nouveau parti – dont le congrès constitutif est plusieurs fois reporté déjà mais qui dispose tout de même de récépissé – et de ramener sur la scène politique le RPT. Vers une résurrection du RPT à l’image du phoénix, cet oiseau qui, dans la mythologie grecque, renaît toujours de ses cendres ? On ne perd en tout cas rien pour attendre.
Magnanus FREEMAN
www.liberte-togo.com du 24 juillet 2012