Le FRAC et le CST toujours dans les rues pour dénoncer la dictature au Togo

Le FRAC et le CST étaient encore dans les rues ce samedi

L’urgence d’une remobilisation des troupes à l’ordre du jour

 

Comme tous les samedis et ce, depuis la proclamation des résultats frauduleux des  élections présidentielles de l’année 2010, les responsables politiques dont les partis composent le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC), se sont donnés pour objectif, la contestation desdits résultats à travers une marche de protestation suivie de meeting d’informations. Cette dynamique créée a permis aux responsables du  Collectif « Sauvons le Togo » (CST) de les rejoindre, avec comme objectif précis, de faire pression sur les autorités togolaises afin que les vrais coupables des incendies qui ont ravagé les marchés du Togo, soient connus et châtiés conformément aux lois de la République. Ils étaient donc nombreux ce samedi 10 février 2013 dans les rues de Lomé à crier haro sur le pouvoir tyrannique RPT-UNIR. 

La traditionnelle manifestation des responsables du FRAC s’est une fois encore déroulée conjointement avec les responsables et militants du Collectif «Sauvons le Togo » (CST), ce samedi. Cette manifestation a rassemblé des milliers de manifestants, aux côtés des différents responsables politiques, en l’occurrence le leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Jean-Pierre FABRE. Hommes, femmes, jeunes gens, jeunes filles, vieux, vieilles et même des enfants ont montré à la face du monde leur colère et dénoncé les autorités togolaises en empruntant les principales artères de la capitale togolaise aux cris de « Hélu ». Dans leur progression vers le point de chute, la plage de Lomé, en face de l’hôtel de la paix, la foule de manifestants a chanté et dansé aux rythmes du groupe folklorique Blékété1 et 2. Sur les pancartes tenues pour la circonstance, on pouvait lire des slogans tels que : « Non à la falsification et aux montages. Libérez les personnes détenues arbitrairement », « Exigeons l’évacuation sanitaire de Adjinon Lambert » etc.

Les différentes interventions du meeting

Dans leur ensemble, les interventions ont été brèves et précises. Madame KUEVI, la première à prendre la parole, a dénoncé la politique de deux poids deux mesures qu’adoptent les autorités togolaises en acceptant que certains citoyens, en l’occurrence les enfants du feu Eyadema Gnassingbé soient détenteurs d’armes à feu, sans permis de port d’armes. « Les dirigeants ont ramassé jusque dans nos villages, les armes à feu, y compris celles traditionnelles utilisées par les chasseurs de brousse et pourtant on en retrouve chez les enfants à Eyadema. Pourquoi eux, doivent-ils en posséder et pas les autres ? », s’est-elle demandée. La militante de l’ANC a regretté l’état de délabrement avancé des hôpitaux togolais qui sont devenus de véritables mouroirs.

Quant à Madame Dovi Amouzou d’Obuts, l’une des responsables des femmes du CST, reconnue pour son franc parler, elle a tout d’abord fait une commission des autorités togolaises à l’assistance, en ces termes : « Quelqu’un m’a demandé de vous saluer et de vous dire merci parce qu’à l’étape où ils sont maintenant, ils sont fatigués. Tout ce que je veux de la part des citoyens togolais, c’est la prière. Connaissez-vous cette personne, a-t-elle lancé à l’assistance ? C’est le capitaine Akakpo ». L’assistance a répondu par des cris et des hués. « Ils sont déjà fatigués.   Leur plan machiavélique tombé à l’eau», a-t-elle martelé avant de remercier les mutuelles qui portent leur assistance aux femmes victimes des incendies : « Ils ont accepté nous aider de nouveau en prêtant de l’argent pour qu’on reprenne petit à petit nos commerces ».

Le premier-vice de l’ANC, Patrick Lawson, après avoir donné les raisons de son absence aux précédentes manifestations, a assimilé la réaction des populations togolaises dans l’affaire des incendies, à celle qui a prévalu au lendemain de l’assassinat du premier Président togolais élu, Sylvanus Olympio, où seul son fils Bonito était sorti dans les rues pour dénoncer cela : « Seul Bonito était seul  dans les rues de Lomé à dénoncer l’assassinant de son feu père Sylvanus », a indiqué Patrick LAWSON. Très remonté contre les auteurs de ces incendies, Patrick Lawson a invité les populations togolaises à s’armer de courage et à se lever comme un seul homme pour barrer la route à ce pouvoir tyrannique. « Nous devons nous mettre à genoux et prier », a-t-il recommandé avant d’ajouter qu’il urge que la mobilisation se généralise sur toute l’étendue du territoire national et qu’elle ne s’essouffle pas jusqu’à la victoire du peuple sur cette dictature de père en fils qui saigne  notre pays depuis tant d‘années.

Le Coordonnateur national du CST, Maître Zeus Ajavon pour sa part, s’est réjoui de voir ses concitoyens répondre massivement à chacun des appels  lancés par le FRAC et le CST. « Quand je vous voie comme-ça, je suis heureux surtout quand on vous invite à participer à la quête, volontairement vous vous levez. Je suis heureux de savoir que vous ne venez pas ici pour toucher 2000 F comme cela se fait ailleurs, c’est plutôt vous  qui nous donnez ce que vous pouvez pour soutenir notre lutte commune. Ça prouve que vous voulez que ça change au Togo», s’est-il réjoui. Puis, abordant la question des incendies des marchés, Maître Zeus Ajavon désigne le système RPT-UNIR comme responsables de ces incendies en ces termes : « Ce sont eux qui ont mis le feu aux marchés. Je l’affirme pour qu’ils l’entendent bien. N’ayez pas peur» Selon Zeus Ajavon, l’incendie du grand marché de Lomé a été l’œuvre de spécialistes, lui a confié un de ses amis soldats qui a suivi à la télévision l’incendie. CE soldat aurait précisé qu’il s’agit bien d’une œuvre d’artificiers : « N’importe qui ne peut pas faire ça ». A l’en croire, avant de mettre le feu au grand marché, les auteurs auraient pris soin de défoncer les caisses pour faire main basse sur l’argent des commerçantes. « Mais, s’ils nous disent que le feu a tout brûlé, pourquoi n’avons-nous pas trouvé les billets brûlés et plus encore les pièces de monnaie ? Où sont-ils passés ? », s’est-il interrogé avant d’ajouter : « Ce sont eux qui ont fait ça. Je le répète ». Aux dires de Zeus Ajavon, même si on a retrouvé les cocktails Molotov au siège de l’ANC, cela n’a rien à voir avec l’incendie du grand marché de Lomé puisque, rappelle-t-il,  « Le cocktail Molotov est le moyen de défense des manifestants contre les forces de répression dans tous les pays du monde. C’est clair». Au sujet des jeunes arrêtés, l’orateur a laissé entendre ceci : « C’est ce que savez que vous avez vu et entendu que vous direz non ce qu’on vous a dit de dire. Eux-mêmes ne savent pas le risque qu’ils courent en acceptant qu’ils en sont les auteurs alors qu’ils ne sont pas. S’ils acceptent, leur peine sera lourde après le verdict », a-t-il informé l’assistance. Pour la suite de la lutte, le Coordonnateur national a souhaité que l’opposition unisse ses forces pour les prochaines manifestations. A cet égard, il a lancé un appel aux responsables de la Coalition « Arc-en-ciel » et a porté à la connaissance de l’assistance que le jeudi 14 février 2013, une messe sera dite à la cathédrale de Lomé pour demander à Dieu la consolation des cœurs des femmes victimes. Le vendredi 15 février, un meeting rassemblera les militants et sympathisants de l’opposition au terrain de sport prêt du collège Saint Joseph de Lomé et le samedi 16 février, une marche conjointe FRAC-CST débutera à la station d’essence de Tokoin Gbadago, avec comme point de chute la plage de Lomé en face de l’Ambassade d’Allemagne.

Le leader de l’ANC, Jean-Pierre Fabre a été la dernière personne à prendre la parole. Il a remercié les membres du groupe « Blékété » Puis, se prononçant sur la démobilisation des militants, il a laissé entendre que c’est tout ce qui se passe dans le pays, allusion aux arrestations, qui a démotivé et démobilisé certains. « Ne soyez pas démotivés puisque c’est ce qu’ils veulent. C’est pour cela ils ont inventé ce gros mensonge pour arrêter les gens », a-t-précisé. Sans langue de bois, il a dénoncé le régime togolais pour avoir fait du mensonge et de la délation leur leitmotiv. Pour preuve, il a informé l’assistance de ce qui se raconte à l’étranger à propos des autorités togolaises: « Au Togo, plus c’est gros, plus ça marche ». Jean-Pierre Fabre a par ailleurs indiqué que c’est au Togo qu’on s’adonne à des choses anormales et inédites et ça passe. Parlant de la lutte, le leader de l’ANC a demandé aux populations de s’armer de courage et de détermination car, explique-t-il : « Quand nous avons débuté cette lutte, nous savions que ça ne sera pas facile ». C’est avec gravité que le Président national de l’ANC a condamné les atrocités commises sur les populations par les  des forces de l’ordre et de sécurité. Ils ont ainsi, en toute impunité, crevé les yeux de deux militants les 12 juin 2012 et 11 janvier 2013, a-t-il précisé en ajoutant : « C’est inadmissible. Nous aiderons  ces personnes à porter plainte contre x parce que ce n’est pas possible que quelqu’un parte de la maison pour une manifestation pacifique et qu’il revienne borgne. Je dis bien ce n’est pas possible». Pour terminer, Jean-Pierre Fabre a lancé un vibrant appel à la remobilisation populaire, invitant les populations à prendre massivement part aux prochaines manifestations des 14, 15 et 16 février prochains. « Que personne ne vous dise que ce que nous sommes entrain de faire n’est pas bon. C’est bon et nous le continuerons de plus bel », a-t-il conclu.