Le CST Lance la semaine contre l’impunité

Vibrants hommages à Tavio AMORIN

 

Le Collectif « Sauvons le Togo » ne désarme pas dans sa lutte contre le pouvoir de Lomé.  Des meetings  de dénonciation et des actions  sont encore au palmarès de ce Collectif  qui ne baisse pas les bras devant les pratiques du pouvoir RPT/UNIR.  Dans la foulée des activités, une conférence  de presse a eu lieu hier à Brother Home à Lomé pour lancer une série  de manifestations au nom d’une semaine contre l’impunité  au Togo.  Des victimes de l’impunité dont Tavio Amorin seront honorées  au cours de cette semaine.

Le respect des droits de l’homme et le règlement  de la question de l’impunité ; la mise en œuvre effective du rapport  de la CNDH sur la torture ; la nécessité  de l’assainissement  de la situation sociopolitique  au Togo ; les réformes constitutionnelles et institutionnelles etc.,  telles étaient les exigences que le  Collectif  entend réitérer aux tenants du pouvoir à travers cette série d’activités qui sont au menu de la semaine.   Emission radio sur le 20è anniversaire  de l’assassinat de Tavio Amorin, projection de films  sur  sa vie, concerts  des artistes en son honneur, marche contre l’impunité sont autant d’activités  qui vont meubler la semaine.

Le coordinateur du CST, Me Zeus Atta Messan AJAVON, situe le sens de leur combat : « Le  Collectif a fait de la question de l’impunité, un point important de sa plateforme  car  elle constitue  un élément important  de la décrispation de la situation  sociopolitique  togolaise  avant que ne soit envisagée la tenue de toute échéance  électorale  au Togo. ».

Le Collectif, a au cours de la conférence cité d’autres cas d’impunité notamment celui du père de l’indépendance, Sylvanus Olympio, Laurent Djagba, assassiné en détention en 1970, de même que Homère Aka Adoté, en 1985, Marc Atidépé, assassiné lors de l’attentat de Soudou le 05 Mai 1992,  et d’autres démocrates lâchement assassinés tout au long  des 40 ans de règne  du clan Gnassingbé. Les massacres de masse à l’instar de la Lagune de Bè, de Fréau Jardin, des différentes échéances électorales  de 1993, 1994, 1998, 2003 et surtout le génocide  de 2005 ne sont pas passés sous éteignoir. Une personnalité non des moindres sera honoré particulièrement à titre posthume : il s’agit de Tavio Amorin assassiné le 23 Juillet 1992 dans des conditions non encore élucidées et dont le Collectif voudrait marquer la mémoire de façon spéciale. Au moment des faits, Tavio  Amorin âgé de 33 ans, était Premier secrétaire du Parti socialiste panafricain (PSP) ; membre fondateur du Mouvement patriotique du 05 Octobre (MO5) ; secrétaire  général  du COD II ; membre du Haut Conseil de la République (HCR), organe transitoire issu  de la conférence nationale souveraine de Juillet-Août 1991. Vingt ans après, l’un des présumés auteurs dont la carte professionnelle portait le nom de KAREWE Kossi, gardien de la paix en service à l’Ecole de police,  a été retrouvée sur les lieux du drame, n’est nullement inquiété.

Parlant toujours de l’impunité,  le CST a dénoncé le « cynisme et l’hypocrisie » qui caractérisent le régime au pouvoir. En témoigne la mise en veilleuse des recommandations des rapports de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) et d’autres rapports antérieurs tels ceux de la Commission  de vérification des faits  de l’ONU (Mission Doudou Diène) en 2005 et des Missions d’Observation Electorale qui sont demeurés dans les tiroirs.

Rappelons que dimanche dernier, le Collectif  avait organisé  un meeting d’information et de sensibilisation  du public au stade Oscar Anthony de Béniglato sur la semaine de l’impunité. Plus tôt dans la journée de samedi 21 Juillet,  le Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC) dont  la majorité des manifestations sont réprimées à coup de grenades lacrymogènes,  a drainé  des milliers des sympathisants dans les rues de Lomé  à travers une marche qui a chuté à la plage. Les  manifestants fredonnaient à cœur joie des chants et se livraient aux danses du terroir. En tête de peloton, ont pris position Mes Zeus Ajavon, Abi Tchessa, Jil-Benoît Afangbédji, Raphael Kpandé-Adzaré, Jean-Pierre Fabre, Abgéyomé Messan Kodjo et d’autres personnalités. Cette manifestation du FRAC fait suite à l’attaque du domicile du président de l’Alliance Nationale de Changement (ANC), Jean-Pierre Fabre, le 14 juillet dernier en marge d’une autre manifestation réprimée sans ménagement. Les responsables  du FRAC ont  rappelé leur détermination à ne pas céder devant les intimidations et les répressions d’où qu’elles viennent.

Jean-Baptiste ATTISSO

L’Indépendant express N° 220 du 24 juillet 2012