Le CST fortement représenté à la messe en mémoire de Tavio Amorin
29 Juillet 1992 – 29 juillet 2012, cela fait 20 ans qu’un grand combattant de la démocratie au Togo, Tavio Tobias Ayao Amorin a été lâchement fauché à Lomé par des éléments du régime d’Eyadema. Le dimanche 29 juillet 2012, une messe d’actions de grâce a été concélébrée en sa mémoire à l’église catholique Notre Dame de la rédemption de Bè-Klikamé. Etaient présents, les membres de la famille, des acteurs politiques et des responsables du Collectif «Sauvons le Togo» (Cst).
« Nous sommes là pour nous rappeler de cette mort si injuste, si anormale, si insensée…». Tels ont été les propos du Curé de la paroisse Notre Dame de la rédemption de Bè-Klikamé, le père Sébastien Laurence Boccovi qui, à l’ouverture de la messe autour de 11 heures 30 minutes, est revenu sur le cruel assassinat de Tavio Amorin le 23 juillet 1992. Depuis l’autel où il a concélébré la messe avec son confrère, Paul Kuévi, ancien Curé de ladite paroisse, Sébastien Boccovi a, avant de commencer la liturgie de la parole, invité les fidèles chrétiens à une prédisposition d’esprit pour accueillir le message de ce dimanche 29 juillet 2012 fondé sur la réconciliation.
Et comme à évènement spécial, invité spécial, parmi les chrétiens qui ont fait le déplacement de la paroisse de Bè-Klikamé, outre les membres de la famille Amorin (la maman de Tavio, sa grande sœur, Alexandre, son frère …), on retrouve des responsables du Cst, notamment Jean-Pierre Fabre, Patrick Lawson, Isabelle Améganvi, Eric Dupuy, Agbéyomé Kodzo, Jil-Benoît Afangbédji, Raphaël Kpandé-Adjaré, Aimée Gogué et Francis Pedro Amuzun. D’autres acteurs politiques à l’instar d’Antoine Folly de l’Uds-Togo et l’ancien ministre Alipui du Gradd, pour ne citer que ceux-là.
Après lecture des textes liturgiques, surtout l’évangile tiré de Saint-Luc, chapitre 15, verset 11 à 32 connu des fidèles chrétiens comme l’évangile de l’ « enfant prodigue », le père Boccovi en donnant l’homélie, s’est plus attardé sur la réconciliation. Pendant près de vingt-deux minutes, l’officiant a invité les fidèles à s’écarter de la vengeance et à s’adonner à la culture de la paix, de la non-violence et de la réconciliation nationale. Avant de clôturer son homélie, il est revenu sur la vie de l’illustre disparu : « Tavio Amorin a lutté pour un monde nouveau. Il a la passion de la politique. C’est à la conférence nationale qu’on l’a pu découvert. Ses analyses d’une acuité extraordinaire et ses diagnostics sidéraient tout le monde. Il voulait la vérité, rien que la vérité. Il voulait un lendemain meilleur, fait de justice, d’amour et de faits véritables. C’est un homme convaincu de la cause qu’il défend. Sa détermination va lui coûter la vie… ». Ces phrases du prêtre, c’était peu avant la liturgie de l’eucharistie, c’est-à-dire le temps de l’eucharistie.
Passé le temps de la communion, toute l’église s’est plongée dans une profonde médiation sous l’influence des termes à effet coercitif d’une chanson intitulée « Réconciliez-vous », exécutée magnifiquement par la chorale Notre Dame de la rédemption. Les termes de ladite chanson sont on ne peut plus évocateurs de la détermination des chrétiens à aller inévitablement vers une réconciliation nationale : «…Dans notre monde ingrat et plein d’agitation, ouvrons nos cœurs et vivons dans la réconciliation. Que chaque jour soit la fête pour aimer, la réconciliation entre les nations, entre les familles, entre les frères et sœurs du même sang. Réconciliez-vous dirigeants de nos pays, réconciliez-vous pour dissiper vos conflits. Soyez les guides luttant pour plus de justice envers les opprimés, abusés, oubliés, repoussés. Réconciliez-vous avec tout l’univers. Que notre monde soit achevé dans l’unité ».
Vers la fin de la messe, un petit grain de sable a failli plomber l’ambiance de la célébration, car montant sur l’autel pour donner le reste du programme à la demande du prêtre, Alexandre Amorin, frère de Tavio a ouvert une brèche : « Ce qui est arrivé il ya 20 ans est resté pour nous une douleur. Certes, on parle de la réconciliation, mais cela ne peut se faire que dans la justice et la vérité… ». Soudain, on entend une autre voix sifflée fort dans un micro : « Le programme de la famille, le programme de la famille… ». Cette voix était celle du prêtre Boccovi arrêtant Alexandre Amorin dans son élan. On a aussitôt compris que l’officiant de la célébration ne voulait plus qu’il aille sur ce terrain. Visiblement, Alexandre Amorin s’est un peu senti mal à l’aise. Cependant, il a repris la parole pour terminer sa phrase : « Que la réconciliation se fasse dans la justice ». Il a ensuite donné le reste du programme et a quitté l’autel. A la suite de cette déclaration, l’église devient bruyante pour un moment. Proche de nous, une fidèle chrétienne, dépitée, a déclaré : « Vraiment qu’il a raison de parler ainsi ».
La messe a pris fin à 13 heures 15 minutes et les familles parentes, alliées et amies se sont dirigées vers le domicile de la maman de Tavio.
Au sortir de la célébration du vingtième anniversaire de décès de Tavio Tobias Ayao Amorin, le président national de l’Anc, Jean-Pierre Fabre a accepté donner ses impressions : « c’est un véritable gâchis pour le Togo, la mort de Tavio Amorin ».
Sylvestre Beni
Actu Express N° 205 du 31 juillet 2012