Les turpitudes d’un tortionnaire patenté
Le Colonel Massina réagit et se prend pour un extra- terrestre
Le colonel Massina tel un rat d’égout parle, depuis son cachot de l’ANR. A notre confrère, « Le Combat du Peuple» qui l’a eu au téléphone, au sujet des menaces contre les journalistes, le tortionnaire attitré a dit que « Si ceux qui font ce genre de déclarations sur RFI s’imaginent que l’ANR c’est le grand marché où tout se dit et se sait, ils se sont fourvoyés. » Ces propos témoignent de l’état d’esprit du sinistre colonel qui, se prenant sans doute pour un extraterrestre se croit tout permis. Quand un agent secret ouvre la bouche c’est pour dire ce qui l’arrange dans le but de faire répercuter ce qu’il veut faire croire.
Yotrofei est imbibé dans une illusion totale qui lui fait croire qu’il accomplit ses basses œuvres dans une tour d’ivoire et dans le secret absolu et donc à l’insu de tous. Pourtant, ceux avec qui il travaille ne sont pas des robots et ne vivent pas en dehors de la société togolaise. Son réseau de mouchards composé de gens de tout acabit n’opèrent pas sur une autre planète. Ils sont parmi nous. On sait que Massina agit par personnes interposées et qu’il a des zémidjan, des menuisiers, des commerçants et même des journalistes qu’il entretient avec des fonds colossaux mis à sa disposition par la présidence de la République.
Mais l’histoire des renseignements montrent que l’espionnage est un couteau à double tranchant et qu’aucune structure de renseignement n’est suffisamment organisée pour être à l’abri des fuites. Récemment la toute grande puissance des Etats-Unis qui se targue d’avoir les meilleurs services de renseignement scientifique au monde a vu les câbles diplomatiques déversés sur la place publique par Weakileaks. Comme quoi, on n’est jamais assez fort pour échapper à la surprise. Massina a-t-il sondé le cœur de ceux qui travaillent avec lui pour savoir s’ils approuvent ou non toutes ses basses besognes ?
S’agissant des menaces à l’encontre des journalistes, il faut être tombé sur la tête pour attendre d’avoir les preuves pour s’en préoccuper dans ce pays qui est le nôtre et où les habitudes n’ont pas du tout changé. En raison de la gravité des actes qu’il pose et qui suscitent la désapprobation totale dans l’opinion, Massina ne peut jamais accepter ce qu’on lui reproche même si on le prend la main dans le sac puisqu’il est convaincu que personne ne peut-être au courant de ses basses œuvres.
Il est vrai que les menaces font partie du quotidien des journalistes et personne n’en doute. Comme le dit Henry James « un journaliste ne peut espérer faire du bien sans s’attirer une bonne dose de haine. » Mais dans ce petit pays de Faure et de Massina, on sait comment fonctionne le système en place. C’est parce que des pressions font partie des risques du métier que les journalistes ne montent pas tous les jours au créneau pour dénoncer les menaces à leur encontre. Dans le cas d’espèce beaucoup de choses n’ont pas été dites. D’abord on sait comment Massina conspire contre les journalistes. Il ne peut nier avoir contacté certains directement ou par personnes interposées pour leur proposer de ne pas parler de tel ou tel dossier sensible, et ce contre des espèces sonnantes et trébuchantes les pires menaces commencent par là. Mais personne n’a évoqué cet aspect sur la place publique. Mais quand en plus , on reçoit une alerte de la part d’un informateur discret indiquant que le même personnage aurait tenu une réunion en présence de deux journalistes pour discuter des méthodes visant à régler des comptes à certains journalistes il y a lieu de prendre l’alerte au sérieux et c’est ce que SOS journaliste a fait en prenant l’opinion publique nationale et internationale à témoin. C’est une démarche normale et légitime.
A ceux qui prétendent, pour le couvrir, que Massina est un personnage jovial et inoffensif, il faut rappeler que tous ceux qui posent des actes ignobles présentent toujours une apparence trompeuse. On rappelle que Massina avait de très bonnes relations avec Kpatcha avec qui il avait l’habitude de déjeuner mais cela ne l’a pas empêché de soumettre l’ex-ministre de la Défense à la torture physique et psychologique en interdisant aux enfants de Kpatcha et à son épouse de lui rendre visite.
Dire qu’il faut attendre d’abord les preuves avant d’user du droit de manifester pour alerter l’opinion dans cette affaire, est une blague de mauvais goût. Il nous souvient qu’en 1992, en pleine crise socio-politique, des rumeurs avaient couru au sujet d’un assassinat programmé contre des responsables politiques et des journalistes. Bien évidemment Eyadèma et ses lycaons avaient nié l’éventualité d’un tel projet funeste et avaient exigé des preuves. Ces preuves sont malheureusement arrivées quand Tavio Amorin et Léopold Ayivi Togbassa ont été zigouillés. Les deux personnalités ne sont plus de ce monde pour savoir que ces rumeurs étaient fondées.
Des gens ont tué et continuent de tuer mais aucune enquête n’a jamais élucidé la moindre affaire d’assassinats politiques que ce pays a connus depuis le début du processus démocratique. Au Togo la meilleure façon d’enterrer les affaires de ce genre, c’est d’annoncer l’ouverture d’enquêtes qui ne seront jamais clôturées. En témoignent les enquêtes ouvertes sur l’assassinat de Ahlonko Bruce, Vincent Tokofai, Gaston Edeh, Atsutsè Agbobli et tout récemment Gaston Vidada pour ne citer que ceux-là. «Sos journaliste en danger» a très bien fait d’alerter l’opinion et de porter à la connaissance des uns et des autres afin que s’il arrive malheur à un journaliste dans des circonstances bizarres un de ces quatre matins, on n’aille pas chercher loin. Souvent quand on se croit investi d’une parcelle de pouvoir, on ne tire pas les leçons du passé, on croit que ça n’arrive qu’aux autres. Sinon Massina devrait s’inspirer de la triste fin du colonel Djoua pour changer de comportement.
Abass SAIBOU
Le Regard N° 744 du 10 août 2011