Le Collectif Sauvons le Togo exige la démission immédiate et sans condition de Gilbert Bawara

DECLARATION LIMINAIRE DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU 16 AOUT 2012

 

Le mardi 14 août 2012, une délégation du Collectif « SAUVONS LE TOGO » conduite par Me Ata Messan Zeus AJAVON a été reçue à la demande de Monsieur Gilbert BAWARA Ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales.

Il était entouré pour la circonstance des Ministres Damehane YARK, Doris WILSON de SOUZA respectivement, Ministre de la Sécurité et de la Protection civile et Ministre des Droits de l’homme, de la consolidation de la démocratie et de la formation civique.

La délégation du CST était composée outre  Me Zeus AJAVON, de M. Agbéyomé KODJO, Me Raphaël KPANDE-ADZARE, Me Jil Benoît AFANGBEDJI, M. Tchakoura BODE et M. Edem ATANTSI.

Cette rencontre qui a duré près de trois heures, s’inscrivait principalement dans le cadre l’organisation de la marche suivie du sit-in prévue par le CST les 21,22 et 23 août 2012.

A l’entame de cette séance de travail, la délégation du CST  a rappelé au Ministre BAWARA, l’indignation du Collectif et de la population sur le mépris par lequel il traita de « badauds » les manifestants de la marche des 12,13 et 14 juin 2012, déniant au CST sa légitimité et sa légalité, et affirmant en outre qu’il n’y a aucune crise au Togo, faisant ainsi preuve de cécité politique et de malhonnêteté intellectuelle.

La délégation du CST a par ailleurs affirmé que sa présence à cette rencontre  se justifie uniquement par son seul attachement au respect des valeurs  et des institutions républicaines.

Gilbert BAWARA a abordé l’ignoble agression dont la délégation du CST a été l’objet à Kara lors de son passage dans cette ville où des dispositions avaient pourtant  été prises pour un meeting d’explication de la plate forme citoyenne pour un Togo démocratique, meeting qui a été malgré tout empêché par des miliciens instrumentalisés et stipendiés armés de gourdins et de machettes.

Des échanges intenses et vifs ont marqué les discussions  sur ce sujet  que certains membres de la délégation gouvernementale, ont malencontreusement tenté de justifier sans succès.

La  délégation du CST a, pour sa part, élevé une vive protestation contre cette appréciation hasardeuse qui rabaisse l’Etat,  et  n’a pas manqué de rappeler les tragiques conséquences que ce petit  jeu malsain a  laissé dans la mémoire collective de notre nation au début  du processus de démocratisation de la vie politique au  Togo  dans les années 90.

Elle a en outre exprimé sa  profonde indignation et  sa vive  préoccupation, et a relevé que de telles dérives sur fonds de tribalisme constituent de graves précédents contre  lesquels l’inaction du  gouvernement signerait sa complicité, et donnerait raison aux rumeurs faisant état de l’identité  des  commanditaires de cet acte de banditisme caractérisé et d’incivisme aggravé.

La délégation du CST a demandé à cet effet  l’ouverture immédiate d’une enquête pour démasquer  les commanditaires ainsi que les auteurs de cette agression afin de les punir sévèrement, pour décourager toute tentative de récidive.

S’agissant  de la marche suivie de sit-in à Deckon les 21, 22 et 23 août 2012, les Ministres ont exprimé leurs préoccupations sur la sécurité des biens et des personnes ainsi que l’impact économique de ces manifestations sur les activités des établissements de commerce et des  services riverains du carrefour Deckon.

A cet effet, ils ont émis une réserve sur le choix du carrefour Deckon comme point de chute de la marche et lieu du sit-in, comme le prévoyait la délégation du CST.

Les membres de la délégation du CST ont,  pour leur part, apporté des réponses idoines pour dissiper ces inquiétudes exprimées et n’ont pas manqué de faire observer que les troubles survenus lors de la précédente marche suivie de sit-in ne sont pas le fait des manifestants mais des personnes  mal intentionnées que les forces de sécurité avaient pourtant les  moyens de neutraliser  et d’interpeller.

Ils ont réaffirmé, que pour le Collectif « SAUVONS LE TOGO »  le « Carrefour DECKON  » reste et demeure le point de chute de la marche et du sit-in des 21,22 et 23 aout 2012.

La délégation du CST  a par ailleurs souhaité que les responsables du service d’ordre du Collectif se retrouvent avec les services du Ministère de la Sécurité pour une meilleure coordination de l’encadrement de la manifestation qu’elle souhaite pacifique et sans violence.

Les deux parties ont exprimé  à la fin des travaux, leur disponibilité à se rencontrer à tout  moment quand la situation l’exige pour un bon déroulement de la manifestation que le CST envisage d’organiser.

C’est avec étonnement, consternation et indignation que Le Collectif « SAUVONS LE TOGO », a appris sur les médias publics, le communiqué unilatéral au contenu fallacieux que  le ministre Gilbert Bawara a cru devoir publier  tendant à faire  croire à l’opinion que les deux parties à l’issue de la rencontre  se seraient entendues sur l’interdiction de DECKON comme lieu de chute de la marche, dans le seul et unique but malsain   de démobiliser les populations et de semer  la confusion au sein de  l’opinion.

Le CST élève une vive protestation contre cette dérive mensongère qui est la marque de fabrique du régime de Faure GNASSINGBE, et rappelle aux populations  de Lomé et de ses environs que le point de chute de la marche est bel et bien la Place DECKON, et le lieu du sit-in.

Le communiqué  signé de Gilbert BAWARA stipule entre autre, : « dans le souci de prémunir l’ensemble des citoyens non concernés par les manifestations contre les risques d’incidents et en vue de leur permettre de vaquer librement à leurs occupations, le ministre de l’administration territoriale, des collectivités locales et ses collègues ont indiqué à la délégation du CST l’interdiction d’organiser dorénavant les manifestations publiques notamment les sit-in dans les endroits précités ».

Il est à rappeler que la Constitution Togolaise en son article 14 dispose : « L’exercice des droits et libertés garantis par la présente Constitution ne peut être soumis qu’à des restrictions expressément prévues par la loi et nécessaire à la protection de la sécurité nationale ou de l’ordre public, de la santé publique, de la morale ou des libertés et droits fondamentaux d’autrui ».

Il est donc clair qu’une manifestation publique ne peut faire l’objet d’une interdiction permanente absolue et générale comme le soutient maladroitement et au mépris des dispositions légales  en la matière le  ministre Gilbert Bawara.

Le CST est d’autant plus choqué que le ministre Gilbert BAWARA présume d’avance que même les manifestations à venir sont d’ores et déjà dangereuses comporteraient des risques avérés de dérapages et de dégradation des biens publics et privés et donc interdites systématiquement.

Face à l’outrecuidance du ministre Gilbert Bawara,  personnage sans scrupule connu  pour ses propos inconvenants, impudents, outranciers et désobligeants à l’endroit du peuple togolais, et son mépris avéré des leaders de l’opposition, dont le retour au Gouvernement a été ressenti comme une provocation par la population et qui  vient d’être pris en flagrant délit de mensonge, le Collectif Sauvons le Togo ne peut qu’exprimer son indignation , sa profonde déception et son dégoût.

En effet par son communiqué en date du 14 aout 2012 au contenu fallacieux, faisant usage des arguments de mauvaise foi, des contrevérités, qui font injure aux lois de la République notamment aux  dispositions pertinentes de  la loi du 16 mai 2011, fixant les conditions d’exercice des libertés de manifestations et celles de la constitution togolaise, pour  se trouver des motifs tendant à interdire de façon permanente générale et absolue les manifestations  publiques débouchant sur DECKON, Gilbert BAWARA s’est révélé comme un faussaire, et se trouve donc indigne d’incarner une charge républicaine.

En  conséquence et à bon droit, le Collectif Sauvons le Togo  exige sa démission immédiate et sans condition  du Gouvernement de la République.

Par ailleurs, de sources bien informées, il est à signaler que le régime de Faure Gnassingbé fidèle à sa stratégie d’intimidations au lieu de se préoccuper des légitimes revendications du peuple togolais, s’organise activement à manipuler plutôt les détenteurs des boutiques dans les environs de DECKON, à  leur faire signer une pétition tendant à faire croire  qu’ils seraient hostiles au  sit-in du Collectif Sauvons le Togo. En outre des manœuvres similaires sont en cours pour sensibiliser, les habitants de DECKON  afin qu’ils expriment leur agacement face aux  manifestations du CST.

Le CST met en garde le régime en place contre ces manœuvres rétrogrades, caractéristiques d’un pouvoir aux abois et appelle les populations en général et celles vivant dans les  environs de DECKON à la vigilance et à la  dénonciation de ces machinations qui vont à l’encontre  des principes et valeurs républicains, ainsi qu’à  l’éthique au cœur de l’action politique.

Le CST tient donc à exprimer toute son indignation face à ce recul considérable que vient de connaitre la liberté de manifestation et de réunion pacifique publique dans la mesures où ce fut un pareil communiqué  du même ministère en 1994, et qui interdisait toutes manifestations les jours ouvrables à Lomé et dans les villes de l’intérieur du pays.

Le CST tient à rappeler qu’il est de la responsabilité de l’Etat d’assurer la sécurité des personnes et des biens, sur toute l’étendue du territoire national comme le rappelle les dispositions pertinentes de l’article 13 de la Constitution togolaise du 14 octobre 1992. DECKON étant une place publique et non privée, les autorités togolaises sont expressément invitées  à assumer leur mission  régalienne  au lieu de chercher par des méthodes anti démocratiques à entraver l’exercice d’une liberté fondamentale pourtant garantie et protégée par la constitution togolaise.

Le CST tient une fois de plus à rappeler avec insistance le caractère légitime, légal, pacifique et démocratique de toutes ses manifestations et demande au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour les encadrer purement et simplement comme il est de son devoir.

C’est pourquoi le Collectif « SAUVONS LE TOGO » renouvelle son appel pressant aux populations de Lomé et de ses environs ainsi que celles de l’intérieur du pays à se départir de la peur et à prendre  massivement part à la marche suivie du sit-in des 21, 22 et 23 août 2012 pour exiger :

  • La mise en œuvre immédiate des réformes contenues dans la « plateforme citoyenne pour un Togo démocratique » rendue publique le 04 juin 2012 et transmise aux plus hautes autorités de la République, notamment le Chef de l’Etat, le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée Nationale ;
  • La mise en œuvre sans délai des recommandations du Rapport de la CNDH sur la Torture et les autres formes de traitements cruels et dégradants dans l’affaire de l’Honorable député Kpatcha GNASSINGBE et ses co-condamnés ;
  • La libération immédiate de Sow Bertin AGBA conformément à l’arrêt du 20 juin 2012, rendu par la Chambre Judicaire de la Cour Suprême du Togo ;
  • L’arrêt immédiat de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ;
    • Le strict respect du droit constitutionnel de manifestation publique en tout lieu du territoire togolais, conformément aux dispositions de la Loi N°2011-010 du 16 mai 2011;
    • La restitution des matériels de sonorisation, matériels roulants, instruments de musique et autres biens meubles saisis lors des manifestations du CST en juin et juillet 2012.

Pour finir le CST invite les populations togolaises à se munir de petits drapeaux togolais, signe de notre attachement aux valeurs  de notre république.

 

Pour le Collectif,

Le Coordinateur

 

SIGNE

 

     Me Ata Messan Zeus AJAVON

Peuple togolais, par ta foi, ton courage et tes sacrifices, la nation togolaise doit renaître !

Fait à Lomé le 16 aout 2012

 

 

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