Le tout nouveau collectif créé il y a à peine deux semaines vient d’effectuer sa première activité. Il s’agit d’une journée de jeûne et de prières œcuméniques qu’il a organisée pour implorer la bénédiction divine sur les actions qu’il aura à mener dans les prochains jours et mois en vue de sortir le Togo des maux dont il souffre et qui ralentissent son développement. La journée de prières a connu son apothéose dans l’après-midi du 15 Avril 2012 au Bas Fond du Collège Saint Joseph de Lomé et vise à « laver le sang qui a souillé la terre togolaise ».
Perclus, estropiés, malades et bien portants, ils étaient plusieurs milliers de personnes à prendre d’assaut le Bas-fond du Collège où devaient se tenir les prières pour « sauver le Togo de ses ennemis ». Ils étaient là à l’appel du Collectif « Sauvons le Togo » dont les principaux responsables figuraient en bonne place. Les religieux ont aussi répondu à cet appel. Ainsi la séance de prières œcuméniques était animée par les prêtres de l’Eglise catholique, les pasteurs de l’Eglise presbytérienne et des Imans. Ces religieux se sont succédés sur le podium dressé pour la circonstance et ont prié pour que les objectifs du Collectif soient atteints. Ces derniers ont allumé des cierges aux responsables des organisations faisant partie du Collectif qui ont à leur tour, transmis cette lumière aux participants. Selon un pasteur de l’Eglise presbytérienne, la cérémonie de la bougie consiste un pacte de fidélité que l’assemblée signe avec les responsables du Collectif et aussi un symbole pour que la prière collective « sorte le Togo de l’obscurité ».
Selon le coordinateur du Collectif, Me Zeus AJAVON, il est temps que la lumière éclaire le cœur des dirigeants togolais car « la nuit est longue mais le jour est venu », a-t-il indiqué pour parler comme une sentinelle. Il a ajouté que le temps est venu pour que les dirigeants créent des conditions pour de « vraies élections paisibles, transparentes et équitables ». Il a convié le peuple togolais à s’engager dans la voie citoyenne, celle de la vérité et non celle qui « consiste à prendre deux mille francs et à faire ce que sa conscience ne lui demande pas de faire ».
Notons par ailleurs que le Collectif « Sauvons le Togo » est une initiative de certaines associations de défense des droits de l’homme. Il regroupe outre ces associations, des organisations de la société civile et des partis politiques de l’opposition. Ce regroupement était porté à la connaissance du public à travers une conférence de presse que ses responsables ont tenu le 04 Avril dernier au centre Christ Rédempteur dans la capitale togolaise. Selon les responsables, ce collectif vise à sauver le Togo des maux dont il souffre nommément la gabegie, la concussion, la mauvaise gouvernance, les violations des droits de l’homme et autres. C’est au vu de cela que les Organisations de la société civile et les partis politiques togolais ont jugé opportun de se mettre ensemble pour dénoncer les dérives du pouvoir en place, d’où la mise sur pied de la plate-forme dénommée « Sauvons le Togo ». Et comme son nom l’indique, ce Collectif vise, selon ses responsables, à sauver le Togo des maux dont il souffre aux plans politiques, institutionnels, économique, social etc.
Ainsi, au plan institutionnel, le Collectif déplore le fait que toutes les institutions de la République qui sont chargées de réguler la vie démocratique et de contrôler l’action du pouvoir sont malheureusement instrumentalisées. Il a pointé du doigt les intrusions intempestives de certains éléments des forces armées dans la vie politique du pays, foulant aux pieds leurs obligations républicaines d’impartialité et de neutralité.
Au plan économique, le collectif s’indigne de l’existence des réseaux maffieux qui détournent au niveau des régies financières, une part importante des recettes fiscales et douanières, entretiennent une gestion opaque des sociétés minières de phosphate, de clinker et du fer, exploitent en toute illégalité l’or et le diamant dont la vente n’est pas enregistrée dans la comptabilité nationale.
Au plan social, le Collectif révèle que la confiscation des richesses du pays par une minorité a plongé plus de 65 % de la population dans une misère effroyable.
Les violations massives des droits de l’homme constituent également une préoccupation du Collectif. Ainsi, il a condamné ces violations qui ont atteint leur summum avec les pratiques de torture et les autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants, interdites et réprimées par les Conventions des Nations Unies, que le Togo a pourtant ratifiées depuis plus de 25 ans. Les violences postélectorales et aux universités de Lomé et de Kara n’ont pas trouvé grâce auprès du Collectif.
Le Collectif se donne pour mission, de parvenir dans une dynamique unitaire d’actions, à un changement de la gouvernance actuelle du Togo par la défense, la protection, la promotion des droits de l’homme, la cessation de l’instrumentalisation de la justice , l’instauration d’un Etat de droit, la mise en place d’une armée républicaine et à la mise en œuvre de toutes les mesures visant à aligner le Togo sur les standards internationaux, le processus d’organisation et la tenue d’élections libres et transparentes.
Au rang des organisations de la société civile faisant partie du Collectif, figurent neuf structures dont ACAT TOGO (Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture, branche Togo), ATDH (Association togolaise des droits de l’homme), ATDPDH (Association togolaise pour la défense et la promotion des droits humains), CACIT (Collectif des Associations contre l’impunité au Togo), CTDDH (Coalition togolaise des défenseurs des droits humains), JDHO (Journalistes pour les droits de l’homme), LTDH (Ligue togolaise des droits de l’homme ), l’association SOS Journalistes En Danger, et Synergie-Togo.
Concernant les partis politiques, on dénombre huit à savoir : l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), l’Alliance nationale pour le Changement (ANC), le Comité d’action pour le Renouveau (CAR), la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS), le Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR), le Parti des Travailleurs et le Mouvement politique Sursaut Togo. Le Collectif reste ouvert aux autres formations politiques et aux syndicats qui le désirent, a indiqué Me Zeus AJAVON. Les violations massives des droits de l’homme et de la gestion opaque des ressources publiques ne cesseront que si les Togolais se lèvent comme un seul homme pour les dénoncer, a conclu Me Gil Bénoît Afangbedji, membre du collectif.
Jean-Baptiste ATTISSO
L’Indépendant express N° 207 du 17 avril 2012