Ce 13 janvier 2015 est marqué par une marche de protestation suivie d’un sit-in au carrefour du marché de Bè. Cette grande marche organisée par la Synergie des Organisations de défense des droits de l’Homme (ODDH), le Combat pour l’Alternance en 2015 (CAP2015), le Cercle des leaders émergents (Clé), la Fédération des Travailleurs du Bois et de la Construction (FTBC) et CIBAL-TOGO, qui devait partir de Gakpoto à 8h et prendre fin à 22h au carrefour Togotélécom à Nyékonakpoé, a été empêchée de rejoindre le point de chute prévue et contrainte d’improviser un sit-in au carrefour du marché de Bè.
Malgré l’interdiction systématique, par le ministère de l’administration territoriale, d’accéder aux lieux de rassemblement, malgré les intimidations et les menaces, les populations de Lomé ont répondu très nombreuses à l’appel des organisateurs et sont restées au carrefour du marché de Bè jusqu’à 2 3h, pour exprimer leur détermination à obtenir les réformes constitutionnelles, constitutionnelles et électorales, prévues par l’Accord Politique Global (APG) signé en 2016 par Faure GNASSINGBE et les responsables des partis de l’opposition.
Prenant la parole, vers 13h au carrefour du marché de Bè, le Coordonnateur de la Synergie des ODDH, Me Ata Messan Zeus AJAVON, a expliqué aux militants et sympathisants venus très nombreux, les raisons du choix du sit-in en ce lieu. Le Coordinateur de la Synergie des ODDH a eu toutes les peines du monde pour persuader les populations, décidées à braver les interdictions qu’elles jugent inacceptables et aller au Carrefour Togotélécom comme prévu, quitte à affronter les forces de l’ordre.
Avant les nombreuses interventions qui se sont succédées, jusque tard dans la nuit, une minute de silence a été observée en la mémoire du Père de la Nation Togolaise, le Président Sylvanus OLYMPIO, lâchement assassiné au petit matin du dimanche 13 janvier 1963.
Dans son intervention, Bodé TCHAKOURA, du Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR), a rappelé que le CAP 2015 n’a jamais établi de lien entre les réformes et les candidatures à la présidentielle de 2015 : « Dans tous nos travaux au sein de CAP 2015, nous n’avons jamais lié les réformes à la candidature de Faure Gnassingbé. Nous devons mener la lutte jusqu’au bout pour réorganiser le pays ». Pour avoir pris part à la mobilisation populaire du 15 décembre 2014 à Sokodé, Bodé TCHAKOURA a tenu à rappeler que les populations togolaises, dans leur entièreté, du Nord au Sud, veulent le changement et la limitation du mandat présidentiel : « A plusieurs reprises, ils ont fait croire que c’est seulement à Lomé que les gens ont la vertu de la liberté. Au-delà de ce que les gens pensent, les populations de Sokodé sont aussi éprises de liberté. La preuve, malgré toutes les manifestations que le RPT/UNIR a organisé dans la ville, les populations sont sorties nombreuses pour accueillir CAP 2015 et son candidat Jean-Pierre Fabre ».
La Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), par la voix de son représentant, Pascal ADOKO, à travers une anecdote dénommée « le jugement du pont d’Aného », décrit la situation politique actuelle du Togo et conclut : « qu’on ne peut pas indéfiniment, demander au peuple togolais de faire des concessions, de tout céder pour être agréable au prince et favoriser la pérennisation ». Pour terminer Pascal ADOKO a invité les populations à voter massivement, le moment venu, pour le candidat de CAP 2015, en lui accordant plus 90% des suffrages exprimés.
Maître Isabelle Manavi AMEGANVI, Présidente du groupe parlementaire ANC, pour sa part, a fait le point sur les discussions, à l’Assemblée nationale, relatives à la proposition de loi de révision constitutionnelle déposée par l’opposition, concluant que c’est bien le RPT/UNIR qui fait feu de tout bois pour empêcher les réformes politiques préconisées par l’Accord Politique Global (APG) signé en 2006. . Puis elle a expliqué les raisons qui ont conduit les députés ANC à refuser de voter la loi de finances 2015. Maître Isabelle Manavi AMEGANVI a, notamment, déploré la réduction drastique des budgets de l’éducation et de la santé, pendant que le budget pour le financement de FIANFI est passé de 3 milliards à 12 milliards sans qu’aucune ligne de recette enregistrant les remboursements de ce crédit, n’apparaisse dans la loi de finances.
Prenant la parole vers 18h, le candidat unique de l’opposition, Jean- Pierre FABRE, a de son côté, appelé les Togolaises et les Togolais à la mobilisation générale, une mobilisation à la hauteur des aspirations profondes du peuple togolais tout entier. En effet, « qui veut la paix sans combattre n’a jamais cette paix. Il n’a que le déshonneur » a-t-il précisé, citant le Général Charles de Gaulle.
Jean-Pierre FABRE a également rappelé que : « l’APG a valeur constitutionnelle puisqu’il a été signé pour régler une crise nationale d’une gravité notoire. Vouloir aujourd’hui, neuf ans après sa signature, négocier l’adoption et la mise en œuvre d’un tel accord est la preuve de l’arrogance et de la mauvaise foi de Faure GNASSINGBE. Il est grand temps d’en finir avec la loi du plus fort au Togo. Nous serons dans la rue tant que cela sera nécessaire et jusqu’à l’obtention des réformes politiques ».
Les interventions se sont poursuivies tard dans la nuit et les populations sont invitées à se réunir au même endroit dès demain matin à 8h pour une deuxième journée de sit-in de protestation.
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