La ville de Kara semble en état de siège depuis l’ultimatum des étudiants demandant à Faure de quitter le pouvoir


            Depuis les mouvements estudiantins qui ont secoué la ville de Kara , chasse gardée  du RPT, et surtout suite à l’ultimatum donné à Faure Gnassingbé de quitter le pouvoir faute  de  trouver une solution idoine à leurs revendications, la ville de  Kara semble en état de Siège. Partout, on trouve, dans les points névralgiques , des hommes en uniformes armés jusqu’aux dents nuit et jour, visages cagoulés. 

D’après notre correspondant dans la ville de Kara et au regard des dispositifs militaires pris dans la région ces derniers jours, même hier mercredi 28 décembre au moment où nous bouclions, nous pourrions, sans peur d’être démentis, affirmer que la ville de Kara semble un  Etat de siège. En effet, d’après nos informations, depuis quelques jours, tous les points stratégiques,  notamment les carrefours, les rues, les devantures de certaines sociétés, le marché et même certains domiciles des barons et pontes du régime sont assiégés par des hommes en uniformes tous cagoulés. Raison principale évoquée, prévoir toute manifestation à caractère estudiantine et surtout  les débordements à l’instar de ceux qui ont amené certains meneurs à casser, à brûler.

            On se rappelle qu’à la suite des revendications et manifestations estudiantines à Lomé et Kara, les deux universités ont été fermées jusqu’à nouvel ordre suite à un décret présidentiel pris en Conseil des Ministres.

            Suite à cette fermeture, les différents responsables d’associations estudiantines sur les deux campus ont lancé un ultimatum aux Autorités togolaises pour une réouverture et une solution à leurs revendications. Dans une interview accordée à notre journal la semaine dernière, le président du MEET Adou Sebou a laissé entendre que si les Autorités togolaises ne trouvent pas le plus tôt possible des solutions à leurs préoccupations, le 03 janvier 2012, ils prendront leurs responsabilités en organisant une réunion d’information devant l’Amphi 600 de l’Université de Lomé. Les autres camarades de lutte, tel un seul homme, ont abondé dans le même sens demandant aux Autorités non seulement de rouvrir les Universités mais de prendre toutes les mesures pour que la sérénité revienne.

            A l’Etat-major de chaque association, des réunions secrètes et des concertations se multiplient pour voir les actions à mener pour trouver une solution à leurs problèmes. Il est vrai que le pouvoir, comme à son habitude, tente d’opposer les différents mouvements mais en dépit de leur  divergence d’opinion, les responsables de ces associations s’entendent  sur l’essentiel. Comme on peut le remarquer même  les arrestations en cascade qu’ils viennent de connaître et l’état de terreur et d’intimidation qu’on tente de semer au sein de l’opinion  n’enlèvent en rien la détermination des porte-parole des étudiants à en découdre avec le pouvoir.

            A Kara, fief du RPT, le courage est tout autre. Feu Général Eyadéma et son fils défunt Ernest Gnassingbé se retourneraient mille fois dans leur tombe en apprenant que les étudiants de Kara aussi osent demander à un Président de la République de quitter purement et simplement le pouvoir, qu’il a montré ses limites et que, la preuve est désormais faite qu’il ne peut pas gouverner le pays. Sur les murs et certains édifices on peut lire des graffitis du genre : «Faure doit quitter le pouvoir. Faure n’est pas sensible aux problèmes estudiantins. Faure démission! Faure, l’incapable » etc.

            Comme on le voit, la crise universitaire, faute de lui trouver une solution prend une autre ampleur surtout avec le soutien de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Togo (UNEET), des partis politiques, des Associations de Défense des Droits de l’Homme notamment la LTDH, JDHO, ACAT, qui, tous, sont entrés dans la danse. Tous sont mécontents de l’indifférence du gouvernement vis-à-vis des problèmes des étudiants et promettent de mener des actions concertées d’envergure nationale pour délivrer les apprenants.

 De peur qu’il y ait un soulèvement général le gouvernement a opté pour la terreur. Mais la question est de savoir si c’est la meilleure voie  de résoudre le problème des étudiants quand on sait que, visiblement, les étudiants n’ont plus peur de rien. La méthode forte pourrait-elle résoudre la plate forme des revendications soumises à l’appréciation du régime Faure.  Dans tous les cas l’étudiant dit «  Guillaume  Soro » de l’Université de Kara l’a si bien signifié aux Autorités togolaises. Si aucune solution n’est trouvée à leurs solutions d’ici janvier 2012, Faure trouvera tous les étudiants sur son chemin. Et il s’agira d’une guérilla   aux conséquences imprévisibles, a-t-il laissé entendre.  Qui prendra le dessus de cette guéguerre à quelques mois des législatives ? Wait and see.

AMOU

Le Changement N° 308 du jeudi 29 décembre 2011