Division, frustration, haine entre les Gnassingbé au terme du procès dans l’affaire Kpatcha
La véritable pomme de discorde : la confiscation de la fortune d’Eyadèma estimée
à 3.700 milliards FCFA par Faure
Après vingt-huit (28) mois de séquestration à la Gendarmerie Nationale et à l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), les trente-deux (32) prévenus dans l’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat sont désormais fixés sur leur sort.
Si Kpatcha Gnassingbé, le Général Assani Tidjani, le chef d’escadron Abi Atti ont été lourdement condamnés (20 ans de prison), les capitaines Casimir Dontema, Lambert Kossi Adjinon (15 ans) Kouma Towbéli, Sondou Tchinguilou (15 ans) Efoé Sassou, Adjudant-chef Seidou Ougbakiti, Esso Gnassingbé (10 ans), sergent Afégnidou Pali (5 ans) de prison, n’en sont pas moins malheureux dans cette affaire.
En dehors du fait que tous les avocats de la défense ont crié à une parodie de justice, le fait marquant des deux semaines de procès est bien évidement le grand déballage des Gnassingbé. Du moins Rock et Essolisam, rejetons de Eyadéma avaient littéralement accusé leur frère de président Faure Gnassingbé, d’avoir fait main basse sur la fortune de leur père, Eyadéma, qui a régenté le Togo durant 38 ans. « Deux fois de suite, en décembre 2008 et janvier 2009, mes frères et moi, nous sommes retrouvés au domicile du grand frère Kpatcha pour réfléchir sur certaines initiatives que nous pouvons envisager et qui peuvent nous procurer des sous pour notre vécu quotidien et dans le futur parce que la situation financière de certains de nos frères se dégradait. Ils n’avaient plus de sources de revenus et Faure ne s’intéressait plus financièrement à la famille », a déclaré Essolisam Edem Gnassingbé, demi-frère du chef de l’Etat et co-accusés de Kpatcha dans l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat requalifiée de « complot » par le juge Abalo Pétchélébia au cours du procès du 1er au 15 septembre 2011. Comme les déclarations de Essolizam (29 ans) ne suffisaient pas, l’aîné de la famille du Général Président défunt s’est montré beaucoup plus explicite. « Les problèmes de familles existent réellement au point qu’un jour, nous avons décidé d’empêcher l’avion présidentiel d’atterrir au retour d’un voyage, histoire de pouvoir régler une fois de bon, le problème de partage des biens de la famille. Cela est connu de beaucoup de Généraux et autres officiers de l’armée », s’est plaint le Lieutenant-colonel Rock Balakiyem Gnassingbé.
Le procès de la honte pour Faure
Au début de cette affaire, ils sont peu nombreux les Togolais qui croyaient à la thèse du coup d’Etat. Aujourd’hui, on peut se féliciter par le fait que le procès ait lieu. Ce procès a le mérite de situer le peuple quant aux dessous puants qui justifient la guerre fratricide des Gnassingbé. Même s’il n’y a aucun élément plausible qui conforte la tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, en témoigne les gymnastiques cérébrales du piètre juge de la Cour Suprême Abalo Pétchélébia qui était bien obligé de requalifier le dossier du « complot » pour aboutir au verdict préfabriqué, il y a quand même des indices qui inclinent à croire à un malaise général au sein du pouvoir. Bien évidemment, des intentions de coup d’Etat à la suite des frustrations sont établies à l’issue de ce procès.
Paradoxalement, au lieu de clore une fois pour de bon cette affaire, le verdict conçu, préparé et rendu public par Pétchélébia, a relancé la polémique et met complètement à nu le pouvoir des Gnassingbé. Deux faits majeurs sont à retenir à l’issue du grand déballage : les allégations de torture à l’ANR et la confiscation de la fortune de Eyadema par le gestionnaire de la famille Essozimna Faure. La question de la torture avancée par la plupart des accusés est de la pure responsabilité du chef de l’Etat étant attendu que cette agence dépend directement de la Présidence de la République. Si les questions de la torture étaient jusque-là à l’étape des rumeurs, le procès a plutôt révélé au monde entier que c’est une réalité au 21ème siècle au Togo. D’une responsabilité à une autre, Faure porte à lui seul aujourd’hui le germe de l’éclatement de la famille Gnassingbé.
Faure, un insatiable au sommet de l’Etat
La fortune de Eyadema est au centre du drame qui secoue la famille présidentielle. Pourquoi Faure décide-t-il de garder par devers lui les biens à eux légués par leur père ? Nombreux sont les Togolais qui n’arrivent pas à cerner les motivations de M. Gnassingbé Faure. Or, durant son long règne de 38 ans, Eyadema a amassé une fortune inestimable. Le confrère «La Dépêche» dans sa parution No587 du 14 septembre 2011, indique que cette fortune est estimée à 3700 milliards de FCFA. Selon le confrère, une partie de la fortune de Eyadema serait placée dans les banques du Vatican (Italie), à Hong Kong, à Lausanne en Suisse et à Dubaï. Le confrère a même avancé le nom du Marocain Assor qui s’occupait des biens de Eyadema jusqu’à sa mort. Ce n’est qu’après ce décès le 05 février 2005 que la gestion a été confiée à Faure. Si tant est que les pistes de la fortune de Eyadèma sont ainsi connues, pourquoi M. Faure Gnassingbé rechigne-t-il à procéder au partage équitable entre ses frères et sœurs au point de diviser sa famille biologique, politique et tout le pays ?
L’autre question qui se pose avec grand intérêt est le caractère avide et insatiable du président Faure, sinon comment comprendre les agissements saugrenus qui sont les siens. Faure contesté et accusé de faire main basse sur l’héritage de son père, les Togolais sont situés aujourd’hui que point de bonheur pour eux sous celui qui n’a visiblement aucun sens de partage.
En six (6) ans, Faure a construit plus d’une dizaine de luxueux appartements à travers le pays. Les richesses nationales sont l’apanage d’un petit groupe de bonimenteurs autour de Faure. Au temps de son père, des efforts sont faits dans la nomination des directeurs de société. Aujourd’hui, le vol, la gabegie, la corruption, le copinage sont les indicateurs communs du pouvoir de Faure. En définitive, le fait d’obliger Kpatcha, Tidjani, Atti et consort à limer leurs dents contre les barreaux de Lomé, des gens issus de son pouvoir, est plutôt une grosse perte pour lui. Au sortir de ce procès, Faure a désormais ses adversaires non pas seulement au sein de l’opposition mais beaucoup plus au sein de sa propre famille biologique et politique.
Les énormités, les gamineries et les bouffonneries étalées au cours des deux semaines d’audience montrent clairement que Faure Gnassingbé n’a aucune raison pour prétendre diriger les Togolais. Si pour un oui ou un non, des innocents sont envoyés au gnouf, les Togolais ne sont pas moins en danger dans leur pays. Le président du RPT doit en avoir honte de ce procès.
Kokou AGBEMEBIO
Le Correcteur N°285 du 19 septembre 2011