L’éternel recours du pouvoir pour camoufler les pillages et la dilapidation des ressources du pays

Privatisation tous azimuts des banques togolaises :

L’éternel recours du pouvoir pour camoufler les pillages et la dilapidation des ressources du pays

La mesure constitue l’une des décisions phares de cette année prise par le gouvernement. L’Etat togolais a lancé un appel d’offre international pour la privatisation de quatre banques. L’Union Togolaise de Banque (UTB), la Banque Internationale pour l’Afrique (BIA-Togo), la Banque Togolaise de Développement (BTD) et la Banque Togolaise du Commerce et d’Industrie (BTCI) vont être cédées aux opérateurs économiques privés. La privatisation semble, selon des observateurs, la panacée idéale pour se débarrasser des sociétés en faillite.

Des années fastes, à la banqueroute

C’est avec la nationalisation de l’ex-OTP (Office Togolaise des Phosphates) dans les années 74 que l’Etat togolais avait accumulé d’énormes fonds. Dans ces années-là le prix du phosphate, la principale source de revenu de l’Etat togolais, avait atteint les sommets. Sa vente avait généré des centaines de milliards chaque année. L’Etat avait décidé d’investir ces fonds dans l’économie nationale. On avait alors créé des sociétés d’Etat, fondé des banques et érigé des hôtels de haut standing.

Mais tous les investissements de l’Etat togolais n’ont pas été bien gérés. En ce temps de parti unique où le RPT était tout puissant, ce sont les cadres du parti qui sont placés à la tête des ces sociétés. Puisque feu Eyadéma Gnassingbé était à la fois président de la République, chef du parti au pouvoir et chef du gouvernement, les hommes qu’il nommait à la tête de ces structures ne rendaient compte qu’à lui seul. Tous les abus étaient donc permis. Le gaspillage, la gabegie, le pillage systématique des fonds générés par les sociétés d’Etat étaient leur sport favori et le tout dans une impunité totale et sous la bénédiction du président-fondateur. En une décennie, tout a été dilapidé et le pouvoir avait alors fait appel au Fonds Monétaire Internationale (FMI) pour redresser l’économie nationale. La solution proposée par les experts était la privatisation. C’est ainsi que des fleurons de l’économie du pays ont été vendus au franc symbolique. Cette voie continue de faire recette sous Faure Gnassingbé.

Privatisation des banques, la énième de la série.

Malgré les discours du fils et successeur de Eyadéma Gnassingbé, les méthodes de gestion personnelle des affaires de l’Etat ne semblent pas avoir changé. Aujourd’hui, ce sont les copains et camarades d’école du Prince qui dirigent les entreprises d’Etat. Beaucoup d’entre eux n’ont pas porté de gants pour faire couler les navires à eux confiés et ceci en un temps record. M. Ferdinand Tchamsi, ami du président de la République a plongé le Fond d’Entretien Routier (FER) en moins de cinq ans de gestion. L’ex-OTP devenu IFG-Togo puis Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT), a aussi sombré faute de gestion rigoureuse des revenus. Selon des observateurs, le pouvoir d’Etat trouvant plus à piller dans ces structures, s’est aussi mis à la privatisation. C’est ainsi que la SNPT a été cédée à des opérateurs privés. On annonce la cession de l’exploitation du phosphate togolais à une société australienne pour 200 ans. Dernièrement, c’est la privatisation des banques nationales qui est sur le tapis. L’Union Togolaise de Banque (UTB), la Banque Internationale pour l’Afrique (BIA-Togo), la Banque Togolaise de Développement (BTD) vont passer sous la coupe des privés. Un appel d’offre a été lancé et les candidats ne manquent pas.
Pour un opposant au pouvoir, la privatisation annoncée des institutions bancaire a pour origine la dilapidation des fonds par leurs dirigeants successifs. Puisque ces vaches à lait du régime RPT ne donnent plus grand-chose, il faut s’en débarrasser. «Le clan Gnassingbé au pouvoir depuis quatre décennies a favorisé le pillage de ces banques par ceux qu’ils ont nommé à leurs tête » a avancé un député de l’opposition.
De ce qui précède, il parait évident que le pouvoir en place doit s’employer pour sauver beaucoup d’entreprises d’Etat de la faillite. Malgré le licenciement des milliers d’employés et hausse des produits et services qu’elle engendre, la privatisation continue de faire recette auprès du gouvernement à l’heure où d’autres Etats cherchent à garder la main sur beaucoup de secteurs de leur économie afin de mieux partager les richesses entre les citoyens

Sam Gagnon
Le Correcteur N°282 du 05 septembre 2011