Le leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a été une fois encore séquestré hier à son domicile par une équipe de la Gendarmerie lancée à sa trousse. Nul ne connaît pour l’instant les raisons de cet acte. Seulement les habitants de Kodjoviakopé (quartier où réside l’opposant) ont été alertés tôt le matin qu’un convoi de trois fourgonnettes de la Gendarmerie nationale s’est arrêté devant le domicile du nouveau leader de l’opposition togolaise. « Les fourgonnettes se sont stationnées devant le domicile de Fabre et les gendarmes tentaient de bloquer l’entrée principale de la maison », a témoigné un habitant du quartier.
Le président de l’ANC qui devait se rendre à un rendez-vous n’a réussi à sortir de son domicile qu’aux environs de 11 heures. Ce convoi de gendarmes bien cagoulés l’a suivi jusqu’au lieu de rendez-vous, le grand marché de Lomé au cabinet de Me Georges Lawson. « Quand il était rentré chez Me Georges Lawson, les gendarmes l’ont attendu dehors. Quand il était sorti, ils l’ont encore poursuivi. C’est là que certains sympathisants de l’opposant, alertés, sont venus nous retrouver. La soldatesque suivait le président de l’ANC mais refusait de répondre aux questions qu’on leur posait.Nous leur avons demandé plusieurs fois ce qui n’allait pas sans avoir de réponse », a déclaré un témoin des faits.
Ainsi donc, l’opposant craignant les répressions, était obligé de se replier sur le restaurant « Belle vue » derrière l’Ambassade d’Allemagne où il a passé toute sa journée. Ce n’est que tard dans la soirée que la soldatesque a reçu l’ordre de libérer l’opposant. « C’est quand finalement ils sont partis que Jean-Pierre Fabre a regagné son domicile », rapporte un militant de l’ANC.
Le Secrétaire national à la Communication de l’ANC, Eric Dupuy, contacté par notre rédaction, a fermement protesté contre cet acte qui viole les Droits de l’opposant : « Jean-pierre Fabre est un citoyen comme tout autre et à ce titre, il a le droit de circuler. Nous ne comprenons pas pourquoi le régime RPT tente à chaque fois de le priver de ce droit. C’est de la pure dictature. A cette allure, l’ANC ne pourra jamais dialoguer avec le régime ».
Véritablement, la présence des gendarmes hier au domicile de Fabre a surpris plus d’un. Les mois passés, c’est quand l’ANC organise les manifestations en cours de semaine que le pouvoir tente ce coup de force. Hier, le parti de Jean-Pierre Fabre n’a annoncé aucune manifestation et il n’y a eu aucun attroupement devant son domicile. Difficile de justifier donc l’acte commandité par le pouvoir de Faure Gnassingbé qui se comporte toujours comme au temps de la grande dictature sous l’ère Eyadéma au début des années 90 où l’opposant Agboyibo a été giflé par un petit soldat en plein meeting au nord du pays, Edem Kodjo passé à tabac en pleine ville à Lomé, Monseigneur Kpodzro et ses camarades du Haut Conseil de la République (HCR) séquestrés et proprement torturés au Palais des Congrès de Lomé.
Il faut rappeler que depuis l’élection présidentielle du 04 mars 2010, Jean-Pierre Fabre a été plusieurs fois séquestré à son domicile puis a subi des actes de répression. Alors qu’il se rendait à l’Eglise Méthodiste Salem de Hanoukopé pour une prière avec ses militants, Jean-Pierre Fabre a été violenté par un officier de police en mai 2010. Plus d’un an après, l’officier n’a pas été inquiété. La preuve que c’est bien Faure qui est derrière ces actes barbares. Le Togo est donc en pleine dictature militaire.
Olivier GLAKPE
Le correcteur N° 294 du 21 octobre 2011
Photos ANC