Ibn Chambas, Secrétaire général du groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et Louis Michel, Coprésident de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE. Voilà deux personnalités de triste mémoire pour les Togolais qui réapparaissent cette semaine sur la scène nationale au bénéfice de la 26e session de l’assemblée parlementaire ACP et de la 22e session de l’assemblée parlementaire paritaire ACP/UE qui se tiennent du 19 au 23 novembre 2011 dans notre capitale.
Le retour de ces deux personnalités au Togo amène nombre d’observateurs à s’interroger sur la légitimité de leur présence, dans un contexte marqué par le refus manifeste du régime de Faure Gnassingbé de réintégrer à l’Assemblée nationale les neuf (09) députés ANC arbitrairement exclus en novembre 2010, conformément au verdict par la Cour de Justice de la CEDEAO rendu le 7 octobre dernier. Surtout lorsqu’on sait les rôles lugubres joués par ces deux personnalités dans la venue au trône de Faure Gnassingbé en 2005.
On se rappelle encore le rôle trouble joué par Ibn Chambas, responsable de la Commission de la CEDEAO lors du coup d’Etat constitutionnel opéré par des généraux de l’armée togolaise en faveur de Faure Gnassingbé et dans la présidentielle frauduleuse d’avril 2005 qui a coûté la vie à des centaines de Togolais. L’institution sous régionale était la première à demander expressément aux autorités togolaises de rétablir l’ordre constitutionnel, l’assortissant de menaces de sanctions. Le peuple togolais, se sentant soutenu par une importante organisation sous régionale, avait dans sa majorité salué cette réaction.
Malheureusement, ce soutien n’a été que de courte durée. Après un passage à Lomé, Ibn Chambas et les siens, y compris la ministre nigérienne des Affaires étrangères ont rapidement changé de veste et pris position pour la dictature et le déni de droit au détriment de la démocratie. La CEDEAO qui était intransigeante sur le retour à l’ordre constitutionnel est devenue complaisante sur les contorsions juridiques qu’opérait le pouvoir RPT pour imposer Faure Gnassingbé aux Togolais. Il était fréquent de voir Ibn Chambas monter au créneau et essayer d’enjoliver l’image du régime vomi par tout le peuple. Ce dernier ne comprenait plus rien, sauf quelques observateurs qui flairaient l’odeur des espèces sonnantes et trébuchantes qui ont été des facteurs déterminants dans ce retournement de veste. Le clou de cette complaisance de Ibn Chambas et sa Commission contre le peuple togolais reste l’acceptation des résultats de la présidentielle d’avril 2005 malgré les nombreuses fraudes qui l’ont émaillée, sans parler des victimes qu’elle a occasionnées.
De son côté, le Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire d’alors, le Belge Louis Michel a contribué à faire descendre plus le processus dans l’abîme. Il a réussi, grâce aux marchandages, à faire avaliser les résultats frauduleux de cette élection à l’Union Européenne. Pour lui à l’époque, ce que l’opposition et tout le peuple togolais appellent des fraudes massives, n’est que de petits dysfonctionnements qui ne sont pas de nature à entacher la régularité du scrutin. Louis Michel n’avait pas hésité à chanter un Togo féérique à ses amis européens, juste pour faire reprendre la coopération. Ce qui a l’effet de renforcer le pouvoir de Lomé dans le refus d’instaurer la démocratie au Togo. Cet individu entretient des relations obscures avec le pouvoir de Lomé, ce qui fait lorsque le régime en place est en difficulté, il est sollicité. Louis Mivhel, c’est le démarcheur attitré de la reprise de la coopération de père en fils, celui qui loue les gouvernants en place, juste pour les prébendes.
Comme on le voit, Ibn Chambas et Louis Michel n’ont été d’aucune utilité pour le processus de démocratisation dans notre pays, au contraire. Ils ont été de tout temps plus guidés par leurs intérêts personnels que ceux du peuple togolais. Le rôle qu’ils ont joué dans les événements de 2005 et dans la reprise de la coopération malgré le recul du pays en matière de démocratie les décrédibilise aux yeux des Togolais qui se posent mille et une question sur leur présence sur la Terre de nos aïeux cette semaine. Pourquoi c’est en ce moment où il y a ce bras de fer entre le pouvoir RPT et l’ANC et ses alliés du FRAC à propos de la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO que ces individus réapparaissent ? Il se raconte dans certains milieux que les deux hommes font partis du réseau international de lobbying du pouvoir dont le management serait confié à un certain Gilbert Bawara.
K.I.
L’Alternative N° 105 du 22 Novembre 2011