Haro sur les diplomates complices du pouvoir liberticide togolais
Sur la base de comparaisons farfelues, certains diplomates et fonctionnaires d’institutions internationales s’emploient à raconter à qui veut les entendre que la situation politique s’améliore au Togo. Et l’on est en droit de se demander s’ils parlent du Togo dans lequel nous nous trouvons ou d’un pays fictif. Vivant dans le luxe loin de la réalité du vécu quotidien des togolais comme les barons du régime, ils produisent malheureusement des rapports complaisants de nature à encourager le pouvoir liberticide dans ses dérives.
Selon le représentant du HCDH au Togo Michael Offermann , « si on compare cette photo avec une autre prise il y a 5 ou 10 ans, on ne peut que constater un grand changement vers le mieux. Il s’agit d’une dynamique à laquelle toutes les forces vives du Togo sont appelées à contribuer ».
Mais il y a dix ans en 2001 sous le régime Eyadèma bien qu’il y avait des lois liberticides, les Togolais n’ont jamais vécu cette répression devenue quasi quotidienne sur fonds de déni des libertés publiques. On n’a jamais vu un leader politique et qui plus est ancien candidat à l’élection présidentielle être assigné à résidence sans justification aucune. A moins que les actes de torture, la détention illégale et arbitraire de Kpatcha sans que son immunité parlementaire ne soit au préalable levée et la violation du droit de la défense comme on l’a vu lors du procès de l’ex premier ministre constituent un signe de progrès. Le fameux slogan de Faure «Plus jamais ça sur aucune portion de la Terre de nos Aïeux!» est tout simplement un coup de bluff au regard des atteintes aux droits élémentaires des citoyens et l’impunité qui prévaut au Togo.
M Kaufmann est le co-initiateur de la fameuse loi Bodjona, « au regard des difficultés que les uns et les autres rencontrent dans l’exercice de cette liberté, nous avions initié avec le gouvernement une réflexion sur l’élaboration d’une nouvelle loi qui serait respectueuse des droits de l’Homme et qui passerait par un processus ouvert et participatif avec les différentes forces politiques et sociales du pays, y compris du monde académique. La Constitution togolaise prévoit ce droit, mais il doit être formulé sous forme de loi ordinaire pour facilite(…) Le texte de loi qui en a résulté a été adopté par l’Assemblée Nationale le 13 mai et signé par le Président de la République 3 jours après. Il est important qu’elle soit maintenant appliquée dans un sens à garantir ces libertés fondamentales de réunion pacifique et d’expression, en conformité avec le Pacte international relatif aux droits civils et politique». Eh bien, cette loi n’est toujours pas appliquée et ne le sera jamais parce que le système en place à horreur des libertés publiques. En son temps des voix s’étaient élevés pour faire remarquer que le moment choisi pour faire adopter cette loi laissait entrevoir des intentions inavouées de la part du pouvoir. Le problème de ce pays ce n’est pas tant l’absence des lois que le refus systématique de leur application. On voit bien que l’adoption de cette loi n’empêche pas l’interdiction de fait des marches pacifiques. Elle offre plutôt l’occasion au pouvoir de procéder par dilatoire pour empêcher des manifestations pacifiques. Les responsables de SOS Journaliste en danger peuvent témoigner de toutes les tracasseries qu’ils ont subies rien que pour organiser tout simplement une manifestation pacifique conformément à la loi. Malgré la loi vantée par le représentant du HCDH, la marche a été empêchée faute d’alibi pour l’interdire. Et c’est parce que les journalistes ont bravé l’interdiction de fait qu’ils ont pu faire un sit-in devant l’ambassade de France. Est-ce donc le témoignage des progrès réels et des acquis notables dont parlent les diplomates aux lunettes noires ?
AS
Le Regard N° 744 du 10 août 2011