Faure se désencombre des Colonels Bakali, Massina et Rock Gnassingbé, renvoyés sur les bancs de l’école d’Etat-major de Pya

 

Les choses se font et se défont, la nature humaine connait toujours des hauts et des bas, et des gloires du passé, ont fini par tomber dans les revers. C’est l’histoire de trois puissants hommes qui semblent aujourd’hui perdre les plumes aux côtés de leur mentor. L’ancien DG des Douanes et Ex aide de camp du Président, le tortionnaires décrié de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), et le demi-frère actuellement en fonction au Port autonome de Lomé sont priés de retourner dans les classes d’écoles pou compléter leurs grades. Tous colonels alors qu’ils n’ont pas totalisé les points de ce niveau, ils seront admis à l’école d’Etat-major de l’EFOFAT de Pya, une nouvelle école pour compléter un cursus militaire qui sera sanctionné par un mémoire. Une manière pour le président de mettre sous éteignoir ces éléments un peu trop encombrants et plutôt beaucoup menaçants.

Les informations se confirment à présent de sources concordantes. Les Colonels Didier Bakali, Alex Yotroféi Massina et Rock Gnassingbé retourneront sur les bancs probablement à partir de la fin de ce mois de Janvier pour suivre d’intenses cours de rattrapage de leur grade de colonel. La décision de l’envoi de ces officiers et d’autres à cette école a été déjà lue dans les casernes et a provoqué des remous. D’après nos informations, certains des compagnons de misère résistent à ce cadeau « empoisonné » du Chef suprême des Armées, le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé et maugréent pour manifester leur indignation. Dans l’armée, c’est l’exécution avant la réclamation et ils seront obligés de suivre les consignes donnés par l’autorité suprême de l’armée. En effet, les trois officiers auraient déjà pu accomplir cette épreuve de qualification de leur grade de Colonel, mais les délices de leurs fonctions les ont empêchés et ils s’en sont dérobés oubliant que le passé finit toujours par rattraper.

Le Colonel Didier Bakali est connu comme l’un des plus nantis, du moins financièrement, des officiers des Forces             Armées Togolaises. Il a eu le mérite de diriger les Douanes togolaises pendant plusieurs années à l’époque du Général Eyadema où le contrôle financier était assez souple. Après la mort du Général, le fils qui a hérité du pouvoir l’a engagé comme aide de camp.  Dans la foulée des soupçons de complot il a été largué à la tête de la préfecture de la Kozah. A ce jour, il est sans doute l’un de ceux qui sont frustrés pour avoir été éloigné du patron.

Yotroféi Massina est le deuxième colonel qui va aussi limer les bancs de cette école. Rendu célèbre dans les pratiques de tortures et de traitements inhumains et dégradants, Alex Massina est dans le collimateur de la Justice  nationale et internationale. L’Agence Nationale de Renseignements (ANR) qu’il dirige et qui dépend directement de la présidence s’est rendue championne dans les célèbres cas de torture. C’est le procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat qui  a permis d’avoir la confirmation sur les méthodes assez rustres et criminels exercés par cet officier sur les civils et les miliaires togolais. Il est d’ores et déjà dans la liste rouge de la Cour Pénale Internationale, en attendant que la Commission nationale des Droits de l’Homme rende public le rapport sur les allégations de torture qui le concernent. Les qualificatifs à lui accordés font de lui, un collaborateur encombrant et une menace pour les réformes en droit de l’homme de l’Etat togolais. A défaut de mettre fin à ces fonctions, les cours de l’école de l’Etat major le mettront en veilleuse en attendant que les instances internationales lancent des appels pour avoir sa tête. Dans les sérails de l’armée et de l’entourage de Faure, Alex Massina est devenu trop puissant. Immensément riche, il détient le pouvoir de l’information et celui des armes. Sa déstabilisation brusque par le Chef de l’Etat risque de provoquer des surprises désagréables à celui-ci. Le  créneau des cours à l’école de l’Etat Major des FAT permettront de neutraliser la puissance menaçante qu’il détient aux côtés de Faure Gnassingbé.

Rock Gnassingbé, demi-frère du Chef de l’Etat va t-il quitter la Direction de la sécurité du Port Autonome de Lomé qu’il assimile à la Direction Générale pour aller passer neuf mois à Pya, ou va-t-il être à cheval entre les deux activités ? A cette question, seul Faure Gnassingbé pourra trouver une réponse. L’ancien commandant du RBRA (Régiment blindé de reconnaissance et d’appui), et ancien Président de la Fédération Togolaise de Football a brillé d’abord lors de l’attaque du domicile de son frère Kpatcha Gnassingbé, et surtout lors du procès. Il n’a pas caché son indignation vis-à-vis de la confiscation par le président de l’héritage familial et aurait même tenté d’empêcher l’avion de Faure d’atterrir pour des raisons d’humeur. Il l’a proclamé haut et fort lors du procès et ceci n’est pas tombé dans les oreilles distraites de Faure Gnassingbé. Lui aussi n’est pas passé par la voie légale pour devenir Colonel de l’armée et est dans l’obligation de suivre des cours intenses pour se rattraper. Dans le fonctionnement de la gradation militaire, il est recommandé de passer  par 4 étapes de formation pour confirmer les grades. L’école d’application pour confirmer le grade de Lieutenant, le cours de Capitaine, le cours d’Etat major qu’on effectue avec le grade de capitaine ancien ou de jeune commandant et l’Ecole de guerre, le diplôme supérieur qui nécessite un niveau d’instruction plus élevé. Visiblement, les trois colonels n’ont pas obéi à ces différentes étapes et seront obligés de partager les bancs avec leurs cadets, capitaines et lieutenants. Une corvée pour des colonels confirmés qui ont fait la pluie et le beau temps.

Le désencombrement autour de Faure Gnassingbé n’est plus un secret pour personne depuis l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat et les troubles récurrentes qui secouent le pouvoir.

Les réticences des uns et des autres dans la création d’un nouveau parti politique en remplacement du RPT, les prises de positions politiques des uns et des autres met Faure Gnassingbé dans cette logique de débarras de tous les suspects.

Dans l’armée donc, après la radiation des militaires impliqués dans la tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat,  ce sont les trois colonels qui font l’amère expérience du débarras à la Faure. Histoire de rester serein pour affronter les périodes tumultueuses qui s’annoncent pour son pouvoir en 2012.

Carlos KETOHOU

L’Indépendant express N° 193 du 10 janvier 2012