Alors qu’il n’avait pas prévu la création d’un nouveau parti dans son programme politique, Faure Gnassingbé s’est empressé de liquider le sigle du parti RPT par lequel il est parvenu au pouvoir. Et avant même le congrès constitutif de son nouveau parti, il mobilise les moyens de l’Etat pour simuler une adhésion à son initiative. Mais déjà la méthode dont il fait sienne dans la conduite de sa nouvelle formation politique, est similaire à celle utilisée en son temps par Eyadèma dans l’édification du RPT, parti Etat.
Lors de ses déplacements, les moyens de l’Etat sont abondamment déployés pour convoyer des gens par camions entier pour donner l’impression que les populations adhèrent aux idéaux du nouveau parti dont ils ignorent même le nom. On voit bien que le lancement de UNIR se fait sur la base de vieilles méthodes du RPT. Au temps fort de la dictature triomphante, Eyadèma confondait le RPT à l’Etat togolais et soumettait les institutions au rythme du parti. Faure fait la même chose en faisant reposer l’appareil d’Etat sur les activités de son nouveau parti.
Dans une tribune libre marquant son ralliement à l’initiative de son protecteur, le Premier ministre Houngbo dit qu'” Il ne s’agit pas simplement de créer un nouveau parti ratissant le plus large possible, mais de mettre en œuvre cette vision du Chef de l’Etat de voir la chose publique togolaise gérée ENSEMBLE par tous les citoyens. ” Les exigences de l’heure, notamment l’amélioration des conditions de vie des populations, la consolidation des libertés fondamentales, la primauté de l’Etat de droit, l’Autorité de l’Etat, la justice sociale, la bonne gouvernance, bref un meilleur développement, pas seulement économique mais et surtout humain(……) Ces exigences qui reflètent, en partie la vision et l’ambition que le Chef de l’Etat a pour le Togo et qui se concrétisent chaque jour, m’amènent naturellement à le soutenir et à l’accompagner, par la modeste contribution, à réaliser ces nobles idéaux au profit des populations et du pays.”, écrit le Premier ministre. Or, il apparaît clairement que le pays va à la dérive et que Faure fait toujours le contraire de ce qu’il dit. Il avait promis d’organiser des élections à la ghanéenne mais la présidentielle togolaise a été tout aussi calamiteuse que les précédentes. Il a annoncé à plusieurs reprises qu’il fera des réformes. Cinq ans après, rien. Il a promis de promouvoir la bonne gouvernance mais les Togolais constatent qu’il garantit l’impunité à des tortionnaires et à des prédateurs de l’économie nationale. Il a annoncé la césarienne gratuite et l’on parle de césarienne subventionnée. L’école gratuite est devenue l’école dévaluée où le rançonnement des pauvres parents d’élèves est accentué.
De 2005 à ce jour le train de vie de l’Etat a été doublé et les ministres et proches de Faure s’illustrent dans l’ostentation criarde pendant que des Togolais peinent à s’offrir un seul repas par jour. L’impunité, le clientélisme et le népotisme n’ont été autant criardes que sous Faure Gnassingbé qui brille par sa duplicité qui est une des caractéristiques d’un RPTiste bon teint.
N’ayant jamais fait l’expérience de la faim et de la souffrance, ne serait-ce qu’une minute, parce que né la cuillère dans la bouche, Faure ne peut comprendre le sens de la misère à laquelle il soumet les Togolais. C’est pourquoi il préfère attendre que la violence s’installe avant de se rendre compte de la gravité de la situation.
Il existe apparemment deux Togo : d’un côté, le Togo de Faure et ses courtisans qui vivent dans l’opulence, exhibant avec ostentation les richesses amassées sur le dos du contribuable togolais et qui voient la vie en rose et qui ont tous les droits.
De l’autre côté, un Togo de la majorité de misérables n’ayant que des devoirs et dont les cris de détresses amusent les tenants du pouvoir. Ce dont cette majorité de misérables ont besoin, ce n’est pas d’un changement de façade, d’un renouveau trompe-l’œil, mais d’un changement radical, d’une alternance véritable qui libérerait les énergies, un Togo où il fera bon vivre pour chacun et pour tous.
A.S
Le Regard N° 780 du 24 juillet 2012