Faure échoue dans sa tentative de clochardiser l’opposition
En attirant le très naïf Gilchrist dans son camp, Faure Gnassingbé pensait avoir frappé un grand coup. il croyait avoir réduit l’opposition togolaise à sa portion congrue à l’instar de son protecteur burkinabé Blaise Compaoré. Certes pour s’être laissé prendre au piège du pouvoir clanique, l’UFC n’existe plus que sur le papier. Ses éléments les plus actifs, sentant le vent tourner vers Jean Pierre Fabre ont tous basculé dans l’ANC qui n’attend que les prochaines élections pour démontrer à Gilchrist Olympio qu’il s’est honteusement avili en prêtant main forte au pouvoir liberticide pour brimer les togolais. Le Chef de la coquille vide et mourante UFC qui s’est retiré à Paris se contente de son titre de conseiller de celui qui incarne le pouvoir inique du Rassemblement des Profiteurs du Togo.
Manière de pompier -pyromane
Au-delà du discours officiel, l’Accord RPT UFC visait tout simplement à faire taire toute contestation et à accentuer la misère des togolais à qui on brandit la soi-disant réfection des routes (pour lesquelles le gouvernement s’est endetté sur le dos des togolais) comme un miracle du siècle. Pendant ce temps le pouvoir provoque la flambée des prix de produits de première nécessité. Drôle de politique. On crée et on accentue la misère sachant bien que cela provoquerait des situations incontrôlées puis on cherche à se prémunir contre les conséquences en initiant des lois liberticides. Malgré le semblant d’indifférence hypocrite qu’ils affichent ,les tenants du pouvoir sont conscients que la résistance enclenchée par le FRAC est un défi à relever. Faure aimerait bien que ces manifestations cessent mais le FRAC est décidé à aller jusqu’au bout quelque soit les menaces et les intimidations qu’ils subissent de la part des miliciens du pouvoir. Dans un pays où toutes les semaines des gens descendent dans la rue dans la capitale où sont concentrés les leviers de l’économie, dans un pays où des forces de sécurités sont obligées d’user de gaz lacrymogènes contre des femmes et des enfants pour empêcher l’exercice des libertés publiques , dans un pays où des forces de sécurités appuyées par des miliciens en viennent séquestrer des responsables politiques dans le but de les empêcher de mobiliser des foules immenses , aucun investisseur sérieux ne peut s’ aventurer. Le seul fait que ces manifestations soient annoncées même si elles sont réprimées dément les manœuvres de Faure visant à faire croire à la communauté des hommes d’affaire que l’apaisement est revenu au Togo. Le Chef de l’Etat a beau mettre en place un comité d’investissement folklorique, personne n’est dupe pour penser un seul instant que le Togo est un pays sûr avec ce qui s’annonce.
Ceux qui ironisent sur les manifestations du FRAC en insinuant qu’elles n’aboutissent pas aux résultats escomptés sont sans doute trop pressés oubliant que la lutte engagée contre un système dictatorial plus que quarantenaire est une course d’endurance. Les leaders politiques fatigués et qui sous prétexte ubuesque d’apporter leur ‘’contribution à la construction’’ du pays en allant aider le pouvoir de Faure à continuer sa fuite en avant l’ont appris à leurs dépens.
Quoiqu’on dise, l’ANC née des cendres de l’UFC tient le bon bout. ADDI, Sursaut-Togo et le PSR l’ont bien compris qui l’ont rejoint préférant le concret aux tergiversations. Il n’y a pas et il n’y aura pas de division de l’opposition sauf pour ceux qui le souhaitent. Les togolais ont à plusieurs reprises montré que devant la diversité des options, ils savent choisir celle qui incarne la lutte implacable contre l’ordre ancien. Les autres responsables politiques sans aucune base populaire et qui estiment que la solution c’est d’aller se prosterner devant Faure, feraient mieux comme Gilchrist Olympio de choisir l’infamie allant tout simplement lui lécher les bottes.
Vers un déclic salvateur
La répression dont use l’ordre ancien face aux manifestations pacifiques de l’opposition ne suffit pas à réduire les Togolais au silence. Face à certaines situations, la désobéissance aux lois iniques et liberticides est une nécessité. Comme l’a dit Pascal Bodjona , aucune loi ne peut empêcher une révolution. Et donc au cas où la loi Bodjona serait adoptée, les togolais peuvent choisir de la braver. En Egypte et en Tunisie, les manifestations de contestations étaient strictement interdites par des lois. Martyrisés plusieurs années durant, le jour où les peuples d’Afrique du Nord ont décidé de mourir un seul jour comme des lions plutôt que de continuer à vivre éternellement comme des moutons, les dictateurs qui ont initié ces lois liberticides pour les soumettre se sont enfuis. Les forces de sécurités chargées de faire respecter ces lois scélérates et qui ont reçu l’ordre de réprimer les manifestants ont été obligées de se ranger derrière le peuple. Nul doute que si les Egyptiens et les Tunisiens avaient continué à respecter les lois qui les empêchaient de manifester, ils n’auraient pas pu se libérer du joug de Ben Ali et de Hosni Moubarak. Pour se donner bonne conscience, les tenants du pouvoir togolais répètent à qui veut les entendre que le Togo n’est pas la Tunisie et encore moins l’Egypte. En fait la peur des lendemains leur fait oublier que les togolais tout comme les Tunisiens et les Egyptiens aspirent à la liberté et à une vie décente et sont aussi capables de se lever comme un seul homme pour vaincre la tyrannie. Pendant longtemps, Eyadèma a régné sur les togolais par la terreur. Il a fallu qu’un 05 octobre 1990 une poignée de jeunes togolais décident de lui dire que «ça suffit» pour qu’il passe des nuits blanches.N’eût été la récupération politique des mouvements de révolte qui s’en sont suivis en Avril 1991 par certains politiciens véreux qui, sous prétexte de négocier lui ont permis de reprendre du poils de la bête, Eyadèma se serait enfui en exil pour nous épargner ce que nous subissons aujourd’hui sous le pouvoir usurpé en 2005.
Le 02 juin 2010 suite à l’augmentation du prix de pétrole, des togolais n’avaient pas attendu le mot d’ordre d’aucun politicien pour paralyser tout le pays. Il suffit d’un petit déclic pour que tout bascule du jour au lendemain.
Abass SAIB
Le Regard N° 725 du 06 avril 2011