Encore un faux dialogue pour abuser l’opinion internationale

Nomination fantaisiste des membres du CPDC rénové pour le faux dialogue inclusif

La comédie du pouvoir autiste des Gnassingbé fait place encore à des plaisantins

 

La relance du dialogue politique a refait surface le 31 décembre 2010 à travers le discours de fin d’année du chef de l’Etat Faure Gnassingbé. Depuis lors, le pouvoir bientôt cinquantenaire, joue au dilatoire et à la pirouette. Le conseil des ministres du mercredi 14 septembre s’est planché sur le fameux dialogue qui « procède de la volonté de Faure Gnassingbé de créer les conditions de l’apaisement politique, de la recherche du consensus national pour la gestion des affaires publiques et de la conduite des grandes réformes au Togo » lit-on dans le communiqué ayant sanctionné le conseil des ministres.

Ainsi par décret présidentiel, les personnes dont les noms suivent sont nommées membres du Cadre Permanent du Dialogue et de Concertation (CPDC) renové : Agbéyomé Kodjo, Dahuku Péré, Nicolas Lawson, Bassabi Kagbara, Mme Claire Quenum, Togbui Frédéric Mawuto Detu Dzidzoli X, Inoussa Bouraïma, Koudjolou Dogo, Me Alexis Aquereburu, Agui Palanga, Ephrem Tsikplonou et Agbénoxévi Mawuli Awanyoh. Ces douze (12) figures sont nommées au titre de personnalités. Trois autres composantes figurent au sein du CPDC réamenagé. Il s’agit des partis politiques : RPT, UFC, CAR, ANC, PDR et CDPA ; des organisations de la société civile (GF2D, REFAMP) et deux personnes au titre du gouvernement.

Les membres du nouveau CPDC étant connus, on peut penser à l’ouverture prochaine du dialogue inclusif tant attendu.

Mais au lendemain de sa nomination, le président de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) Agbéyomé Kodjo, a sorti une déclaration tonitruante dans laquelle il dénonce « la constante duperie politique de Faure Gnassingbé qui cherche désespérément à reprendre la main avant la tenue de la 22e Assemblée Paritaire ACP-UE prévue du 19 au 23 novembre 2011 à Lomé.»

OBUTS dit constater avec étonnement la nomination par décret présidentiel au sein du CPDC rénové sans consultation préalable de son président national. Par ailleurs, le parti d’Agbéyomé Kodjo « souligne qu’on ne peut pas inviter par courrier officiel son président comme leader de parti politique et concomitamment le nommer officiellement es qualité au sein du CPDC rénové. Par conséquent, elle invite Faure Gnassingbé à clarifier sans délai cette situation ».
Le président d’OBUTS fait remarquer que ce sont des « initiatives perverses de saupoudrage médiatique pour tenter de masquer la grave crise sociopolitique que traverse le Togo en lieu et place d’une véritable ouverture pour l’émergence d’une société de confiance démocratique et de prospérité partagée ».

Rien que pour la seule nomination des membres du CPDC, les manœuvres et gaucheries du pouvoir sont mises à nu et clarifient tout sur la face cachée de Gnassingbé Faure.

Faux dialogue pour se moquer du peuple

Le climat socio-politique pesant est consécutif au énième hold-up électoral du 04 mars 2010.

A ce jour, un dialogue au Togo n’aura de sens que lorsque les vrais protagonistes de la crise s’accordent sur le contenu et le cadre.

Au-delà de tout, le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) représente l’interlocuteur crédible qui est dans les rues depuis plus d’une année pour dénoncer les incuries du pouvoir. A l’annonce de ce dialogue, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) principale force du FRAC, a posé des préalables avant toute discussion. A l’invitation du premier ministre pour une séance d’échanges le jeudi 08 septembre, le parti de Jean-Pierre Fabre a opposé une fin de non recevoir. Mais curieusement, le conseil des ministres a cité également l’ANC parmi les partis politiques devant prendre part au dialogue.

Une raison de plus de la comédie loufoque et indigne d’un pouvoir qui se respecte. Tout en acceptant l’idée de dialogue, l’ANC a posé ses préalables en terme clair : « la mise en œuvre de l’APG et des recommandations des Missions d’Observation Electorale de l’Union Européenne des législatives de 2007 et de la présidentielle de mars 2010 ; le respect de la Constitution et des lois de la République par le retour à l’Assemblée nationale des députés arbitrairement exclus et ainsi privés de leur mandat ; la reconnaissance de l’existence du groupe parlementaire ANC; le respect des droits et libertés des citoyens par la cessation des entraves aux activités des partis politiques à Lomé et à l’intérieur du pays, y compris les jours ouvrables ; le respect des droits et libertés de la presse par la levée des interdictions abusives et arbitraires qui frappent les médias privés, en l’occurrence, les radios X-Solaire, Metropolys et Providence et le journal Tribune d’Afrique ; la libération sans conditions des personnes arbitrairement détenues dont un député encore protégé par son immunité parlementaire; la restitution ou le remplacement de tous les matériels, documents et sommes d’argent ainsi que des motos et vélos saisis à Lomé, à Sokodé et dans d’autres localités et le désarmement et le démantèlement des milices RPT récemment réactivées pour semer la terreur ».
Les contournements et la roublardise organisés à dessein par le pouvoir des Gnassingbé montrent clairement que les dialogues au Togo constituent un marché de dupes.

Ceux qui n’y croient plus n’ont que trop raison.

Kokou AGBEMEBIO
Le Correcteur N° 284 du 16 septembre 2011