Des dizaines de milliers de manifestants dans les rues de Lomé, à l’appel des du FRAC et du CST pour dénoncer les abus du pouvoir et exiger la libération immédiate des responsables politiques
Responsables et militants du Collectif « Sauvons le Togo » (CST) et ceux du Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC), sont de nouveau dans les rues de Lomé, ce samedi 19 janvier 2013, pour dénoncer à travers une gigantesque marche de protestation, les arrestations illégales de responsables et militants de l’opposition et exiger la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale indépendante pour situer les responsabilités dans l’affaire des incendies qui ont ravagé les marchés de Kara et Lomé
Ils étaient des dizaines de milliers, femmes, hommes, jeunes et vieux à rejoindre, très tôt dans la matinée, le rond point SUN AGIP (Bè Kpota), décidés à braver les forces de répression du régime RPT/UNIR/UFC pour exprimer leur ras-le-bol d’un Etat d’exception qui dure depuis un demi siècle.
C’est sous un tonnerre d’applaudissements que les populations de Lomé ont salué, tout au long de la dizaine de kilomètres entre Sun Agip et la plage de l’hôtel de la Paix, l’impressionnant cortège de Togolaises et Togolais épris de liberté, de justice et de paix. Sur les nombreuses pancartes brandies par la foule, on pouvait lire : « Le CST fait trembler Faure », « CST, Arc-en-ciel, mouvements de libération nationale », « Parlement illégal !!! Parlement illégitime !!! », « Faure, n’oublie pas que tu es assis sur des cadavres », « Abass Bonfoh, ton immunité sera levée un jour de la même façon », « Cherchez plutôt les responsables des incendies chez Faure !!! », « Agbéyomé, tout le peuple togolais vous soutient », « Adja, tout le peuple togolais est derrière vous », « N’Kafu, tout le peuple togolais est derrière vous. »
Le meeting des grands jours s’est tenu devant un public monstre
Le meeting qui a duré plus de quatre heures a commencé, comme de coutume, par une prière d’ouverture suivie d’une minute de silence et de l’exécution de l’hymne national. Malgré la densité des interventions, la foule, parfois grave, parfois enthousiaste, a écouté, avec vif intérêt, les leaders du FRAC et du CST jusqu’à 17h.
C’est à Francis Pédro Amouzou que revenait le mot de bienvenue. Il a remercié l’assistance pour la qualité de cette mobilisation malgré les menaces et intimidations par le régime rétrograde RPT/UNIR/UFC.
Après avoir dénoncé les circonstances ridicules et rocambolesques dans lesquelles Me Raphaël Kpandé-Adjarè et lui-même avaient été placés en garde à vue à la gendarmerie, Me Jil-Benoît Afangbédji a rappelé cette phrase du Père de la Nation, Sylvanus Kwami Olympio, lors de la proclamation de l’indépendance du Togo : « Sentinelle que dis-tu de la nuit? La nuit est longue mais le jour vient ». Me Jil-Benoît Afangbédji a commenté cette phrase en affirmant que le jour viendra où les brimades infligées au peuple togolais prendront fin. Il a, pour terminer rappelé les 12 questions, relatives à l’incendie du Grand marché de Lomé, que se pose le CST
Dans un discours sans complaisance, Me Raphaël Kpandé-Adjarè a interpellé la Communauté internationale et l’a invitée à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple togolais. « Je voudrais maintenant dire à la Communauté internationale que dans un pays où on peut vous garder sans vous dire ce que l’on vous reproche, c’est un pays dangereux. Dans un pays où on interdit aux avocats de voir leurs clients, c’est un pays dangereux. Et c’est significatif ce que je dis. (…). Je voudrais dire aux missions diplomatiques qui sont dans notre pays, et qui ont fait, à travers la voix de Monsieur Patrick Spirlet, un discours complaisant, irréaliste, à la limite provocateur, affirmant que le Togo a connu une avancée considérable en matière des droits humains au Togo en 2012, ont fait insulte à l’intelligence des togolais.. Je voudrais leur dire que dans un pays où on peut lever l’immunité parlementaire d’un ancien Président de l’Assemblée nationale comme cela l’a été la dernière fois concernant le Président d’OBUTS, dans ce pays-là, tout le peuple est en danger ».
Quant au Commandant Olivier Amah Poko, il a lancé un appel aux responsables des forces de l’ordre et de sécurité, leur rappelant que les grenades lacrymogènes sont destinées uniquement à la dispersion des foules et qu’elle ne doivent en aucun cas viser les individus et les habitations. « Cela est inadmissible et ne répond pas aux normes », s’est-il indigné. S’adressant aux responsables du Service de Renseignement et d’Investigation (SRI), le Commandant a affirmé que le régime RPT a transformé ce service en « police politique » tout comme la « Gestapo en Allemagne, au temps d’Adolphe Hitler ».
Tour à tour, Madame Dovi Amouzou, Me Isabelle Manavi Améganvi , Abass Kaboua et Zeus Ata Messan Ajavon ont dénoncé le régime autocrate du Togo avec ces violations quotidiennes de la Constitution, des Droits de l’homme et des lois de la République. Rappelant les circonstances inadmissibles dans lesquelles Suzanne Nukafu, Gérard Dja et Agbéyomé Kodjo ont été arrêtés, ils ont tous déclaré être prêts à tout moment pour rejoindre les geôles de la dictature RPT/UNIR.
Prenant la parole pour clore ce long meeting, le leader de l’ANC, Jean-Pierre Fabre, a rappelé les nombreux incendies criminels qui ont marqué la dictature RPT /Gnassingbé:
- L’incendie de l’ancienne Assemblée nationale lors des obsèques de Dr Marc Atidépé, assassiné à Soudou.
- L’incendie meurtrier du véhicule du député (CAR) Gaston Edeh en 1994
- L’incendie, le 21 juin 1998, du siège de l’UFC
- L’incendie de l’Institut Goethe en 2005
- La tentative de bruler vif, Jean-Pierre Fabre à Kambolé,
- L’incendie du tribunal de Lomé
- L’incendie du CENETI
- Ect..
« Nous les connaissons et ils le savent bien. Ce sont eux qui sont les spécialistes des incendies ». A-t-il poursuivi.
Pour terminer, Jean-Pierre Fabre a invité les populations à prendre massivement part, le vendredi 25 janvier prochain, à la commémoration du 20e anniversaire des évènements douloureux du 25 janvier 1993. Il les a exhorté à la détermination et à la mobilisation permanente .