La répression de ces dernières semaines n’a en rien entamé la détermination des militants et sympathisants de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), du Front Républicain pour l’Alternance (FRAC) et du Collectif « Sauvons le Togo » (CST).
Samedi matin, comme aux temps forts des marches hebdomadaires du FRAC, les rues de Lomé ont connu une montée de fièvre militante.
Tout s’est (presque) bien passé, puisque les autorités togolaises n’ont de cesse de chercher à perturber, lorsqu’elles n’interdisent pas, les manifestations de l’opposition. En effet, sans la sagesse des organisateurs qui ont compris que leur intérêt est de réussir à braver les tracasseries administratives et policières en conduisant la marche à son point de chute. Les autorités policières ont érigé un cordon de sécurité pour dévier la marche de l’itinéraire initial incluant le passage à proximité du grand marché d’Adawlato.
Sous un ciel clément, la foule s’est dirigée vers la plage de Lomé en scandant des slogans réclamant le changement et la fin de l’impunité.
En effet, le thème principal de la semaine à venir est la fin de l’impunité au Togo, la semaine du 23 au 29 juillet étant la commémoration du 20ème anniversaire de l’attentat contre Tavio Amorin, membre du Haut Conseil de la République (HCR), parlement de Transition issu de la Conférence Nationale Souveraine et Premier secrétaire du Parti Socialiste Panafricain (PSP). Tavio était tombé dans une embuscade tendue par deux agents de la Police togolaise qui ont oublié sur les lieux de leur forfait les armes ainsi que leurs cartes professionnelles.
Tavio décèdera à Paris le 29 juillet 1992. A ce jour, aucune action n’a été entreprise par l’Etat contre les auteurs de ce lâche attentat.
Dans son intervention, le Coordonnateur du CST, Me Zeus Ata Messan Ajavon, a évoqué, pour la dénoncer, la culture de la violence en vigueur dans notre pays. Puis il a vivement condamné le refus de certains militaires d’obéir aux instructions du Premier ministre démissionnaire, Gilbert Houngbo, qui avait ordonné la remise en liberté des cinquante trois jeunes arrêtés lors des manifestations des 12 et 13 juin 2012 et détenus à la prison civile de Lomé.
Parlant de la nomination de Ahuméy-Zunu, Zeus Ajajavon a déclaré que cela relève des mauvaises pratiques du RPT. Comment peut-on nommer un Premier ministre en cette période de crise sans que cela ne soit l’aboutissement du nécessaire dialogue que les bonnes volontés appellent de leurs vœux? N’attendant rien de bon de cette nomination, il a déclaré “la population regarde et observe ce que seront les actes de ce Premier ministre“.
Suivra le groupe des artistes réunis dans un collectif dénommé “Y en a marre” à l’instar de leurs collègues sénégalais, du mouvement M23, qui a été le fer de lance de la lutte contre le troisième mandat d’Abdoulaye Wade. Créé le 19 juillet 2012 à Lomé, ce nouveau regroupement est venu se présenter à la foule des militants et sympathisants en faisant le serment d’être dans la lutte et de la poursuivre s’il advenait que le CST renonçât au combat pour le changement.
Eric Dupuy, Secrétaire National à la Communication de l’ANC, donnera, pour sa part, lecture du communiqué du parti, suite à la publication du rapport d’enquête du ministre de la Sécurité après l’agression des éléments des forces de l’ordre qui ont attaqué le domicile de Jean-Pierre Fabre, Président de l’ANC, le samedi 14 juillet 2012. Le communiqué a dénoncé cette constante de la police togolaise qui consiste à violer les domiciles des leaders de l’opposition, à envoyer dans la foule des manifestants, par tirs tendus des gaz lacrymogènes, des grenades à fragmentation et des balles en caoutchouc ; toutes choses qui sont à l’opposé des méthodes de maintien d’ordre autorisées. Le gouvernement cherche à faire porter la responsabilité de l’agression du 14 juillet 2012 à quatre lampistes auxquels le pouvoir promet des sanctions disciplinaires. L’ANC dénonce et condamne ces pratiques destinées à exempter la hiérarchie et les autorités politiques de leurs responsabilités dans cette dérive des éléments de l’Etat utilisés tels des miliciens.
Prendront la parole tour à tour M. Pedro Amouzou du Collectif et M. Jean Eklou, Président de la Jeunesse de l’ANC.
L’intervention de M. Amouzou a porté sur les abus de pouvoir de la HAAC qui est devenue le bourreau des media. Il a déclaré que la population ne se fera plus surprendre comme elle l’a été lors de la fermeture de Radio X solaire. Aujourd’hui, c’est le journal Nouvelle qui est suspendu pour des motifs qui ne font pas honneur à une institution de l’Etat telle que la HAAC, alors que radio Légende fait l’objet de menace de censure de ses émissions interactives.
Pour sa part, M. Jean Eklou a demandé à la jeunesse de rester vigilante et éveillée pour poursuivre la mobilisation derrière la direction du Collectif Sauvons le Togo. Il a renouvelé le soutien du Collectif aux jeunes blessés lors des dernières manifestations au moment où, selon lui, certaines esprits pervers cherchent à faire croire aux jeunes qu’ils sont les oubliés de la lutte.
Le Dr Kampatibe, intervenant au nom de l’ADDI, a exhorté la jeunesse à reprendre dès à présent le flambeau de la lutte pour le changement. En s’excusant de ne pouvoir s’exprimer en mina qu’il confessera ne pas bien maîtriser sous les vivats du peuple de la plage. Il a annoncé que la population de Dapaong était en train de manifester au même moment que les militants de Lomé.
Lutte contre l’impunité, lutte pour le changement, ces thèmes ont marqué toues les interventions.
Dans un bref discours, le président de l’OBUTS, Agbéyomé Messan Kodjo, ancien Premier ministre, a rappelé le temps où il prenait part aux meetings organisés par le FRAC à la plage avant de pronostiquer la fin prochaine du régime RPT-UNIR sous un tonnerre d’applaudissements.
Clôturant la série des interventions du jour, M. Jean-Pierre Fabre, Président de l’ANC, a remercié la population pour sa mobilisation en lui rappelant la journée historique du 12 juin 2012 qui a fait peur au pouvoir. Il n’est pas possible d’aller négocier avec un pouvoir qui n’a de respect pour personne sans la mobilisation des populations. Il est longuement revenu sur l’agression du 14 juillet qui a mis en émoi tout le quartier de Kodjoviakopé. Il a déploré le comportement des éléments des forces de l’ordre qui violent les domiciles des citoyens, font un usage immodéré des grenades à fragmentation qui font des dégâts sur les populations visées.
Jean-Pierre Fabre a remercié les journalistes pour leur professionnalisme et leur réactivité dans le traitement de l’information. C’est grâce à eux que, très rapidement, le monde entier a pris connaissance de ce qui s’est passé dans la journée du 14 juillet 2012 à Lomé, prenant de vitesse les mensonges du régime RPT.
La journée du 21 juillet 2012 peut être considérée comme un test réussi après toutes les tentatives de rassemblement et de mobilisation qui se sont heurtées à la brutalité des gendarmes et policiers, en violation flagrante des dispositions constitutionnelles et légales en vigueur au Togo.
Prochain test, dimanche 22 juillet 2012. Le Collectif tient à organiser des manifestations sans entrave, conformément aux lois togolaises.