Situation inconfortable des ex-députés RPT désormais non inscrits au Parlement
De la nécessité pour Faure de solder l’antécédent des députés ANC pour éviter la jurisprudence
La dissolution du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) est un acte majeur aux conséquences insoupçonnables. Pendant que Gnassingbé Faure tient à se débarrasser du manteau du RPT pour continuer de bien piller le pays, il ignorait royalement qu’il mettrait en difficulté les députés du parti à l’Assemblée Nationale. Quelles que soient les contorsions métaphysico-juridico-politiques, les 50 désormais ex-députés RPT jusqu’à preuve du contraire, deviennent des non inscrits au parlement. Un fait inimaginable sous peu.
Abass Bonfoh, Dramani et consorts sans voix au Parlement
Malgré la langue de bois qu’ils pratiquent, les faucons et députés du RPT regrettent désespérément le coup fatal assené par l’enfant de leur ancien chef à Blitta. Il faut l’avouer, Gnassingbé Faure a dribblé ses frères, sœurs et barons du régime lors du congrès de Blitta. Pour un congrès de refondation, on se retrouve finalement pour les obsèques du parti.
Quel avenir politique pour les députés RPT ? Voilà la question qui fâche. « Comment tu peux me poser cette question sur mon avenir politique ? Je suis député et reste député du peuple. » a annoncé Drama Dramani, Président du Groupe Parlementaire RPT au sortir de la messe de requiem du parti à Blitta. Et à Esso Solitoki, Secrétaire Général du défunt RPT d’ajouter : « le fait pour un parti de ne plus exister ne supprime pas le mandat du député, ils sont les élus de la Nation, ils demeurent à leur poste. Pour l’instant, ils sont non inscrits » Des hauts perchés qui sont obligés de se faire petits. Aujourd’hui Dramani, Bonfoh et consorts sont rattrapés par leur passé.
Si on convient avec M. Solitoki que la disparition d’un parti ne supprime pas le mandat d’un député, en quoi le fait pour un député de quitter un parti supprime son mandat ? Or, c’est ce qui s’est passé avec les neufs (09) députés ANC exclus par Abass Bonfoh. Esso Solitoki continue en affirmant que « leurs députés vont s’organiser pour rejoindre un groupe par affinité et pour lui trouver un nom ». Ce qui est tout à fait normal. Pourtant le pouvoir du RPT s’en était rigoureusement opposé dans la situation des députés ANC qui ont quitté l’UFC. Jean-Paul Sartre n’a pas raison dans ce cas : l’enfer ce n’est pas forcément les autres. Abass Bonfoh dans son zèle déconcertant avait poussé les députés apparentés ANC jusqu’à leur dernier retranchement. Après avoir exclu neuf (9) des vingt (20), le controversé Bonfoh, a exigé des autres députés non exclus de prendre l’étiquette des non inscrits. Depuis lors, ces députés sont privés de parole au Parlement.
Aujourd’hui, c’est le tour d’Abass Bonfoh, fut-il président ne devrait plus prendre la parole tout comme ses compagnons d’infortune au Parlement. Si l’on reste dans les fourberies qu’on a fait subir aux députés ANC, le bureau de l’Assemblée Nationale devient caduc. Le pouvoir trouvera à coup sûr des artifices pour trouver un nom à ces députés mais le monde entier découvrira la face ambivalente et despotique de Faure et ses ouailles.
L’erreur est humaine. Pour éviter de ternir davantage l’image du nouveau parti en gestation et la jurisprudence ANC, il revient à Faure Gnassingbé de faire profil bas. Faure doit saisir la perche tendue par l’avocat des députés ANC Me Zeus Ajavon à travers la correspondance à lui adressée, pour ordonner la réintégration des députés exclus. Bien plus, il doit laisser libre cour aux députés ANC de se constituer par affinité comme le dit si bien Solitoki dans le cadre des ex-députés RPT. Toute autre solution montrera davantage la duplicité, la malhonnêteté, la mesquinerie et la méchanceté dévastatrice du pouvoir de Faure Gnassingbé.
Kokou AGBEMEBIO
Le Correcteur N° 338 du 23 avril 2012