Crime, tyrannie, cruauté d’un régime bourreau de son peuple
Etienne Yakanou de l’ANC tué en prison dans les réserves d’Agoè-Nyivé
L’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara a connu un nouveau rebondissement vendredi avec la mort de Yakanou Kodjo Etienne, membre de l’ANC, Président de la Sous-section Ave-Maria et Conseiller au Bureau Fédéral du Golfe Sud-Ouest. Il ressort des circonstances du décès telles que racontées par le Collectif « Sauvons le Togo » et la coalition Arc-en-ciel que l’opposant politique a été sciemment conduit à la mort par le régime de terreur RPT-UNIR parce que privé de soins. Selon la version des faits de ces deux regroupements politiques, le regretté Etienne Yakanou gravement souffrant a demandé, maintes fois à recevoir des soins. Son épouse consciente de la dégradation sans cesse de son état de santé a amené le vendredi matin, une infirmière de la famille au lieu de détention pour lui administrer des soins mais, les gendarmes s’y sont opposés. C’est ainsi que Mme YAKANOU a informé Me Isabelle AMEGANVI qui à son tour a porté l’information à la connaissance du Procureur de la République dans la même matinée. Mais au lieu de l’évacuer vers un centre performant pour des soins intensifs, Etienne YAKANOU sera transféré à l’infirmerie du camp de la gendarmerie nationale autour de midi. Et là, le disparu a reçu selon le CST, « une perfusion dont la composition nous est inconnue, puisque les infirmiers ont refusé de répondre aux interrogations des membres de la famille sur la nature du produit. » Ce n’est donc qu’après 18 heures quand le constat a été établi que M. Yakanou poussait ses derniers soupirs que la gendarmerie a décidé de son transfert au CHU de Tokoin. «Malheureusement, il rendit l’âme au cours de son évacuation, avant même son arrivée au CHU de Tokoin », a indiqué le CST et la coalition Arc-en-ciel qui concluent à « une violation du droit à recevoir des soins médicaux ; une violation du droit de se faire examiner par le médecin de son choix ; une violation du droit des prévenus et à la non assistance à personne en danger ayant entraîné la mort ». Les deux regroupements de l’opposition élèvent donc une vive protestation contre ce qu’ils qualifient « d’acte de barbarie et exigent que les responsabilités soient clairement établies dans cet évènement tragique en vue des suites judiciaires» et exigent la libération immédiate de tous les détenus. De son côté, le Bureau National de l’ANC qui a appris avec indignation et colère, la mort en détention de YAKANOU Etienne tient la « gendarmerie nationale responsable de ce crime ». Pour le parti, la gendarmerie a « infligé à YAKANOU Etienne, des traitements inhumains et dégradants lors de son arrestation et au cours de sa détention et pour l’avoir privé des soins urgents dont il avait besoin au moment où son état de santé était désespéré ».
Le sort des autres détenus dans cette même affaire d’incendie préoccupe également le parti de Jean-Pierre Fabre. Selon lui, « la vie de toutes les autres personnes arbitrairement arrêtées et abusivement détenues dans l’affaire des incendies ne tient qu’à un fil ». On annonce ainsi que certains détenus dont Alphonse Kpogo, Apollinaire Attiley et Jean Eklou viennent d’être admises aux soins intensifs dans les urgences des hôpitaux et cliniques de Lomé. Le dernier aurait même subit une intervention chirurgicale.
Curieusement, du côté du pouvoir on tente de minimiser la mort de l’opposant Yakanou Kodjo Etienne. Dans un communiqué rendu public samedi, le procureur de la République Essolissam Poyodi a annoncé que c’est une crise cardiaque qui a mis fin à la vie du détenu.
« Le certificat de décès établi par le médecin traitant fait état d’une mort survenue par arrêt cardiaque », précise le communiqué de M. Poyodi qui souligne également que le défunt a succombé suite à « une crise de paludisme ». De l’avis des spécialistes de la santé, on ne peut pas passer aussi facilement d’une crise de paludisme à une crise cardiaque provocant la mort si le malade a reçu des soins appropriés comme le procureur tente de le faire croire. Tous concluent donc à un retard dans le traitement ou une privation de soins. Au total, les mains assassines du régime de terreur RPT/UNIR/UFC viennent à nouveau de frapper. A quand la fin des violations des droits de l’Homme et des brutalités policières au Togo ?
Orlane G.
Le Correcteur N° 433 du 13 mai 2013