On en a fait un objet de propagande inégalable. La présence du Togo au conseil de sécurité est présentée comme le fruit d’un exploit exceptionnel du fils de feu Eyadèma. Comme si le Togo était le premier pays du Sud à être élu à ce niveau de la diplomatie internationale, on en parle, on en reparle. Voilà que l’affaire de torture exercée sur des citoyens dans les locaux de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) est arrivée peindre en noir la campagne d’autocélébration. Maintenant que le gouvernement de Faure Gnassingbé et de Gilbert Fossoun Houngbo a été contraint de reconnaître la version authentique du rapport et qu’il lui faut en assumer le contenu, notamment les recommandations, on ne sait plus si la propagande publique peut avoir le courage de faire le lien entre le scandale et les succès diplomatiques de Faure Gnassingbé.
Tout le monde sait qu’on ne le fera pas, étant donné que le scandale du rapport est une véritable occasion de honte et de confusion pour le pays. On n’a même pas fini de chanter la geste du président jeune qui change tout d’une baguette magique que l’affaire du rapport est arrivée. Un pays qui est au conseil de sécurité donne l’image ou la preuve d’un Etat non fréquentable aux autres pays du monde. C’est paradoxal sans doute que cette situation spécifique donne l’occasion aux observateurs de s’étonner que le discours de charme servi aux uns et aux autres à l’Assemblée Générale des Nations Unies ou de l’Union Africaine dans la perspective du vote se révèle un pure arnaque.
On peut même se demander avec excitation ce que ferait Patricia Hawkins en apprenant que le Togo dont elle a presque dit qu’il est un exemple pour les autres pays de la sous-région. Le pays modèle est un pays de torture ! Tant pis pour les optimistes et les griots conjoncturels.
Le Correcteur N° 325 du 02 mars 2012