CONFERENCE DE PRESSE CST/ARC-EN-CIEL DU 05 AVRIL 2013
RELATIVE AU SUIVI DU RECENSEMENT ELECTORAL DANS LA ZONE 1
DECLARATION LIMINAIRE
Démarré le 15 mars 2013, le recensement électoral a officiellement pris fin le 31 mars dernier, dans les 19 préfectures de la zone 1, après une prolongation d’une semaine. Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » et la Coalition ARC-EN-CIEL remercient les vaillantes populations des villes et villages de ces préfectures qui, répondant à leur appel, se sont fait inscrire sur les listes électorales, en dépit de nombreux dysfonctionnements dans les centres de recensement et des tentatives de démobilisation du pouvoir en place, par les campagnes de désinformation orchestrées, sur la prétendue non participation des partis d’opposition aux prochaines consultations électorales.
Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » et la Coalition ARC-EN-CIEL, félicitent les responsables locaux des partis membres et toutes les personnes de bonne volonté qui se sont mobilisés, pour former les comités de vigilance, au niveau des cantons, villages, quartiers de ville.
Hormis les informations relatives aux dysfonctionnements techniques, les informations centralisées à ce jour, pour chacune des 19 préfectures de la zone 1, font état de nombreuses manœuvres frauduleuses et des cas de fraudes avérées, dont il convient de vous exposer les plus patents.
- § Cas de recensement de mineurs
Des personnalités politiques proches d’UNIR et les responsables locaux de cette formation politique, ont planifié et exécuté l’inscription massive de mineurs, à qui des cartes de membres ont été préalablement établies avec de fausses dates de naissance et qui ont servi de justificatif à leur recensement.
En effet, les informations qui nous sont parvenues font état de l’inscription massive de jeunes de 15 ans et même moins, sur les listes électorales, avec l’aide des membres des comités listes et cartes (CLC), peu scrupuleux. Ces mineurs ont été, pour la plupart des cas, dirigés vers des centres de recensement spécifiques où ils y ont été enrôlés.
C’est ainsi que, plusieurs centres de recensement dans les localités des 19 préfectures de la zone 1, notamment, le canton de Kadjalla (préfecture de Doufelgou), le canton de Gando et dans la ville de Mango (préfecture de l’Oti), ont servi pendant plusieurs jours au recensement de mineurs.
A Warkambou (préfecture de Tône), le chef canton a tenté de faire enrôler des mineurs. Il a dû y sursoir, sous la pression des jeunes du village, qui lui ont vivement exprimé leur désaccord. Dans d’autres localités de la préfecture de Tône, un nombre considérable de jeunes mineurs ont été recensés dans les deux Centres de Recensement et de Vote (CRV) de Dalagou (canton de Kourientre) et de Kpatote (canton de Poissongui). En outre, plusieurs électeurs se sont fait recenser une deuxième fois dans le village de Kpatote après l’avoir fait dans le village de Dalagou.
- § Cas de recensement d’étrangers
Le même procédé de fraude basé sur l’inscription, à l’aide de cartes de militants UNIR, fut utilisé pour la plupart des cas d’enrôlement d’étrangers originaires non seulement des pays frontaliers au Togo, mais aussi, des Maliens, des Nigériens et Nigérians installés dans plusieurs préfectures de la zone 1.
D’autres cas d’enrôlement d’étrangers ont été signalés dans les centres de recensement des villages frontaliers difficiles d’accès, notamment, le long de la frontière ouest avec le Ghana à Sanmokmoni (préfecture de Cinkassé) où des ghanéens ont été transportés à moto pour se faire recenser.
On note les mêmes cas de fraude dans les cantons de Bago, Kri-kri, Kaboli, Liring (préfecture de Tchamba) ; dans les cantons de Pagouda et de Sola (préfecture de la Binah) ; dans les cantons de Kamina et de Morétan (Est-Mono), pour ne citer que ceux-là.
Par ailleurs, dans les localités de Warkamou frontalière du Ghana (préfecture de Tône), Nawaré (préfecture de Bassar), Kpankpandé et Kloukpon (préfecture de Dankpen), Boko (préfecture de l’Ogou), il nous a été signalé, l’enrôlement de peuls nomades.
- § Principaux résultats atypiques observés
Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » et la Coaliton Arc-en-Ciel, ont pu centraliser à ce jour, les statistiques relatives au nombre d’inscrits couvrant près de 80% des centres de recensement de la zone1. L’analyse des nombres d’inscrits relevés par centre de recensement confirme, les cas d’enregistrement de mineurs et d’étrangers, dans la majorité des localités cités ci-haut.
En effet, dans la préfecture de Tchamba, il a été enregistré près de 60 800 inscrits en 2013 contre 68 400 pour la présidentielle de 2010 soit, un taux global de 88,83% par rapport aux personnes recensées en 2010.
En moins de trois ans, avec un taux d’accroissement annuel moyen de 2,84%, l’accroissement de la population globale de la population de la préfecture de Tchamba ne peut donc excéder 7%. De même, l’accroissement du nombre d’inscrits en 2013, à l’échelle des cantons et villages, ne devrait pas excéder ce taux de 7%.
Or, il nous a été donné de constater que, 22 centres de recensement affichent un taux de plus 107% de personnes enregistrées par rapport à 2010, avec des taux d’enregistrement allant de 150% à 996% dans 7 centres situés dans la zone rurale de cette préfecture, notamment dans les cantons de Bago, Kri-Kri, Tchamba, Alibi 1 et Balanka.
A l’opposé, près d’une trentaine de centres de cette préfecture, affichent moins de 80% de taux d’inscrits par rapport à 2010 dont 7 centres à moins de 50%. En l’absence de déplacements et de relocalisations de populations, ces écarts traduisent, d’une part, d’importantes inscriptions de mineurs ou/et d’étrangers dans les zones favorables au pouvoir en place et d’autre part, des entraves à l’inscription des populations des localités jugées proches de l’opposition.
De tels résultats atypiques sont légions dans plusieurs centaines de centres de recensement, des autres préfectures de la zone 1
Par ailleurs, en dehors des irrégularités sus-citées, il faut relever la disparition de kits et le non recensement des populations dans plusieurs villages des régions de la Kara.
Afin d’édifier l’opinion publique nationale et internationale sur l’ampleur de ces irrégularités, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » et la Coalition ARC-EN- CIEL, rendront public, dans les tout prochains jours, un mémorandum relatif au suivi du recensement dans les 19 préfectures, sur notamment les insuffisances opérationnelles, les manœuvres frauduleuses et autres irrégularités observées. Par ce mémorandum, il sera également demandé à la CENI, au gouvernement d’apporter, à l’ensemble des acteurs politiques et au peuple togolais, des clarifications sur les résultats atypiques observés dans plusieurs localités.
C’est pourquoi, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » et la Coalition ARC-EN-CIEL réitèrent leur exigence relative à la nécessité d’un audit des opérations de recensement dans la zone 1, par une institution indépendante compétente en matière électorale, avant la poursuite de la deuxième phase.
Enfin, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » et la Coalition ARC-EN- CIEL interpellent solennellement, les instances de la CEDEAO, de l’Organisation des Nations Unis, de l’Union Européenne, ainsi que le corps diplomatique accrédité au Togo, pour qu’ils usent de tous leurs moyens d’action vis-à-vis du pouvoir en place, en vue de faciliter une sortie de crise pacifique au Togo, afin de préserver au togolais, une nouvelle tragédie postélectorale.
Peuple togolais, par ta foi, ton courage et tes sacrifices, la Nation togolaise doit renaître !
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Fait à Lomé, le 05 avril 2013