Chronique de Kodjo Epou : A défaut du chien, on va à la chasse avec son mouton !


[7/20/2012 1:23:11 AM]

Ahoomey arthène, Premier Ministre : Couronnement d’une belle carrière d’opportuniste ! C’est un homme sans étoffe, très peu respecté, sans aucune base politique ni background professionnel solide que Faure a pu dénicher. Politiquement instable, Ahoomey-zunu fait partie de ces opposants hybrides, capables de contenir deux convictions différentes et qui, pendant qu’ils rampent dans les cuisines du RPT, se proclament opposants. Bientôt, un autre gouvernement de zombies. Est-ce avec ce « fainéant » connu aussi pour son arrogance, pour qui personne, ni au RPT ni dans l’opposition n’a la moindre considération que Faure Gnassingbé va rapprocher les positions et créer les conditions d’un climat politique apaisé favorable aux reformes que notre peuple et le monde entier lui réclament ?

Le versatile Arthène a été, au début, un proche de Maître Yawovi Agboyibor du CAR. Plus tard il atterrira à l’UTD d’Edem Kodjo, parti dont il deviendra le secrétaire général adjoint. Avec son mentor, ils formeront la CPP avant qu’il ne fasse faux bond à ses amis pour devenir, pendant ces dernières années, un défenseur chevronné du RPT. C’est à ce nomade que Faure vient de confier, à un moment où il y a besoin d’hommes de poigne et d’intégrité moral autour de lui, le fauteuil de premier ministre. Poste qu’un bâtard politique sans identité lisible comme Arthène ne pouvait jamais occupé si le Togo était un pays normal, si la main tendue du président à l’opposition suite à la démission de Gilbert Houngbo n’était pas hypocrite et fourbe.

Et comment se porte le Togo ? Quelle réponse le RPT veut que les Togolais donnent à un étranger qui leur pose cette question en apparence si simple, si anodine ? La tentation est forte de protéger les dessous de la terre natale mais plus grande est celle, en présence d’un interlocuteur étranger, d’avoir recours à des événements douloureux, des lieux communs au peuple martyr et d’affirmer que le Togo, sous l’actuel régime, ne peut pas renaître de sa vieille dictature pour se démocratiser. Qu’il lui est impossible, avec l’arrivée d’un premier ministre qui sait à peine comment fonctionne une administration, de retrouver santé, vigueur et optimisme. On ne peut pas se voiler la face et continuer d’occulter cette réalité douloureuse.

Après avoir vu ce président à l’œuvre pendant sept ans, sans qu’il soit en mesure de présenter des résultats tangibles, l’heure n’est-elle pas venue pour ceux qui le supportent de faire ce que les Américains appellent un reality check, d’établir un bilan objectif, qui ne céderait en rien à la facilité et qui permettrait de se projeter vers l’avenir ? Leur président, dispose-t-il de sa liberté de décision ou est-il une marionnette à la tête d’un système militaire qui agit par-dessus ses épaules? A-t-il au moins la faculté de tirer les leçons des événements successifs ayant secoué le Togo depuis son arrivée au pouvoir jusqu’à ces temps derniers où de gigantesques cafouillages au sommet de l’état ont mis à nu son incompétence? Faure a-t-il réussi à instaurer une unité nationale qui ne soit pas un leurre ou un faux semblant ? A promouvoir une réconciliation qui ne soit pas celle des seigneurs de la violence et des nouveaux riches autour d’un partage des prébendes mais celle du peuple autour d’un véritable projet national et démocratique ? A quoi peut être utile à Faure, dans sa situation, un premier ministre de petit calibre qui n’est, aux yeux du public, qu’un apprenti politicien qui ne finit jamais de se chercher, flottant au gré des courants et de l’argent facile?

Rien n’est moins sûr tant il est vrai que l’on voit rejaillir les vieux démons, les restes encore vifs de cendres mal éteintes des nombreux incendies criminels que le RPT a allumés dans le pays : libertés publiques qui se réduisent comme une peau de chagrin, barbouzeries en tout genre, amnésie collective, résurgence de la corruption devenue désormais un sport national, émigration massive de la jeunesse… Tout concourt à faire du Togo d’aujourd’hui un pays en proie au doute, aux déchirements, un pays à vau-l’eau sous un président se contentant de mener ce que Georges Clémenceau appelait « la politique du chien crevé au fil de l’eau ». De la promotion d’Arthène à la primature, il faut comprendre une chose : Faure Gnassingbé est incapable de réformer les institutions de façon démocratique et non violente. Une inaction à dessein, facilement assimilable à une mauvaise foi qui va, en revigorant la fronde du peuple contre son pouvoir, envenimer le climat politique qui s’est considérablement dégradé ces dernières semaines.
La nomination d’Ahoomey-Zunu Arthène au poste de Premier Ministre est, tout au plus, un fait divers qu’on pouvait passer sous silence. Mais comme cette énième « bêtise présidentielle » est de nature à plonger davantage le pays dans les incertitudes, il importe que les démocrates réunis au sein du CST et leurs alliés du FRAC, la Diaspora combattante, les journalistes engagés, les leaders religieux, les femmes, les étudiants et les jeunes des quartiers, tous ceux qui militent pour les libertés civiques et politiques restent à l’honneur, à l’avant-poste, fortement mobilisés, pour défaire un système monstrueux dans lequel plus personne ne se retrouve.

Projet utopique ? Certainement pas ! L’aviateur et industriel Pierre Latécoère, qui souhaitait construire une ligne aérienne reliant Paris et Dakar, avec prolongation jusqu’au Brésil, réunit un jour ses collaborateurs et leur tint le discours suivant : « J’ai refais tous les calculs : notre projet est irréalisable. Il ne nous reste plus qu’une seule chose à faire : le réaliser. » Seul cet état d’esprit, fait de pessimisme actif et d’une bonne dose d’utopie peut aujourd’hui permettre aux Togolais de ne pas sombrer

Kodjo Epou

Washington DC

USA

Source :www.icilome.com