Bonne gouvernance vue de travers au Togo

Bonne gouvernance vue de travers au Togo

Gilbert HOUNGBO : Dossiers pourris d’un technocrate frelaté.

L’application de la bonne gouvernance telle que définie par les institutions de Bretton- Woods et les experts en gouvernance devrait commencer par les premiers dirigeants d’un Etat. Mais il se trouve que la corruption dans sa forme la plus complète a installé son nid dans les comportements de ces dirigeants qui ne sont plus des exemples à suivre en matière de lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics. Pire, cette réalité est choquante lorsqu’il s’agit de personnes considérées comme venues d’une institution internationale et qui devraient refléter la transparence dans la gestion des biens de l’Etat.  Gilbert Fossoun Houngbo s’illustre assez négativement dans la gestion des biens publics depuis qu’il a pris la tête de la primature au Togo. Appelé à redresser une gouvernance jugée chaotique, l’homme d’Agbandi se plait aujourd’hui dans la corruption, le népotisme, le vol et les malversations diverses. Voici le parcours déshonorant d’un technocrate « frelaté» qui rassemble à lui seul toutes les formes de corruption… Enquête.

En juin 1981, une affaire de tricherie a éclaté à l’Ecole Supérieure des Techniques Economique et de gestion (ESTEG) qui est devenue la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Lomé (FASEG). Au centre de l’intrigue de cette session, un étudiant surdoué nommé Houngbo Fossoun. Il n’était pas le tricheur, mais sans doute, naïvement, le meneur de cette brouille. Fossoun qui était identifié comme un étudiant hyper intelligent avait très tôt fini de traiter son devoir et se donnait la plaisir, moyennant d’après les témoins de l’évènement, quelques pièces de voler au secours de ses camarades. C’est donc la bousculade autour de cet étudiant qui a attiré l’attention des surveillants qui ont interpellé la bande. Les sanctions s’en ont suivi, avec à la clé l’exclusion temporaire et définitif de certains membre du groupe, et plus tard une bourse qui lui permettra, à lui, d’aller poursuivre ses études à l’étranger. Ce sont les premières bases de la corruption sous laquelle ploie aujourd’hui le Premier Ministre togolais. Revenu et nanti d’un diplôme en comptabilité, Gilbert Houngbo sera embauché au sein de la société togolaise du coton (SOTOCO) une société d’Etat qui connaissait des moments de la vache grasse. Très vite, une autre affaire de corruption éclatera à Atakpamé où Gilbert assurait la fonction d’un chef de division. Ses anciens collègues ne l’ont pas impliqué dans ce dossier, mais ses détracteurs pensent que c’est après avoir aider à couler la Direction de la société de coton à Atakpamé avant de prendre à nouveau la poudre d’escampette pour le CANADA où il réussira à rentrer dans l système des Nations Unies pour être le secrétaire Général des Nations Unies chargé de l’Afrique. Issu de pauvres parents béninois installés depuis trois générations à Agbandi, localité situé à environ 250 km de Lomé, Gilbert Hougbo, contrairement à son allure innocente et son regard candide est la pire forme de l’hypocrisie. C’est selon ceux qui le connaissent bien, le véritable loup habillé de peau d’agneau et qui sait inventer des artifices techniques et rusés pour mener son interlocuteur en bateau. Et pour ceux qui connaissent bien la fonction de comptable, il n’est rien de perdu et de gaspillé en argent. Tous les reflexes d’un comptables penchent vers des espèces sonnantes t trébuchantes, c’est pourquoi, à sa nomination, les personnes avisées se sont posées des questions. Celles personnes ne seront pas étonnées en découvrant les dossiers pourris de cet expert « pnudien ». Elles se raviseront que Gilbert Houngbo est capable d’opérer comme il le fait aujourd’hui dan ‘exigences des commissions illégales, dans l’attribution gré à gré des marchés publics, dans des complicités rocambolesques pour piller l’Etat togolais et ses ressources. C’est ce qui aura permis au technocrate de se tailler un grand château dans son village, des immeubles dans plusieurs quartiers de Lomé et des actions détournées dans plusieurs sociétés. Dans les BTP (bâtiments et travaux publics) il est passé maître en malversations.

Le savon lave, mais l’argent rend propre, ce dicton ivoirien convient bien à Gilbert Houngbo qui de plus en plus se retrouve avec la peau de visage,  totalement rajeunie par des soins spéciaux qui virent de plus en plus à la dépigmentation. Respectueux, toujours attentif face à son interlocuteur, dos légèrement vouté, yeux scintillant d’intelligence, mais aussi de malice, Gilbert Houngbo est arrivé comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il aura tout détruit, si on y prend garde. Le technocrate a perdu les reflexes du PNUD

Quand le loup est entré dans la bergerie

Quelques semaines seulement après sa nomination, les discussions autour de la formation d’un nouveau gouvernement ont autorisé le nouveau locataire de la Primature à introduire certaines de ses connaissances jugées compétentes dans la relance du pouvoir politique et économique togolais qui était chancelant. Gilbert Houngbo n’a pas cherché loin que son ex,… qu’il a aidé à rentrer dans le système des Nations-Unies. Victoire Dogbé Tomégah. Elle devait servir la cause du développement à la base, un concept  académique de développement qui ne devrait pas être une nouveauté dans le langage du quotidien togolais. Très tôt, celle-ci aura réussi, charme et conquête obligent, à gravir les échelons pour se mettre au sommet et partager la présidence avec la chef de l’Etat avec une super qualité de Directrice de Cabinet et ministre de plusieurs département à la fois. La presse togolaise a longtemps critiqué ce cumul de fonctions et en même temps  la légèreté avec laquelle les deux départements sont financièrement gérés ; cortège de détournements et de malversations. Sans commentaires, c’est la norme au Togo. Bouche bée devant une promiscuité suspecte  de dame Victoire  avec le chef de l’Etat, Gilbert Houngbo se contentera de piocher dans le gouvernement une nouvelle compagne, dame elle-même maîtresse du président, que le scandale des couloirs d’un voyage à Tripoli en territoire libyen écourtera. Bref, ce sont les secrets du pouvoir.

Le Gouvernement sera donc formé et le nouveau Premier Ministre s’attèlera à la tâche. Au début, elle semblait marcher sur des ails, avec des séminaires gouvernementaux par ci, des voyages par là qui à ce jour n’ont rien apporté.

Dans un pays normal, trois ans après sa prise de fonction, Gilbert Houngbo aura déjà démissionné  pour résultats insuffisants.

La première randonnée, qui est en fait une promenade de santé est celle de Bruxelles, où s’est tenue une table ronde entre le Togo et les bailleurs de fonds.

A la sortie de cette rencontre qui avait été soutenue par un tapage médiatique sans précédent, les autorités togolaises ont annoncé la mobilisation de 600 milliards de nos francs. A ce jour, l’on n’est pas en mesure de justifier les résultats des fonds engagés pour cette table ronde qui est en fait un échec cuisant. Se poursuivront des périples à travers le monde, à Paris, en Inde, en Israël, en Belgique, à Luxembourg et dans plusieurs autres pays européens. Fiasco sur toute la ligne. C’est le budget de l’Etat qui souffre de ces voyages hasardeux et infructueux.

Pire, et récemment, en Allemagne, une journée économique n’a pas permis de signer une seule convention qui devrait permettre l’installation, ne serait-ce, d’une, petite unité allemande au Togo. A cette allure, le Premier ministre dont les sorties se font de plus en plus rares devrait se raviser qu’il n’est pas à la hauteur  de la tâche, celle qui devrait lui permettre de sortir le Togo de son état de léthargie. Au contraire, il reste complice dans cette méthode assez cavalière de gestion en s’y plaisant sans complexe.

La corruption dans les travaux publics

Lorsque vous entendez parler des entreprises CECO BTP ou encore Yamen et d’autres petites entreprises de travaux publics au Togo, n’hésitez point, allez y trouver la main et les intérêts du Premier ministre togolais derrière. Au début, venant du PNUD, beaucoup avaient cru en sa sincérité et ne considéraient pas les allégations qui mettaient en cause son honnêteté.

Mais, depuis que nous avons réussi à mettre la main sur des décharges en commissions légales et illégales et sur des poursuites engagées par Houngbo contre des sociétés qui n’ont, pas honoré leur engagement de  versement de commissions sur les marchés attribués, nous avons compris que la corruption règne en cet homme.

Dans la construction du petit tronçon entre le carrefour Deckon et la colombe de la Paix, Gilbert Houngbo a réussi à tirer son épingle du jeu en attribuant le marché à cette société béninoise et en tirant les commissions. La même farce, il l’a organisé avec la même société dans la construction d’une partie de la route  qui relie Kpalimé à Atakpamé. Une commission d’avance aurait été versée au PM avant le démarrage des travaux qui ont pris un temps fou, l’Etat togolais n’ayant pas réussi à honorer ses engagements financiers avec la société à qui Gilbert Houngbo avait réussi à confier ce marché de près de 8 milliards sans appel d’offres. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

L’entreprise CECO BTP appartient à Monsieur Amouzou, ancien prêtre et directeur de collège Chaminade à Atakpamé. Il a réussi à avoir la bénédiction de Gilbert Houngbo dans les  consultations d’attribution de marchés de construction. Dans leur deal, au lieu de verser une commission sur les marchés qu’on lui aura confiés, il se chargera d’ériger des immeubles avec une partie des matériaux et des fonds  alloués pour les travaux. Pour ce faire, la Primature organise des consultations restreintes avec l’expertise maffieuse du conseiller en infrastructure, cousin du premier ministre, le sieur Amey, en violation de la loi sur l’attribution des marchés. Dans les savanes l’entreprise proche du PM, CECO a eu le marché de 3 milliards. Dans la région centrale, 2,5 milliards.

Curieusement, c’est cette entreprise CECO qui a érigé le château du village d’Agbandi appartenant au Premier Ministre Togolais. Une bâtisse étalée sur 10 hectares et qui a coûté près d’un milliards de francs CFA. Dans un pays normal, un homme nommé à la tête d’une Primature devrait faire l’état de ses biens et de ses comptes avant prise de fonction. La salaire actuel du Premier ministre ne lui permet pas d’ériger en moins de trois ans un château de cette taille en plus d’une dizaine de villas et maisons à étages éparpillées dans la capitale ; a moins qu’il soit démontré que Gilbert Houngbo opère dans un autre trafic, plus rentable que celui de la corruption qu’il mène avec dextérité et perspicacité.

C’est ainsi que la manœuvre de la primature à confier des marchés aux proches a mis en déroute la plupart des entreprises BTP qui ne sont pas moins compétitives que CECO, Yamen et consorts.

Cela a déclenché une situation de malversations dans les milieux de BTP où tous les fonctionnaires des travaux publics créent comme le PM et son entourage de petites entreprises pour s’arracher les petits marchés.

La construction de la route de Todman a été confiée à la fameuse entreprise CECO, histoire encore une fois d’obtenir des commissions.

Ayant totalement végété dans les malversations, le Premier Ministre s’apprête encore à confier la réhabilitation d’un tronçon, celle qui quitte  le carrefour GTA pour Agbalépedo. Le montant est colossal : 10 milliards de francs CFA et c’est l’entreprise CECO qui est encore favorite dans une consultation restreinte.

Pour l’histoire de ce tronçon, il y a lieu de se poser des questions sur son opportunité. Les projections en infrastructures au Togo prévoient au carrefour GTA un échangeur. Aujourd’hui, les normes standards de l’espace UEMOA sont très regardantes de la qualité des routes, des ponts et chaussées. Or, s’il est prévu un échangeur sur ce tronçon, il est inutile de bricole un bitumage de cette voie à l’heure actuelle puisqu’à côté du prochain échangeur, devraient se construire des routes de qualité respectant le standing international. Les 10 milliards que la Primature compte négocier pour le compte de l’entreprise CECO dans la construction de ce tronçon ne serviront finalement qu’à renflouer les comptes d’un Premier Ministre et de ses proches corrompus jusqu’à la vessie.

Lorsque vous voyez Gilbert Houngbo sourire aux côté de Faure suivant les luttes Evala, après avoir, technocrate de son état abandonné le travail pendant une semaine, comprenez  qu’il a appris la leçon qui dit que lorsque vous arrivez dans un village où tout le monde danse avec la tête, alors mettez la tête en transe.

Gilbert Houngbo a compris que pour servir le régime RPT et le pouvoir actuel, il faut plutôt s’atteler à amasser autant qu’on pourra avant de partir. Tant pis pour le peuple s’il est affamé.

La récente condamnation de l’ancien Premier Ministre Eugène Adoboli décriée par l’opinion nationale et internationale ne sera pas une surprise un jour dans le cas de Gilbert Houngbo qui réussi à voler au nez et à la barbe du peuple togolais et qui devrait passer devant les tribunaux pour détournement des fonds publics.

Gilbert Fossoun Houngbo, dans la foulée des contestations, de l’incapacité de Faure à gouverner et à prendre de l’autorité,  dans l’exhortation d’amis et de partenaires à jouer sa carte devrait être, s’il s’en était bien pris être l’homme de la situation. Mais aujourd’hui, personne n’en voudrait d’un technocrate aussi corrompu et corrosif come Gilbert Houngbo. Il joue ses dernières cartes avec le RPT et il en restera là, surtout que son audience sur le plan international est des plus basses. Le technocrate est frelaté.  Affaire à suivre.

 

Carlos KETOHOU

L’indépendant express N° 175 du 02 août2011