Après le cercle de Feu, la peine des accusés devrait être allégée.

Le verdict du procès du Coup d’Etat attendu Jeudi :

Après le cercle de Feu, la peine des accusés devrait être allégée.

 

Le procès de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat comme on s’y attendait, est le moment du grand déballage. D’une affaire d’attaque du domicile du député Kpatcha Gnassingbé avec des allures familiales, le dossier au tribunal est devenu une véritable affaire d’Etat qui interpelle, dénonce, accuse et implique jusqu’aux fonctionnaires des représentations diplomatiques. Le principal acteur, Kpatcha Gnassingbé est au centre de toutes les polémiques et de toutes les surprises, a avoué le fait de coup d’Etat avec des expressions assez sibyllines. Il est allé plus loin, en décrivant un certain nombre de réalités et en nominant des personnes pas des moindres qui prépareraient elles aussi un coup d’Etat. Finalement, c’est le cercle de feu dans lequel tout le monde risque d’être ou est coupable. Certains ont déjà répondu à la barre, d’autres sont attendus alors que le mystère sur le vrai coup demeure.

20 milliards de F CFA d’une part, et d’autre part, la condamnation conjointement et solidairement à 60 milliards de F CFA des prévenus pour dommages et intérêts, pour les préjudices matériels, financiers et économiques, ainsi que la restitution à l’Etat de tous les biens qui ont été saisis et mis sous scellés. Ce sont les peines réclamées par les avocats de la partie civile lors de l’audience de vendredi dernier. Ceci est motivé par le fait pour les avocats de l’Etat qu’il y a bel et bien un coup d’Etat qui était préparé par un tri. Kpatcha Gnassingbé, son alter ego Kouma Towbéli et par le Général Tidjani, auteur intellectuel du coup de force. Peines consacrées par l’avocat général, Missité Aworou, qui dans son réquisitoire a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre huit prévenus : Kpatcha Gnassingbé, Général Assani Tidjani, Commandant Abi Atti, Gnassingbé Essossimna dit Esso, Sassouvi Sassou, Dontéma Tchaa Kokou, Kuma Towbeli, et le Libanais Bassam El-Najjar. Le magistrat général a réclamé une peine d’emprisonnement de 12 mois (dont 2 avec sursis) pour Kassiki Esso pour port d’arme illégal. Enfin, il a demandé la relaxe pour les 23 autres prévenus dont Essolizam Gnassingbé chez qui des armes auraient été saisies. Essolizam Gnassingbé qui a été le premier à créer la surprise en effleurant l’existence d’un coup d’Etat avec des contours ambigus les uns que les autres. La plaidoirie des avocats de la défense attendue, sauf surprise, le réquisitoire de l’avocat général sera légèrement atténué, et c’aura été la fin d’une affaire qui aura duré plus de deux ; à moins que de nouveaux rebondissements viennent encore exhumer les vieux démons.

Les officiers supérieurs Massina, Titikpina, Yark, Katanga dans le coup ?

Le déroulement de ce procès a donné lieu à un véritable remue-ménage qui laissera sans doute une tache indélébile dans le fonctionnement de l’armée. Dans la foulée des complots qui s’orchestrent dans l’ombre contre de Faure Gnassingbé, plusieurs pools d’officiers supérieurs qui ne sont pas moins intéressés, autant que Kpatcha Gnasingbé par le fauteuil présidentiel. Il s’agit du Lieutenant Colonel Massina Yotroféi, le très contesté et tristement célèbre Directeur Général de l’Agence National des Renseignements (ANR).

Massina Yotroféi, sans avoir l’intention de confirmer ce qui a été révélé n’avait besoin de rien d’autre pour opérer. Le Chef de l’Etat l’ayant comblé de tous les délices du pouvoir. L’argent et la puissance. A la tête du service des renseignements et tout permis dans ses manœuvres, Massina est devenu un véritable hors la loi, piétinant toutes les institutions de la république au point d’être une menace pour le Chef de l’Etat lui-même. Lorsqu’on attrape cette tête et qu’on a les moyens, toutes les velléités sont permises pour tenter de prendre le pouvoir. Un journal Béninois l’avait évoqué dans le dossier Bertin Agba, sur la demande faite par Massina Yotroféi à Abbas Youssef de l’aider au cas où il tenterait de prendre le pouvoir. Sans doute que l’exécutif a su comment appréhender cette information.

Aujourd’hui, c’est une nouvelle piste pour Faure Gnassingbé de mieux connaître la capacité d’action réflexive de son service de renseignement. L’avenir nous en dira plus sur la véracité de cette implication, surtout que le Lt Colonel Massina n’ rien a perdre, suffisamment exposé pour les tortures qu’il inflige quotidiennement aux citoyens et étranger au sein de son royaume de l’ANR. Une mauvaise publicité pour le pouvoir togolais.

Le Général Titikpina était, il y a quelques mois le ministre de la sécurité avant d’être parachuté à la tête des forces armées togolaises. Cet officier qui a la qualité d’atteindre ses objectifs par tous les moyens est aussi capable du pire. Lorsqu’il sent qu’à la tête du Ministère, il avait acquis une superpuissance qui pouvait lui permettre d’être un super homme, volonté de puissance oblige, il pourrait être tenté par un coup, à défaut de laisser d’autres le faire avant lui. Sa comparution a permis malgré le ton assez obséquieux à l’endroit de la cour de comprendre sa part de responsabilité et sa connaissance des allégations liées au coup d’Etat.

Quant au Colonel de la gendarmerie Yark Damehane et le Colonel Katanga qui a dirigé l’opération contre le domicile de Kpatcha, il y a lieu de réfléchir et de poursuivre sans ménagement les enquêtes pour les motifs d’une intetion de coup d’Etat.

Mais ce qui est certain, beaucoup de frustration ont été constatées dans le rang des forces armées depuis l’avènement de Faure Gnassingbé. D’après nos informations, l’ethnicisme dans le corps armé a pris une proportion inquiétante et ce sont seulement les partisans de l’ethnie du Chef de l’Etat qui ont une place au soleil. Cela peut t –il conduire à la tentative de coup d’Etat, beaucoup se posent la question et penchent encore à la diversion de la part des accusés.

Et si ce n’était que de la pure diversion

Il est aussi possible que les accusations portées contre les officiers supérieurs de l’armée par les accusés soient de la pure diversion concerté pour créer de la suspicion et de la méfiance généralisées. Kpatcha Gnassingbé qui s’est senti totalement anéanti par l’histoire et parles témoignages de ses coaccusés, notamment de son frère Essolizam pourrait aussi se servir de la diversion comme menu pour distraire ou encore semer du flou. C’est pourquoi, on pourrait constater l’évocation de plusieurs officiers supérieurs de l’armée qui seraient eux-mêmes aussi en train de préparer un coup d’Etat.

Dans tous les cas, la plaidoirie menée par un collectif d’avocats parmi lesquels Me Yawovi Agboyibo a permis d’assurer la défense des prévenus. Ce qui pourrait atténuer les peines prévus par le réquisitoire de l’avocat général.

Annoncé pour jeudi prochain, Kpatcha Gnassingbé et ses codétenus connaîtront définitivement leurs sorts après avoir prouvé aux yeux du monde qu’ils étaient partie à un coup d’Etat. Les peines seront sans doute lourdes pour les uns, considérés comme le cerveau, allégées pour d’autres qui sont victimes collatérales ou innocentes.

Reste maintenant le porte de sortie honorable pour sortir la famille Gnassingbé par la petite porte, après que les héritiers aient décidé de laver le linge sale en public.

Toutes les voies sont possibles, notamment celle de la Commission Vérité Justice et réconciliation ou de la grâce présidentielle comme nous l’avions annoncé dans notre précédente parution.

Carlos KETOHOU
L’Indépendant express N° 181 du 13 septembre 2011