Menace de la Secte Boko Haram ou influence du pouvoir Togolais?
Les députés de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) répondront-ils présents à la prochaine rentrée parlementaire? C’est la question qui revient à chaque fois sur les lèvres de la plupart des Togolais qui attendent avec impatience la décision de la Cour de justice de la CEDEAO dans l’affaire d’exclusion abusive de Fabre et de huit (08) autre députés qui se réclament de l’ANC.
La décision de cette Cour annoncée pour hier 29 septembre a été reportée au dernier moment. A Abuja, capitale politique du Nigeria on évoque des raisons liées à l’insécurité provoquée par l’organisation terroriste Boko Haram. Des sources avancent que cette Cour pourra se regrouper d’ici le 11 octobre prochain dans un autre pays de la CEDEAO.
Ainsi, les députés concernés par cette affaire doivent encore patienter un peu malgré que toutes les dispositions de la loi (règlement intérieur de l’Assemblée Nationale et la constitution togolaise) interdisent le mandat impératif au Togo. Ce qui d’ailleurs est susceptible de créer une démocratie parlementaire beaucoup plus vivante. Mais contre toute attente, après le divorce à l’UFC, la Cour Constitutionnelle aidée par le controversé président de l’Assemblée Nationale Abass Bonfoh a pris une décision inique excluant certains députés ANC. Et pourtant, après le départ de l’UFC, seulement sept ( 07) députés étaient restés avec Gilchrist Olympio et les vingt autres avec le courant ANC. Entre-temps, deux autres ont cédé face aux délices du pouvoir en rejoignant Gilchrist Olympio. Il va donc de soi que le groupe ANC devrait sans coup férir se constituer. Ce n’est pas tellement le nom qui devrait compter. Le groupe pouvait s’appeler chien ou chat. Mais pour une meilleur animation de la vie parlementaire, il était normal de distinguer le chat du chien. Et c’est ce que Fabre et compagnie ont tenté de faire en donnant le nom ANC à leur groupe parlementaire. Contre toute attente, ceci a été refusé aux députés ANC qui ont le même droit que tous les députés élus le 14 octobre 2007 en violation des textes qui régissent l’Assemblée.
Le nombre de députés se réclamant de l’ANC a été ainsi réduit de 20 à 11. Pour une fois dans l’histoire du Togo, ces hommes et femmes ont voulu démonter à la face du monde que le Togo ne respecte pas les lois et que les institutions de la république sont toutes instrumentalisées. Ainsi, les neuf (09) députés ayant tenté en vain de ramener et l’Assemblée Nationale et la Cour Constitutionnelle à la raison s’en sont remis à la Cour de Justice de la CEDEAO. Quelle que soit l’issue de cette démarche, il a été démontré donc que plus jamais, les institutions togolaises dévaluées ne peuvent plus impunément avoir raison des Togolais et que ceux-ci pouvaient désormais se référer ou recourir à des organisations internationales qu’elles soient judiciaires ou politiques.
Cette Cour qui a été saisie courant février 2011 a siégé et écouté les avocats des deux parties et a décidé de prononcer le verdict le 29 septembre 2011. Mais ce report autorise à se demander si cette Cour que nous comparons au défenseur des veuves et orphelins sera à la hauteur de l’espérance que le peuple togolais et la communauté place en elle ? Où ressemblerait-elle à, l’organe politique qui est la CEDEAO et qui a laissé un douloureux souvenir aux Togolais ? Allusion faite aux massacres de 2005. En tout cas, les textes sont clairs, il n’ y a pas de mandat impératif au Togo et toute démission en blanc est nulle.
Ces deux éléments fondamentaux suffisent aux juges de la Cour de la CEDEAO pour dire le droit. Ce qui est certain, ils ne sont pas aux bottes des dirigeants du pays comme c’est le cas pour les juges togolais.
De toutes les façons, des pays sérieux en matière de respect des droits de l’homme comme le Niger, le Ghana, le Cap vert et le Nigeria sont membres de cette Cour et n’accepteront certainement pas l’arbitraire. C’est ce qui autorise à croire à cette version qui lie le rapport du verdict de la Cour de la CEDEAO à l’insécurité créée par la secte Boko Haram au Nigeria.
Olivier GLAKPE
Le Correcteur N° 288 du 30 septembre 2011