Interview de Jean-Pierre Fabre, Président National de l’ANC
Le président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) Jean-Pierre Fabre rencontré samedi 08 octobre à la marche hebdomadaire de protestations s’est prononcé sur la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO rendue la veille à Porto Novo au Bénin. C’est un président de l’ANC très heureux qui a apprécié le verdict prononcé par la Cour d’Awa Nana. Par rapport à un éventuel refus de leur réintégration au Parlement par le pouvoir, Jean-Pierre Fabre demande tout simplement à l’Etat togolais de faire face à ses engagements de la CEDEAO. Lecture :
La décision de la Cour de Justice de la CEDEAO vient de tomber. A quand le retour des députés au parlement ?
C’est avec beaucoup de satisfaction que nous avons accueilli la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO. Nous avions souhaité que la décision aille dans ce sens et nous l’avons obtenu. C’est pour deux raisons que nous avons souhaité cela. La première est de montrer à la communauté internationale qu’au Togo il y a une violation permanente des Droits de l’Homme. La deuxième est que la Cour de Justice de la CEDEAO soit connue par les Togolais et qu’ils puissent la saisir lorsque leurs droits sont violés. Aujourd’hui, nous avons apporté la preuve que les dérives des institutions togolaises peuvent être corrigées par d’autres institutions régionales ou supranationales
La décision est tombée mais le juge Aboudou Assouma estime que les décisions de la Cour Constitutionnelle sont irrévocables et inattaquables. Que répondez-vous ?
Je ne vais pas répondre à ce monsieur qui, jusqu’à présent a commis des fautes graves. Il a commis une forfaiture. Il s’est transformé dans ce dossier en conseil de l’Assemblée Nationale. Il devrait avoir honte et moi je n’ai pas à lui répondre. Je lui dis humblement qu’il ferait mieux de réviser son droit.
M. le président, au cas où il ferait blocage au retour des députés, que feriez-vous ?
Il ne peut pas faire blocage au retour à l’Assemblée Nationale des députés. En vérité, la décision de la Cour de Justice ne le concerne pas. C’est le Togo qui a lui-même signé des chartes dans lesquelles le respect des Droits de l’Homme est garanti. En conclusion M. Assouma n’a rien à faire dans cette affaire. Il ferait mieux de se taire. Il revient aux autorités togolaises de faire appliquer la décision puisque c’est à elles qu’elle est adressée et non à M. Assouma. D’ailleurs, la Cour de Justice de la CEDEAO ordonne l’application par les autorités togolaises de sa décision et non par la Cour Constitutionnelle.
A y voir de près, l’un des préalables que l’ANC a posés est rempli. Est-ce à dire que vous irez au CPDC ?
Je crois que vous avez mal compris la position de l’ANC. Bien sûr que nous avons mis dans nos préalables le règlement de l’affaire des députés. En disant cela, nous laissions au pouvoir la possibilité de régler lui-même ce problème. Mais il s’est entêté et a laissé la Cour de Justice de la CEDEAO trancher. En cela, nous n’irons pas au CPDC suite à la décision prise par la Cour de Justice de la CEDEAO.
M. le président, est-ce que la Cour de Justice de la CEDEAO vous a transmis la décision qu’elle a prise ?
Non pas encore, mais nous avons l’enregistrement sonore
Le pouvoir dit qu’il n’a pas encore reçu la notification de la décision et que c’est du mensonge que vous relayez..
Je ne veux plus répondre à des menteurs invétérés. Je les laisse dans leur illusion.
Selon vous, quelles sont les raisons qui ont sous-tendu la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO ?
La Cour de Justice de la CEDEAO n’a fait que dire le droit. Il n’est pas possible que cette Cour prenne toute autre décision que celle-là. En clair, il n’y a pas de raisons qui ont sous-tendu la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO. Elle n’a fait que dire le droit.
La Rédaction
Le Correcteur N° 291 du 10 octobre 2011