Lorsque le mardi après-midi le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales, Pascal Bodjona, remettait le récépissé tant réclamé, au directeur de la radio X-Solaire, en présence des membres de l’association SOS Journaliste en Danger, les autorités gouvernementales pensaient avoir désamorcé le mouvement de protestation qui devait avoir lieu le lendemain. Mais c’était compter sans la détermination des organisateurs de la marche pour la réouverture de la Radio X-Solaire. Si une petite bataille a été remportée avec la délivrance du récépissé, le principal mobile de la marche c’est-à-dire la réouverture de la radio, n’a pas été satisfait.
Ainsi tôt dans la matinée d’hier jeudi, ils étaient des milliers, journalistes, défenseurs des droits de l’Homme, hommes politiques et populations soucieux du respect de la liberté de presse, à avoir répondu présents et à s’être rassemblés sur l’esplanade du rond point Colombe de la Paix à l’appel à manifester de SOS Journaliste en Danger. Et pour la deuxième fois en ce mois de janvier, la capitale Lomé a connu une marche de protestation. Aux sons de la fanfare, des airs de l’artiste Agboti Yawo avec son morceau fétiche « Ablodé Gbadja), des rythmes du non moins engagé artiste Ras Ly et des slogans comme « Massina Palouki démission ! », le gigantesque cortège s’est ébranlé en direction du Palais des Congrès. Tout le boulevard du 13 janvier, de Dékon jusqu’au-delà de l’ex-LONATO, a vu la discipline dans laquelle les assoiffés de justice et du droit ont évolué. Des responsables des Organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH) au rang desquels Mes Zeus Ajavon, Raphaël Kpandé-Adjaré, Jérôme Amékoudji, Célestin Agbogan, étaient présents aux côtés des journalistes épris de justice et de droit pendant que des responsables de partis politiques dont Claude Améganvi du Parti des Travailleurs et Jean-Pierre Fabre, Président de l’ANC, fermaient la marche.
Sur l’esplanade du Palais des Congrès, le Président de SOS Journaliste en Danger, Ferdinand Ayité, a décrit les péripéties qui ont conduit le Ministre Bodjona à signer le récépissé et a fait comprendre à la foule suspendue à ses lèvres que seul un tribunal peut décider de la fermeture d’une station radio. « L’Assemblée Nationale sur l’esplanade de laquelle nous tenons cette manifestation, doit veiller à la stricte application des lois par elle votées », a-t-il martelé. Et de lancer un avertissement selon lequel si jusqu’à lundi les scellés ne sont pas enlevés sur ordre de Palouki Massina qui, au demeurant, connaît bien le droit mais veut passer outre, des actions d’envergure seront entreprises.
Le Secrétaire Général de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme Célestin Agbogan a, pour sa part, exprimé la position des ODDH par rapport à ce déni de droit qui continue d’« étendre sa natte dans le pays ». « La Constitution interdit la fermeture d’une radio sans une action en justice », a-t-il rappelé. Il a ensuite établi une étrange comparaison entre Yotroféi Massina, le patron de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) accusé de torture, et Palouki Massina, le violeur des droits des medias.
Au tour de Zeus Aziadouvo, Secrétaire Général de SOS Journaliste en Danger, de revenir sur les grandes lignes du mémorandum publié par l’association : menaces à l’endroit des journalistes, condamnations tous azimuts à de lourdes peines, mises en demeure, convocations et invectives à la HAAC, agression de journalistes et réouverture de la radio X-Solaire.
Francis Pédro, conseiller de l’association, a, de son côté, délivré une déclaration expliquant les raisons qui ont poussé au maintien de la manifestation malgré la délivrance du récépissé.
Et pour tous ceux qui n’étaient pas à cette marche, un événement a scellé la fin de la marche : la prestation de l’artiste Djokou dont la chanson constitue le générique de l’émission « essogbévo ».
Godson K.
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